L'AFRIQUE ECRITE AU FEMININ Notes de lecture |
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Note de lecture de Fabienne Colas, Le Candide Littéraire, 2011
Jackie Macri partage son temps entre l'écriture et l'animation d'une compagnie théâtrale. Avec Ukumbusho, elle signe un premier roman réussi, où perce une écriture sensible, poétique et dynamique.
Au pied des volcans, bien loin de tout axe routier, un campement Batwa se prépare à la veillée. Ce soir, comme tous les soirs depuis fort longtemps, la communauté s'est réunie pour écouter l'Ancien, celui qui transmet l'ukumbusho: la mémoire, ce feu allumé aux temps passés pour éclairer le futur. Il raconte cette histoire d'enfants et de gorilles, et de l'aube qui renouvelle la vie. Cette histoire où la colère de la montagne a précipité les uns vers les autres tous ceux qui évitaient de se croiser: les hommes et les animaux, les pères blancs et les chefs noirs, les adultes et celui qui, bientôt, va devenir un homme. Dans cette confrontation, à l'ombre de la montagne qui fume, les souvenirs disséminés se rassembleront, pour dire l'histoire qui les lie tous, qui nous lie tous.
Ce texte, entre conte et roman, m'a emportée loin dans le temps et l'espace, il force le questionnement sur l'origine du monde, son évolution, sur l'utopie aussi... L'écriture fluide et poétique m'a totalement séduite, et je me suis surprise plus d'une fois devant le besoin et l'envie de lire à haute voix. Jackie est une conteuse, dans la vie comme sous la plume ! Avec beaucoup de finesse et de sagesse, elle raconte la mémoire qui se transmet, les souvenirs que l'on tait et les origines qui nous construisent.
Ukumbusho est un conte écologique et initiatique qui pourrait remettre les pendules de la planète à l'heure, rappeler que nous sommes liés les uns aux autres et que nous faisons partie du vivant.
Ce texte fort et dense est, à mon avis, excellent, et je conseille la lecture à tous les ados et adultes. C'est un texte court, qui marque longtemps. Après la lecture de ce texte, on se prend à rêver d'un monde meilleur, où les volcans qui se réveillent ne seraient pas seulement vus comme des obstacles à la circulation aérienne, mais aussi comme des acteurs d'un changement qui rapprocherait les vivants, qui redonnerait sa place à la Nature, et qui ouvrirait la voie à d'autres possibles !
Fabienne Colas 31 mai 2011
https://lecandidelitteraire.blogspot.com/
D'autres notes de lecture Lire les femmes et les littératures africaines [email protected] février 2012 https://aflit.arts.uwa.edu.au/macri_colas_11.html |
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