L'AFRIQUE ECRITE AU FEMININ Notes de lecture |
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Il y avait belle lurette que je ne m'étais pas frotté à ce genre littéraire: la nouvelle. Ma dernière expérience remontait à Tribaliques d'Henri Lopès au lycée. Non, ma mémoire me joue des tours Jazz et vin de palme du professeur Dongala restait à ce jour ma dernière expérience, imprégnée par le ton sarcastique du grand écrivain congolais examinant un marxisme tropical mal digéré tout en s'extasiant sur un morceau de Coltrane ou de Parker ? Je ne sais plus. La plongée dans le recueil de nouvelles de Liss, toute dernière perle de la littérature congolaise, a réellement été enthousiasmante et enrichissante. Le maître mot pour apprécier est la justesse du propos. Tenez, le titre: Détonations et folie.
Quand on écrit un recueil de nouvelles sur différents témoignages des violents conflits qui ont ensanglanté la République du Congo sur une décennie, Détonations et folie sonne juste.
Détonations, déflagration, salves de mortier, bruits de bottes, explosions, rafales de pistolets mitrailleurs autant de caractéristiques d'un conflit armé qui pousse à un perpétuel exode des hommes et des femmes en quête de quiétude et fuyant la folie dévastatrice des milices... des hommes.
Dans chaque nouvelle, Liss s'incarne avec beaucoup de brio dans des personnages écrasés par ou écrasants d'autres hommes (ou femmes). Dans ces nouvelles qui plongent le lecteur dans ce douloureux épisode de l'histoire congolaise, la folie se terre dans chaque recoin de page. Le chaos ambiant autorisant la nature insondée de l'homme à s'exprimer dans ses excès les plus vils : viols, tueries, pillages.
Si le propos de la jeune auteur congolaise s'était cantonnée à cette seule description, le résultat aurait été quelque peu ennuyeux. Mais, à la violence de ces départs, de ces migrations comme à celle du retour dans un habitat pillé, à celle des barricades et de leurs libidineux miliciens en poste, Liss dresse une galerie de personnages qui loin de se complaire dans un fatalisme séculaire, luttent, affrontent leurs quotidiens en usant de tous les artifices, toutes les ruses pour survivre et aider les leurs à en faire de même. On s'attache à chacun des personnages dans la peau desquels Liss s'est discrètement immiscée. La flamme de l'espoir est allumée ainsi que celle de la mémoire de tous ces disparus ou de ces victimes silencieuses qui trouvent en Liss une très belle voix.
A découvrir et à faire découvrir !
Bonne lecture.
LaRéus Gangouéus mercredi 19 mars 2008
https://gangoueus.blogspot.com
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D'autres notes de lecture Lire les femmes et les littératures africaines [email protected] Novembre 2011 https://aflit.arts.uwa.edu.au/liss_gangoueus_08.html |
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