L'AFRIQUE ECRITE AU FEMININ Notes de lecture |
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Imaginez une grande ville où, un beau matin, tous les mendiants feraient grève. Pas de collecte, pas de sollicitation culpabilisante, pas de mendicité jusqu'à nouvel ordre. On aurait tendance à penser "Pas de quoi fouetter un chat !", "quel intérêt ?", "bon débarras !", "bof !". En fait, de ce côté de la Méditerranée, il est fort probable qu'on ne s'en rendrait pas compte.
Cependant, le contexte est un élément majeur puisque l'initiative se déroule à Dakar en terre musulmane. L'aumône (la zakat) est un pilier de l'Islam. C'est donc cette situation surréaliste qu'Aminata Sow Fall nous décrit à savoir une ville où les habitants sont obligés de faire des kilomètres pour faire leur aumône ou leur sacrifice pour les mendiants dans son roman devenu un classique des lettres africaines, j'ai nommé La grève des bàttu.
C'est ma période sénégalaise. Je me régale. Je pense que cette situation que l'on pourrait qualifier de farfelue est une création de l'imaginaire fertile de l'écrivaine. J'aimerai toutefois être contredit.
Le ministère de l'Intérieur sénégalais a reçu des instructions du sommet. Afin de développer le tourisme dans le pays, l'état décide de débarrasser les grandes villes de ses mendiants qui encombrent les artères principales et les carrefours avec leurs bàttu. Sous la direction de Mour NDiaye, Keba Dabo fonctionnaire zélé va appliquer toute sa science et ses angoisses personnelles pour atteindre cet objectif. Par la violence souvent. C'est sans compter sur la réaction (inattendue?) des mendiants harcelés qui décident de faire grève. Faire la chasse aux mendiants n'est pas une situation nouvelle.
En France, on entend les mesures de la RATP ou de certaines mairies pour se débarrasser d'une population "encombrante".
Mais Aminata Sow Fall choisit de nous entraîner dans la dimension absurde d'une action qui a été menée sans tenir compte de ses conséquences, du contexte social, des croyances profondes et séculaires. Elle s'incarne dans ces mendiants en essayant de traduire leur existence, leur dignité flouée par une tâche qui exige que cette dernière soit cachée au plus profond d'eux-mêmes, leur désir de survivre. Etrange retournement de situation où les méprisés ont la possibilité de décider du sort de leur oppresseur.
Vous l'aurez compris cet ouvrage dégage plusieurs pistes de réflexion sur un ton joyeux et non misérabiliste. C'est la force de ce magnifique roman.
Bonne Lecture.
LaRéus Gangouéus 10 octobre 2007
https://gangoueus.blogspot.com
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D'autres notes de lecture Lire les femmes et les littératures africaines [email protected] Novembre 2011 https://aflit.arts.uwa.edu.au/sowfall_gangoueus_07.html |
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