|
Note de lecture d'Amanda Meyre publié sur son blog "Lecture, théâtre, et autres plaisirs", 2009
Nous sommes à Lagos, au Nigéria au début des années 60. Le jeune Ugwu, 13 ans, entre au service de Odenigbo, un universitaire engagé. Odenigbo rencontre Olanna, une jeune femme issue de la bourgeoisie Nigériane. De son côté, Kainene, la sœur jumelle d'Olanna, entrepreneuse prospère et ambitieuse, devient la maîtresse de Richard Churchill, un pseudo journaliste / écrivain, passionné par l'ethnie Igbo et ses racines.
En ce début des années 60, l'élite Nigériane rêve d'une prospérité nouvelle pour son pays fraîchement indépendant. On rêve, on débat, on se projette, la bonne société fustige l'influence des anciens colons anglais, tout en envoyant ses enfants étudier à Londres et épousant les modes de vies occidentaux. Mais l'ancien colon a pris soin de stigmatiser les clivages ethniques entre les musulmans du Nord et les chrétiens Igbos de l'Est. A la fin des années 60, après un premier coup d'état, et les massacres répressifs qui s'ensuivent, la province de l'Est déclare son indépendance et proclame la naissance du Biafra. La guerre civile est déclarée, le génocide va commencer.
A travers les cinq personnages principaux, Chimananda Ngozi Adachie propose une fresque attachante sur une page sanglante de l'histoire du Nigéria. Des rêves idéalistes à la famine et à la guerre, nous suivons Olanna et son idéaliste de mari, décidés coûte que coûte à faire vaincre la province du Biafra. Nous suivons Kainene d'un peu plus loin, dans ses rapports complexes avec Richard, formant avec lui un couple mixe peu conventionnel. Le jeune Ugwu apporte un peu de fraîcheur parmi ces nantis qui vont connaître la guerre et la faim et perdre leurs possessions.
Les destins ravagés des personnage apportent un coté romanesque qui ne déplaira pas aux amateurs d'histoires attachantes (il y a de l'amour, des jalousies, des pleurs) et donnent sans doute au roman un coté plutôt convenu, axé principalement sur leurs personnalités, leurs désarrois face à la guerre et la chute de leurs idéaux.
Mais, au-delà, il y a l'emprise de la Couronne Britannique qui supporte le Nigéria pour ne pas perdre les réserves de pétrole du Biafra, influence de l'occident sur une jeune république indépendante, les modes de vie Nigérians, les coutumes africaines matinées de sorcellerie et de sorts, et surtout, la naissance et la disparition presque aussi soudaine d'un pays éphémère décimé par un génocide sanglant. Pour tout cela, c'est un roman agréable qui laisse un bon souvenir.
Amanda Meyre 23 mars 2009
https://www.amandameyre.com/
Chimamanda Ngozi Adichie. Half of a yellow sun. London: Fourth Estate, 2006.
D'autres notes de lecture Lire les femmes et les littératures africaines [email protected] février 2012 https://aflit.arts.uwa.edu.au/ngozi_meyre_09.html |
Fermer cette fenêtre |