Khadi FALL Click here for English translation |
Khadidjatou Fall est née en 1948 au sein d'une grande famille musulmane. Elle a passé son enfance à Dakar. Son père était intendant de l'Ecole Normale Supérieure et sa mère s'occupait de la famille. Tout le monde parlait le oulof. Khadi Fall a fréquenté le lycée John F. Kennedy puis le lycée Van Vollenhoven à Dakar. Elle a passé ensuite 4 ans à l'Université de Toulouse puis, plus tard, fréquenté l'Université de Strasbourg où elle a obtenu une thèse de doctorat de 3e cycle. Elle a aussi fait plusieurs séjours en Allemagne dans le cadre de ses recherches pour sa Thèse d'état au début des années 1990. Elle a travaillé pendant de nombreuses années à l'Université de Dakar comme professeure d'Allemand. En 2000, elle fut brièvement Ministre de la Décentralisation et de l'Aménagement du Territoire du Sénégal.
Kersa ci tudde sama bopp bindkat (My trouble calling myself a writer). En wolof avec traduction anglaise. Texte présenté au cours de L'International Writing Program organisé par l'Université de Iowa (1995). |
Ouvrages publiés
Mademba. Paris: L'Harmattan. (Collection Encres noires), 1989 (173p.). ISBN: 2-7384-0455-3. Roman.
Il est près de quatorze heures. J'entends des voix provenant de la cour ou de la pièce d'à côté. Ce sont des voix d'hommes et de femmes entrecoupées d'éclats de rire et de battements de mains. C'est une conversation plutôt animée. Je ne distingue pas bien les paroles. Les voix s'amplifient. Ça ne peut pas être un attroupement de convalescents; on dirait plutôt un transistor dont le manipulateur fantaisiste se plairait à augmenter le volume comme s'il espérait le péter au bout du compte. Ne ferait-il pas mieux de le flanquer contre le mur ou sur le goudron s'il a envie de le faire péter? Le son baisse de nouveau; le bruit semble provenir maintenant de la salle des infirmiers, à l'autre bout du couloir. Le manipulateur change de chaîne. A présent, je distingue quelques bribes de phrases. C'est le rappel des titres de l'édition du journal parlé de treize heures. "... Campagne de solidarité avec le monde rural... Coup d'Etat militaire en Guinée... Suite du sommet d'Arusha... Prochaine tournée européenne du Premier ministre sud-africain... Le président des Etats-Unis en chine..." etc. La Chine, ça me rappelle le rêve que j'ai fait hier. C'est drôle de commencer un récit en évoquant un rêve; cependant, c'est un rêve qui me fascine et dont je tiens à parler. |
Mademba a 19 ans. Il est hospitalisé pour une opération de la gorge et craint de perdre l'usage de sa voix. Il entreprend alors d'enregistrer l'histoire de sa vie: la séparation d'avec sa mère lorsque son père l'envoie dans une école coranique fort éloignée de chez lui, les mauvais traitements, la misère, sa fuite du daara et sa vie misérable à Dakar; ... Cet ouvrage a obtenu le Prix du roman du Concours Sénégal-Culture 1985 |
Senteurs d'hivernage. Paris: L'Harmattan, 1993. (186p.). ISBN: 2-7384-1239-4. Roman.
... Elle était si forte l'envie que j'avais de m'exprimer en sotho que toutes les fois que je prenais la plume pour fixer par écrit une idée, un souvenir, je souhaitais le faire en sotho, la langue de mon enfance et de mon adolescence, la langue dans laquelle ma mère et moi avions toujours communiqué, d'abord en Afrique du Sud et par la suite au Ghana, puis en Guinée. Pourtant, j'avais désormais beaucoup de mal à écrire en sotho. C'est que ma mémoire défaillante refusait souvent de restituer en mots et en paroles sothos certaines images d'autrefois qui, parfois, m'apparaissaient comme dans un rêve éveillé. Je n'arrivais pas par exemple à retrouver l'équivalent en sotho de certains mots dont la dénomination première s'offrait à moi d'abord en wolof avant que je ne cherche à trouver leurs équivalents dans certaines langues européennes comme l'anglais, le français ou l'allemand. Cela faisait tout de même plus de vingt ans que je parlais surtout le wolof, une langue dont je ne maîtrisais cependant pas l'écriture, comme je maîtrisais autrefois l'écriture du sotho. Il était en effet regrettable de ne pouvoir apprendre dans les écoles de mon pays d'accueil, les règles d'écriture de la langue principale qui y était parlée. J'avais alors décidé de tout rendre en français, avec le risque là aussi, de ne pas pouvoir exprimer dans la langue de Voltaire, toutes les situations et toutes les images qui me hantaient, ainsi que l'ambiance toute particulière que j'avais vécue dans tous ces pays d'Afrique. |
Tembi Mkwanazi a 55 ans. Elle s'est enfuie d'Afrique du Sud plus de trente ans auparavant et, après avoir séjourné en Guinée et au Ghana, elle s'est installée à Dakar où elle habite depuis longtemps. Un jour, sans prévenir, les souvenirs refont surface et la narratrice se retrouve confrontée aux vieux démons de son enfance, à la langue sotho de son pays natal, aux souvenirs des années de fuite et aux multiples difficultés auxquelles elle - comme tant d'autres Africaines d'aujourd'hui - a dû faire face. |
Education, culture, émergence. Dakar: Presses Universitaires de Dakar, 2008. (192p.). ISBN: 978-2-9529127-09. Sélection d'articles et de conférences (en français et en wolof).
Au Sénégal, l'Etat consacre, à ce qu'il paraît, 40% du budget national à l'éducation. Il s'agit là d'un investissement financier énorme qui aurait dû transformer le pays en un espace géographie où les populations organisées produiraient elles-mêmes ces biens de consommation et de production qui continuent à venir d'ailleurs, et dont l'acquisition reste difficile pour l'écrasante majorité des habitants du pays. Une situation analogue est vécue du reste dans presque tous les Etats africains issus de l'ancienne AOF.
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Sommaire
Préface Lim yi
Baati jiital |
Traduction anglaise du premier chapitre de Senteurs d'Hivernage par l'auteur |
Pour en savoir plus
Khadi Fall : Habilitationsschrift Germanistik / Interkulturelle Literaturwissenschaft. : Ousmane Sembènes Roman "Les bouts de bois de Dieu": Ungeschriebener Wolof-Text, französische Fassung, deutsche Übersetzung. Eine Untersuchung zu Problemen einer literarischen Kommunikation zwischen Schwarz-Afrika und dem deutschen Sprachraum. Frankfurt a.M. 1996. [Archives jmv 2007 - pdf file - 1.3MB] [Consulté le 13 mai 2005].
Katrin Schneider. "Schreiben und die eigene Haut verlassen". taz [https://www.taz.de] Nr. 6982 vom 17.2.2003, Seite 14.: « In Zukunft will sie nur noch in Wolof schreiben, damit sie in ihrem eigenen Land verstanden wird. Die Frage ihrer Mutter, die kein Französisch spricht und die Bücher ihrer Tochter nicht lesen kann, hat sie aufgerüttelt: Für wen schreibst du eigentlich? Die Antwort ist eindeutig: in erster Linie für Afrikaner. » [https://www.portalglobal.de/ezine/artikel.php?showartikel=101. Consulté le 13 mai 2005].
Editor ([email protected])
The University of Western Australia/French
Created: 25 December 1995
Modified: 26 January 2009
Archived: 11 May 2013
https://aflit.arts.uwa.edu.au/FallKhadi.html