D'origine sénégalaise, l'écrivaine Ayavi Lake vit maintenant au Québec (Canada). Elle vient de publier son deuxième ouvrage intitulé "N'Dakaru, fragments d'amour", paru aux éditions Cultures croisées. AMINA l'a rencontrée. |
"N'Dakaru" est votre deuxième ouvrage. Pourquoi l'avoir écrit et quelles ont été vos sources d'inspiration ?
Je voulais partager mes sentiments sur mon pays et pousser un petit cri de désespoir devant l'état actuel de la ville de Dakar. Je me suis entièrement inspirée de mon vécu à Dakar, excepté l'histoire d'amour.
Résumez-nous vos souvenirs d'enfance au Sénégal...
En quelques mots : bruits, odeurs, amitiés, dépaysement parfois, étonnement, amour.
Quels jugements portez-vous sur le Dakar d'aujourd'hui au niveau politique, social et culturel ?
Je pense que Dakar - et mon pays en général - a régressé, tant sur le plan culturel que social et certainement politique. Mais notre pays est encore et toujours plein de ressources inexploitées.
De plus en plus de jeunes Sénégalais se dirigent vers la France, le Canada, les USA. N'est-ce pas une forme de gâchis ? Vous-même avez choisi la France. Un mot sur votre séjour dans l'Hexagone ?
Sur le plan culturel et intellectuel, j'ai été sous le charme. J'ai découvert le théâtre classique à Paris, l'opéra, etc. L'université elle-même était si différente. Ce que j'ai moins apprécié, c'est le côté relations sociales et les réponses apportées à différentes questions comme celles de l'immigration. Intellectuellement, je me suis épanouie, mais il me manquait quelque chose.
Les frasques de l'héroïne de votre roman, avec Samy le rouquin ne traduisent-elles pas le désespoir et la naïveté de centaines de jeunes africaines aux prises avec les pesanteurs socioculturelles du continent ? Et comment en sortir sans meurtrissures ?
Non, je ne crois pas, l'amour de mon héroïne avec son rouquin est sincère des deux côtés et n'est entravé par aucune considération économique. Par contre, ils savent que cet amour n'ira pas loin. Dans la relation de la narratrice et de Samy, je n'ai voulu faire ressortir aucune pesanteur socioculturelle véritable. C'était cela aussi mon défi : montrer comment une jeune africaine pouvait être plus proche d'un "Toubab" que d'un Sénégalais comme elle. Sortir de certains clichés.
Quelle est votre définition personnelle de l'amour ?
Un mélange de souffrance et de bonheur et un peu de quête d'identité peut être...
Vous alliez la prose et la poésie... Cet exercice de style est-il aisé ?
Oui, je le fais sans m'en rendre compte, mais j'avoue qu'il m'est de plus en plus difficile de faire de la poésie, je suis plus portée vers la prose et plus à l'aise aussi.
Quel accueil le public a-t-il réservé à cette deuxième œuvre ?
Beaucoup de personnes ont été choquées par les images violentes de Dakar, même si elles y ont reconnu certains aspects de la ville, d'autres ont cru que tout le roman était axé sur la dénonciation des traditions. Ce qui ressort des commentaires reste la violence de mon écriture, je crois.
Un mot sur votre vie au Québec ?
Pour le moment, je m'y sens très bien et je ne regrette pas d'avoir fait ce grand saut dans l'inconnu. Je crois que c'est un excellent chemin à emprunter pour une jeune femme en particulier.
Quel est le but de votre association "Littérature francophone une France-Québec-Sénégal" ?
Faire découvrir de jeunes auteurs - des femmes avant tout -, les faire se rencontrer et échanger lors de résidences sur les trois continents et les faire connaître.
Quels sont vos hobbies ?
Sport, écriture, lecture.
Propos recueillis
par Jacques Bilé
Contact: [email protected]