L'AFRIQUE ECRITE AU FEMININ Notes de lecture |
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Je suis en mode vacances. Pas de RER, donc moins de lecture. Etrange, mais que voulez-vous, c'est mon rythme. Dans ce contexte très chaud du mois d'août en région parisienne, j'ai lu une petite merveille de roman écrit par une journaliste congolaise, Marie-Louise Mumbu.
Samantha à Kinshasa.
Il est parfois intéressant de décrire la rencontre avec un livre avant de proposer un quelconque commentaire. Tout cela fait partie du cheminement que l'on fait avec l'œuvre et son auteur. Comme vous le devinez, je traîne souvent dans le rayon Afrique/Antilles de la Fnac de Saint-Lazare. Les stocks ne se renouvellent pas souvent. Cependant, je suis tombé il y a quelques mois sur cette production d'un éditeur qui m'était inconnu. La couverture n'était pas terrible. Le titre me faisait penser à un reportage à Kinshasa, pas très emballant. Un coup d'œil pessimiste et furtif sur le contenu me permit de découvrir une police standard, petite. Puis j'ai jeté un coup d'œil au quatrième de couverture, et je suis tombé sur une photo de l'auteure. Souriante et l'œil coquin. Je me suis immédiatement dit que cette frangine avait des choses intéressantes à dire sans la gravité avec un zest de bonne humeur.
Je ne me suis absolument pas trompé.
Ce texte est marqué par la bonne humeur et la joie de vivre de Marie-Louise Mumbu. Son personnage principal est Samantha, journaliste comme elle qui, alors qu'elle quitte Kinshasa pour l'Europe, se remémore le temps d'un voyage, des chroniques de vies de petites gens dans les quartiers populaires dans cette mégapole de plus 10 millions que constitue Kin la belle, la poubelle, la plus belle. Elles racontent des tranches de jeunes filles, de jeunes hommes, de militaires, de femmes légères, de taximan, de fonctionnaires ayant près de 59 mois de salaires impayés, de vieilles commères de quartier, de musiciens... Tout y passe. Avec un lien qu'elle tisse entre les différents personnages. Lien que l'on découvre en avançant dans la lecture de ce livre. Toutes ces gens étant écrasés par un état qui a définitivement cessé d'exister et dans lequel, la débrouillardise est une institution, et l'entraide familiale un moyen de survie parfois lourd de conséquence. Le petit peuple observe la politique, la commente avec une certaine fatalité. La vie est dure. Mais, il y a cette fascinante joie de vivre (malgré une adversité qui a les dents aiguisés) qui surprend, qui déboussole, que j'ai récemment retrouvé au concert du Staff Benda Bilili au Parc de la Villette.
L'écriture est aussi service du texte. On est définitivement avec cette nouvelle génération d'auteurs africains qui écrivent avec leurs tripes, et qui s'approprie la langue française pour transmettre quelque chose. Le texte n'est pas linéaire. La chronologie de certains événements n'est pas toujours respectée, et pourrait surprendre le lecteur méconnaissant l'histoire de 20 dernières années de Kin avec le départ de Mobutu, la prise de Kinshasa par Kabila et les élections « démocratiques » gagnées par Kabila fils. Cela ne suffit pas à altérer ces épisodes de vie dans une grande ville africaine.
Samantha quitte Kin. Elle part malgré tout, avec sa joie, ses espiègleries pour découvrir un ailleurs. Avec un brin de nostalgie, sans aucune colère.
Mon coup de cœur de cet été.
LaRéus Gangouéus samedi 8 août 2009
https://gangoueus.blogspot.com
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D'autres notes de lecture Lire les femmes et les littératures africaines [email protected] Novembre 2011 https://aflit.arts.uwa.edu.au/mumbu_gangoueus_09.html |
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