L'AFRIQUE ECRITE AU FEMININ Notes de lecture |
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Mes expériences ne sont pas toujours heureuses avec les premiers romans. Aussi, j'avais une petite appréhension en découvrant ce texte de Myriam Tadessé.
C'est cette présentation sommaire de l'auteure qui est ainsi faite sur le quatrième de couverture. La narratrice nous raconte son enfance sur cette terre africaine d'Ethiopie. Mais pour que le portrait soit parfait et que tous les éléments de la peinture apparaissent sur la toile, elle prend soin de nous décrire différents personnages en les plaçant dans le contexte de la grande histoire de ce pays. Apparaît ainsi et tout d'abord, cette grand-mère paternelle altière, femme blessée par la vie, mais digne. Femme arrachée à sa famille par le rapt de son futur mari. Femme dont le mari émancipé, vouant ses compétences au service du Négus, va être détenu pendant l'occupation italienne et disparaître... Ses sœurs, les grandes tantes de la narratrice qui habitent toutes la même rue de pierre. Oui, c'est d'abord par des portraits de ces femmes que la narratrice nous raconte Addis-Abeba de ces époques lointaines. Les hommes interviennent progressivement sous la plume de Myriam Tadessé pour faire parler la Grande Histoire dont ils sont des acteurs majeurs. Proches de l'Empereur Hailé Sélassié, le grand-père, le grand-oncle et le père de la narratrice, sans faire partie de l'aristocratie ancestrale proche de l'église d'Ethiopie, mais plutôt de cette élite formée par l'église catholique, ils subissent de plein fouet les retournements de situations politiques avec l'occupation italienne ou le coup d'état de Menghistu Hailé Mariam, le Négus rouge, despote sanguinaire.
La narratrice introduit ensuite sa mère. Française, elle. Son itinéraire et cette vie qui l'ont conduite en Ethiopie... Ce texte porté par une écriture magnifique, très agréable à lire mais également chargée d'émotion, fait cohabiter les petites frustrations du quotidien avec les grands déchirures des illusions perdues de ceux qui se sont battus pour faire avancer l'Afrique au détriment d'une épouse, d'une famille. Le regard que porte cette narratrice sur les choix de ses parents n'est pas partisan. Il est fait de nuances touchantes qui ne font que souligner sa profonde solitude.
Myriam Tadessé réussit là un remarquable texte, bouleversant et surtout qui trouve un écho chez le lecteur que je suis.
Ecoutez Addis-Abeba :
Bonne lecture.
LaRéus Gangouéus 18 novembre 2010
https://gangoueus.blogspot.com
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D'autres notes de lecture Lire les femmes et les littératures africaines [email protected] Novembre 2011 https://aflit.arts.uwa.edu.au/tadesse_gangoueus_10.html |
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