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DES « FLEURS DE VIE » AUX « LARMES PERDUES »

In mémoriam

Amélia Néné, sœur, amie, tu restes notre grande dame, présente auprès de tes enfants, de Jean-Baptiste ton époux. Jeanne Amélia dite Lili porte vos deux noms comme l'avait voulu ta mère défunte au printemps. Qu'elle conduise avec Clarisse dite Ketche, Louis Aimé, Flavia, Serge, Aurore ta petite fille, leurs frères et sœurs, le deuil.

Je n'ai pas eu le cœur de rassembler les photos, les batiques, les lettres que je retrouverai... Instruite au sein de l'ancienne mission Javouhey et dans ta famille, tu fus d'une éducation parfaite, aristocrate du cœur et de l'esprit, femme liane, épousée éblouissante, « lianescente » en 1975, d'une distinction innée.

On n'épouse pas innocemment un poète, Amélia aimait les arts et les lettres. Elle admirait l'écrivain. Elle ne vécut pas pour autant dans son ombre. Elle garda son originalité et fit une poésie discrète, secrète, subtile toute en finesse, œuvre inachevée. « Fleurs de vie » publié en 1980 grâce aux éditions Présence Africaine, fait attendre « Perles perdues », qui voit enfin le jour.

Elle fut parmi les pionnières d'une parole lyrique écrite par un auteur femme en son pays, ouvrant la voie à d'autres prises de paroles.

Le premier titre en sa valeur métaphorique annonce-t-il les poèmes créés en secret ou les enfants que parallèlement l'auteur met au monde, glorieusement ? Mère attentive, experte, les « fleurs de vie » qu'Amélia écrit, sont-elles les enfants qui s'épanouissent autour d'elle ? « Vous vivez dans la beauté » disions-nous au père comblé,

Grande militante, elle savait animer un groupe rassemblé pour débattre d'un thème, pour stimuler les énergies collectives. Elle organisa entre autres un symposium sur « Les femmes et la culture », pour le XXe, congrès de l'URFC en 1985, rencontre internationale ; le haut niveau des débats, la richesse des témoignages, connurent un retentissement justifié.

Les missions à l'intérieur du pays, effectuées auprès des femmes rurales souvent isolées aux confins des régions, donnent à la responsable une expérience riche sur le terrain. Ces initiatives préparent les voyages à l'étranger, jusqu'en Chine par exemple, en Italie plus proche, en France entre autres. A Nice, Amélia laisse aux étudiantes qui se sont entretenues avec elle, le souvenir d'une femme de grande allure, d'une parole et d'un destin maîtrisés. Ses paroles mesurées, denses, avaient une profonde résonance.

Amélia sut un temps reprendre des recherches en histoire, licenciée dans cette discipline. Sa triple vocation, celle d'épouse et de mère généreuse, exemplaire, celle de responsable politique « au plus haut niveau » disait-on, de poète et de guide jamais détachée des données concrètes du monde sensible en femme intelligente, font de Néné cette figure sertie dans le métal le plus pur, telle qu'elle fut pressentie dans « Ève congolaise », confirmée dans « Les feux de la planète ». Ces titres parleront aux initiés.

Nous saurons lui rendre hommage plus longuement. Elle ne nous quitte pas. Que l'écrivain J.B. Tati Loutard, ses enfants sachent notre attachement à sa mémoire.

Arlette Chemain


Cet éloge est suivi d'une intéressante analyse des deux ouvrages d'Amélia Néné par Arlette Chemain.

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Amélia Néné. Perles perdues. Paris: Présence Africaine , 1998, pp.55-57.


Editor ([email protected])
The University of Western Australia/French
Created: 2 December 2004
Archived: 19 December 2012
https://aflit.arts.uwa.edu.au/nenememoriam.html