Le Fan Club Isaïe Biton Koulibaly a organisé un
concours de nouvelles dont les prix ont été remis à la
Mairie de Treichville devant des personnalités politiques et
culturelles. Les onze lauréats se sont partagé plus de deux
millions de FCFA dont un du Président de la République, M.
Laurent Gbagbo. Sur les onze lauréats, six sont des femmes que nous
avons voulu vous faire découvrir.
|
Marie-Constance KOMARA (1re)
Professeur de français
Marie-Constance Komara est aussi Madame Diabaté. C'est avec une réelle surprise qu'elle a appris son succès à ce concours. Sa satisfaction fut grande car le jury a reconnu son travail. Elle écrivait depuis longtemps et n'avait jamais présenté sa production à un éditeur. Ce concours va enfin lui en donner l'occasion.
« Je savais que je gagnais un billet d'avion mais je ne m'attendais pas à une somme de 450 000 fcfa. Je vais utiliser cette somme pour m'acheter des livres ».
Marie-Constance a choisi Dakar pour le billet que lui offre Air Ivoire.
« Dakar pour moi c'est Léopold Sédar Senghor, c'est aussi Maïmouna d'Abdoulaye Sadji. Ce livre m'a beaucoup marqué. Je n'ai donc pas hésité à choisir Dakar pour aller à la découverte de Gorée, de Louga et Saint-Louis ».
Pour la lauréate, écrire et enseigner ont la même signification. C'est le fait de donner quelque chose, de partager ce que l'on détient. La suite qu'elle a donné à la bonne épouse est très originale.
« Le patron savait que son boy le trompait. Il a laissé faire car étant stérile il voulait que quelqu'un d'autre enceinte sa femme... Pour moi, le bonheur conjugal tient à deux mots : comprendre et partager ».
Marie-Constance Komara aime lire Agatha Christine, Mariama N'Doye et Ken Bugul. Elle demande à la femme africaine de se passionner davantage pour la lecture afin de se cultiver et de vivre une vraie vie. Elle vient d'adhérer au fan club.
Contact:
e-mail: [email protected]
Gbané SALIMATA (2e)
Juriste
Elle avait été la lauréate des plus belles lettres d'amour. Ici, elle se retrouve deuxième.
« Je ne pense pas que j'excelle davantage dans les lettres que dans les nouvelles. J'avais certainement plus de sensibilité dans les lettres, mais je pense qu'il n'y a pas trop de différence entre les lettres et les nouvelles ».
Sur les onze lauréats six sont des femmes. La juriste a son explication :
« Les femmes lisent beaucoup plus que les hommes qui ne s'intéressent qu'aux journaux. Le choix de la bonne épouse par la plupart des femmes n'est pas une surprise. C'est une histoire de femme ».
Gbané Salimata a donné une suite à la bonne épouse infidèle. Dans sa nouvelle, c'est le boy qui devient plus tard l'époux de la patronne. Un jour, il découvre que sa patronne, sa femme vient d'engager un boy. Il voit sa vie défiler. Ne sera-t-il pas la prochaine victime ? Gbané Salimata a gagné 350 000 fcfa ainsi que des ouvrages.
« Ce nouveau prix me réconforte dans mon idée que je dois absolument continuer d'écrire. Très bientôt je vais déposer des manuscrits différents de ce que j'ai écrit jusqu'à présent ».
Priée de donner son point de vue sur l'infidélité de la femme, la juriste est catégorique :
« Interdiction absolue à la femme de tromper son homme. La femme est la mère de l'humanité, c'est elle qui donne l'éducation à l'enfant, elle doit être fidèle et à toute épreuve ».
Tout en remerciant le fan club pour son initiative, Gbané Salimata aimerait que le ministère de la Culture et les éditeurs organisent aussi des concours afin de détecter les talents.
Contact:
e-mail: [email protected]
Mariam KONE (4e)
Attachée de direction
Elle a fait 480 km pour venir chercher son prix de 150 000 fcfa. Elle travaille à la SOGEBE à Grand Béréby derrière San-Pedro. Elle a préféré donner une suite au candidat :
« J'ai préféré donner une suite à cette nouvelle car je suis du Nord et je maîtrise mieux les sujets sur les marabouts. Dans ma suite, tout comme dans la nouvelle de l'auteur, la leçon à tirer est d'éviter les marabouts et d'étudier ses leçons ».
Mariam Koné avoue être agréablement surprise de se voir classée quatrième, elle qui est secrétaire attachée de direction à la société des caoutchoucs de Grand-Béréby. Malgré un DUT à l'Inset de Yamoussoukro, elle craignait « tous ces gens de lettres ». Son classement a prouvé qu'elle n'était pas une grande lectrice pour rien. Depuis 1992 elle écrit des romans, des nouvelles, des pensées.
« J'ai commencé à écrire car je me disais que je pouvais imiter Isaïe Biton Koulibaly. Très rapidement j'ai compris que ce n'était pas facile ».
