Perpétue NSHIMIRIMANA Click here for English translation |
Perpétue Nshimirimana est née à Bujumbura en
février 1961. Après l'école secondaire au Lycée
Clarté Notre Dame de Bujumbura, elle poursuit ses études
universitaires en Algérie à l'Institut National
des Sciences de l'Information et de la Communication d'Alger où elle obtient une
licence en journalisme. En 1984, elle rentre à Bujumbura et exerce
aussitôt son métier à la Radio Télévision
Nationale du Burundi.
Elle a été entre autres membre du Conseil National de la
Communication et membre de la Commission Nationale du Burundi pour l'UNESCO. Suite au vent de la démocratisation des institutions qui a soufflé sur
le Burundi, elle a été membre de la Commission Constitutionnelle
(1991-1992) et membre de la Commission électorale Nationale (1993).
Après les élections démocratiques de juin 1993 qui ont
porté au pouvoir le président Melchior Ndadaye, Perpétue
Nshimirimana est nommée Ambassadrice,
Représentante Permanente du Burundi auprès de l'Office des Nations
Unies et des autres Organisations Internationales à Genève.
Toutefois, comme elle le dit à la fin de son ouvrage, le vent de la démocratisation fut de courte durée : " ... le 21 octobre 1993, les morts se
comptent par centaines de milliers. Ce jour là, l'armée a
tué Melchior Ndadaye, le président qui venait d'être
élu démocratiquement. C'était la première fois dans
l'histoire récente du Burundi qu'un des nôtres accédait
à la magistrature suprême. [...] Depuis des centaines de milliers d'autres personnes ont pris le chemin de l'exil, comme moi [...]" (pp.192-3). (Autobiographie de l'auteur) Perpétue Nshimirimana Gashaza vit actuellement [2004] en Suisse.
Ouvrage publié
Lettre à Isidore. Vevey (Suisse) : Editions de l'Aire, 2004. (200p.) ISBN 2-88108-668-3. Autobiographie.
Cher Papa, Nous sommes le 25 octobre 2000. Trente-cinq ans déjà depuis que tu es parti. Très souvent, j'ai eu envie de t'écrire, de te parler. Quelque chose d'inexpliqué et d'inexplicable m'a empêchée de le faire par le passé. Une espèce de retenue m'a freinée, liée à l'obligation de silence imposée par la société : ne pas exprimer tout haut ses sentiments, de joie ou de tristesse ; ne jamais exprimer entièrement sa pensée, de peur du regard de l'autre, de peur du « qu'en dira-t-on ». Cette envie de t'écrire a été refoulée pendant des années. Cependant, elle a refusé de me quitter, d'abandonner la partie. Elle m'a noué l'estomac parfois, tellement elle était forte. Chaque fois qu'un événement m'a replongée dans les souvenirs de d'enfance, cette envie a refait surface. À pareille occasion, je me suis régulièrement posée cette question : « N'as-tu pas le droit de savoir » ? |
Isidore Mugabonihera a été assassiné par l'armée
burundaise un jour d'octobre 1965. Sa famille, d'origine hutu, s'est vue
interdire le deuil, ne l'a pas enterré, n'a pas vu son corps. Le fait de
ne pas avoir touché ce corps a laissé planer un terrible doute :
Isidore était-il réellement mort ou pas ? Il a fallu beaucoup de
démarches personnelles et douze ans pour avoir une réponse
définitive à cette question. J'ai écrit cette lettre à Isidore pour combler un vide : lui parler autant que je voulais parce que cela m'avait été interdit. J'ai voulu lui raconter tout ce qui s'était passé au Burundi pendant ces douze années où on n'était pas encore fixé sur son sort. J'ai écrit parce que je voulais témoigner de ce qu'à été ma vie après la disparition brutale de cet être cher. Mon espoir est que ceux qui ont vu les leurs disparaître tragiquement en 1965 et sans la moindre explication puissent témoigner à leur tour. Ainsi nous pourrons aider les jeunes générations à comprendre ce qu'à été l'histoire du Burundi, de se situer par rapport à cette histoire. Je reste convaincue qu'on ne peut pas comprendre les drames qui se déroulent aujourd'hui dans ce petit pays d'Afrique sans revenir sur ce qui s'est passé dans les premières années qui ont suivit l'indépendance. (Quatrième de couverture) |
Editor ([email protected])
The University of Western Australia/French
Created: 10 November 2004
Archived: 21 December 2012
https://aflit.arts.uwa.edu.au/NshimirimanaP.html