L'AFRIQUE ECRITE AU FEMININ Notes de lecture |
Recensions proposées dans divers blogs, sur la toile et partout où la lecture est au rendez-vous de l'écriture du monde africain |
Note de lecture de Liss Kihindou proposée sur son blog "Valets des livres", 2010.
Imya est une petite fille qui vit une enfance heureuse dans un village situé au bord de l'Ogooué, le grand fleuve qui traverse le Gabon. La vie au village est rythmée par diverses activités, les unes réservées aux femmes, les autres aux hommes. Comme les enfants sont destinés à prendre la relève, ils y sont aussi initiés. Les connaissances et expériences se transmettent ainsi de génération en génération, et l'équilibre du village est assuré par une organisation rigoureuse que chacun respecte. Il en va de la stabilité et de la paix du village. Chacun est à sa place: il y a le chef Onèro qui est à la tête du village, il y a Oma le Grand Sage qui est en quelque sorte le chef spirituel, il y a Ma-Ziza la guérisseuse qui connaît le secret des plantes aux vertus insoupçonnées et qui est aussi la sage-femme du village...
Le soir, pour se délasser des activités de la journée, on passe ensemble des moments de détente: danse au son du tam-tam par exemple. Ou bien, faisant rêver les enfants enchantés, on se retrouve autour d'Ikamba, le conteur.
Un jour, cependant, l'inspiration semble abandonner Ikamba. Son jeune public se tourne alors vers Imya qui se révèle une merveilleuse conteuse. Les enfants prennent alors de plus en plus plaisir à l'écouter mais comment Ikamba va-t-il réagir face à cette concurrence? ...
Chanter l'Afrique ancestrale: sa beauté, sa magie, ses mystères, ses croyances... telle semble être la volonté de l'auteur en proposant cette belle œuvre pour la jeunesse. Certes, cette Afrique-là n'est déjà plus qu'un souvenir, car l'exode rural, les exigences de la modernité qui se font bien souvent au détriment du respect et de la préservation de la nature, et bien d'autres maux ont détruit cette Afrique. Le grand arbre qui se dresse au milieu de village, cet okoumé majestueux, témoin de l'Histoire, pourrait raconter "la vie qui avait défilé devant lui au fil des ans." Il en sait long et "avait vu les négriers venir de loin et embarquer des esclaves". "Il avait entendu les bulldozers venus dépouiller la forêt". (p.9)
Si de nombreux villages ont disparu aujourd'hui, il nous revient de ne pas laisser disparaître à leur tour l'héritage précieux que constituent les récits, les contes pleins de sagesse... toute une littérature orale dont Edna Merey-Apinda souligne la richesse et la diversité dans son livre. [...]
Extrait:
"Pendant ce temps, non loin du village, les génies s'affairaient. Eréré l'esprit des grands arbres se faufilait dans la végétation pour constater l'état de la forêt. Pour chaque arbre coupé, les hommes devaient en planter un. Eréré après examen se montra satisfait. Il vint faire son rapport aux autres génies. Il y avait Owongo la déesse de la fertilité, qui avait sondé la terre des plantations pour savoir si elle était bien nourrie.Il y avait à leurs côtés Mamiwata la déesse de l'eau. Elle fit son rapport sur l'état de la faune aquatique. Si jamais elle estimait que les hommes avaient pris trop de poissons, elle les sanctionnait. Il lui suffisait pour cela de capturer tous les poissons et de les garder dans un endroit secret. Elle faisaitcela pour que les poissons puissent se reproduire en paix. Les hommes, pendant ce temps, étaient privés de pêche." (Les aventures d'Imya, petite fille du Gabon, p. 26.)
Voici un petit livre qui ravira les lecteurs. Pourquoi ne pas l'offrir aux enfants, neveux, nièces, cousins et cousines de notre entourage... ? En plus Noël approche ! Le seul regret que je puis émettre, c'est de ne pas retrouver à l'intérieur du livre des illustrations en couleur à l'image de celle de la couverture, qui rend bien la vivacité d'esprit, la joie de vivre et la générosité de la petite Imya. Il faudra se contenter du noir et blanc !
Liss Kihindou 20 octobre 2015
https://valetsdeslivres.canalblog.com
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D'autres notes de lecture Lire les femmes et les littératures africaines [email protected] mars 2016 https://aflit.arts.uwa.edu.au/merey_kihindou_15.html |
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