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La peinture de la société coloniale du Tchad proposée par
Denise Moran est basée sur les observations de l'auteur à la fin
des années 1920. Son analyse est d'une franchise brutale et son verdict
rédhibitoire : les colons ne sont pas là pour « civiliser
» l'Afrique; ils sont là pour l'exploiter et ils forment un groupe
hétéroclite d'aventuriers qui ne pensent qu'à leur
propre intérêt. Souvent pourris jusqu'à l'os, neuf
fonctionnaires coloniaux sur dix, suggère-t-elle, sont des individus
déplaisants et tout à fait incompétents. Ils ne sont
bons qu'à brutaliser les populations locales en toute impunité.
Suffisants et ignorants, ils ne tiennent aucun compte des besoins réels
de l'Afrique et ils gaspillent ses ressources et celles que l'Etat français met à leur
disposition.
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