Cette fanatique de la musique mandingue trouve, contrairement à l'idée répandue, qu'il n'est pas du tout facile de trouver un mari dans les petites villes, surtout dans une plantation. En plus, la distance avec l'aimé devient à la longue un obstacle. Néanmoins elle trouve l'occasion de lire beaucoup et de s'adonner à la marche.
Contact:
e-mail: [email protected]
Adèle KOUASSI (7e)
Animatrice
Après un BTS en communication, en attendant de trouver un emploi digne de ses qualités, elle anime des émissions dans une radio de proximité et pige pour quelques journaux. Cette jeune fille au contact facile a donné une suite à la bonne épouse infidèle.
« Ma suite est une manière de montrer à l'homme qu'il est victime de la justice de Dieu ».
Est-elle capable de tromper un homme ?
« Je dirais : oui et non. Une femme est poussée à tromper un homme dans certaines circonstances. La vie à deux est une contrainte que chaque partie doit comprendre et trouver des solutions satisfaisantes. Chacun doit être au petit soin pour l'autre quotidiennement ».
Adèle Kouassi ne pense pas qu'une carrière de journaliste peut freiner sa passion de la littérature.
« Le journalisme et la littérature sont deux mondes de communication, l'un n'empêche pas l'autre ».
Très bien habillée le jour de la remise des prix, Adèle Kouassi justifie sa tenue par le fait qu'elle doit respecter le public.
« Une femme doit se montrer présentable partout où elle se rend ».
Adèle Kouassi dit ne ressembler qu'à Adèle Kouassi, mais elle a une grande admiration pour Simone de Beauvoir et Simone Veil, ces combattantes de la cause des femmes. Elle remercie vivement le fan club pour son initiative : « savoir honorer un auteur de son vivant». Pour le prochain concours dans deux ans, Adèle Kouassi qui vient d'adhérer au fan club sera parmi le comité de pilotage.
Contact:
e-mail: [email protected]
Rosannés DE SOUZA (8e)
Professeur de Lettres
Mme de Souza est la sous-directrice du collège Saint-Louis de Yopougon. Elle a décidé de participer au concours pour le plaisir d'écrire.
Depuis des années elle envisageait d'écrire. Chaque jour elle remettait cette tâche au lendemain. Quand elle a lu la nouvelle la bonne épouse infidèle, elle a eu le déclic et a choisi de lui donner une suite. Sa suite met le boy dans un environnement de guerre. Pour Mme de Souza, l'élève qui a un talent d'écriture se reconnaît facilement.
« Ses phrases sont structurées, son style original. Il a une imagination fertile. Il a de la méthode et une méthodologie. Il ne divague pas ».
Elle encourage d'ores et déjà le prochain concours réservé aux élèves et qui sera le Prix junior de la nouvelle.
« Les élèves ne pouvaient pas compétir en même temps que leurs professeurs. C'est une bonne vision que de créer un concours spécialement pour eux ».
Ment-on ou peint-on la réalité quand on écrit ? La licenciée en lettres de l'Université de Dakar résume :
« C'est le cumul de la réalité et de l'imagination ».
Elle souhaiterait que les oeuvres primées soient rapidement publiées et, en attendant, elle envisage le roman. Le concours n'a-t-il pas révélé qu'elle avait du talent à revendre ?
Contact: 21 BP 1316 Abidjan 21
Anne KANGAH (11e)
Etudiante
« Je suis la troisième d'une famille de six enfants. Enfant solitaire, la passion de l'écriture a brûlé en moi très tôt. Ainsi dès la classe de sixième, j'écrivais mes premiers livres avec pour principal admirateur et mentor mon oncle qui apprécie mes écrits et m'encourage à continuer dans ce sens».
Aujourd'hui, Anne Kangah a un BTS en communication et action publicitaire.
« Sans emploi, mon rêve est de poursuivre mes études et de toucher toutes les branches de l'art ».
Malgré de nombreux écrits, elle n'a jamais encore publié. Avant ce 11e, prix, elle avait déjà obtenu un diplôme d'honneur en poésie délivré par l'Association des Ecrivains de Côte d'Ivoire en juillet 2000. Pour le Prix Isaïe Biton Koulibaly de la nouvelle un ami l'a encouragée à y participer. Elle a choisi de donner une suite à la nouvelle 'le candidat' qu'elle a intitule : « Le destin choisit son heure ». Dans sa nouvelle, le candidat qui a échoué au concours trouve néanmoins une blonde : « Une femme blanche restait une femme blanche belle ou laide » Anne Kangah est la seule lauréate à ne pas avoir invité de famille ou d'amis à la remise du prix. Pourquoi ? « Je n'avais pas envie de partager mon argent ou des lots avec qui que ce soit ».
Anne Kangah vient enfin de déposer Ciel de pureté, un recueil de poèmes, chez un éditeur et nous déclame Pluie de bonheur :
Contact : 01 BP 6923 Abidjan 01