Bessora est née à Bruxelles. Fille de diplomate, petite-fille de confiseur et de laitier, elle a grandi en Europe, aux Etats-Unis, et en Afrique. Ayant beaucoup fréquenté les hôtels, les aéroports et les avions, elle rêvait, enfant, d'être hôtesse de l'air. Elle est finalement entrée à HEC, en Suisse. Après quatre années d'immersion dans le monde cru de la finance internationale à Genève, Bessora quitte le costume de golden girl pour celui d'étudiante en anthropologie. Elle débarque à Paris avec sa fille et s'inscrit à l'école des Hautes Etudes en Sciences sociales, et à l'Université Paris- IX Dauphine. Elle se lance dans l'étude des "mémoires pétrolières" au Gabon et soutient sa thèse de doctorat. C'est l'anthropologie, avec sa relation à l'écriture, qui la tire vers le roman et la conduit à écrire son premier texte, puis à le publier. L'imagination fertile, elle signe aujourd'hui son cinquième ouvrage intitulé "Cueillez-moi jolis messieurs". |
Parlez-nous de vous.
Je suis celle qui partage. C'est la signification de mon nom d'auteur... Mais Bessora veut aussi dire celle qui tranche. Alors je tranche avec... un sabre. Oui, je suis une tendre et une peau de vache.
D'où venez-vous ?
Je me partage entre Limoges et Zanzibar. Hier, j'étais à Yaoundé. Mais j'arrivais de Dublin. Et je pars bientôt à Genève. Enfin... si vous voulez vraiment savoir, je suis née à Bruxelles.
Vous êtes belge ?
Autant qu'une moule-frite, oui. Non... Bruxelles, je n'y suis pas restée très longtemps. Au bout de deux mois, je m'envolais dans un autre pays, et un autre, et encore un autre. J'ai grandi sur trois continents, dont l'Afrique. Mes parents sont installés au Gabon. J'y vais autant que possible.
Vous écrivez depuis toujours ?
Non. Mais un jour, j'ai entendu des voix, comme Jeanne d'Arc. Elles m'ont dit: "Tu écriras!" Moi, je voulais devenir hôtesse de l'air, ou super-héroïne dans un feuilleton télé. Et je suis devenue cadre dynamique dans de grosses boîtes américaines. J'étais... super-héroïne dans le monde cru et cynique de la finance. Je me suis vite rendue compte que ce n'était pas moi. Alors j'ai tout lâché. Je me suis recyclée, dans l'anthropologie d'abord, et puis dans l'écriture.
Cueillez-moi jolis messieurs est votre cinquième roman. Comment vous est-il venu ?
Par Juliette. C'est l'une des deux femmes de ce texte. C'est une insupportable misanthrope, sans le sou et sans logement, hébergée par une prof un peu niaise, Claire. Tout oppose ces deux femmes. Elles vivent en parfaite disharmonie, dans une mésentente explicite, explosive, même.
Pourquoi ce titre "Cueillez-moi jolis messieurs"?
Je vais vous avouer un petit secret. Claire est un peu nymphomane... C'est une revanche sur la vie qui ne lui a pas fait de cadeaux. D'abord, son mari... qui l'abandonne. Ensuite, elle est trahie par l'homme qui devait lui redonner goût à la vie: il lui donne le virus du sida.
Mais... c'est terrible!
Oui, je trouve aussi. Pourtant, Claire continue à cultiver un optimisme béat. Alors que Juliette, elle, n'a aimé qu'un seul homme. Il est mort. Alors elle déteste tous les autres. Elle les maltraite.
Votre roman aborde aussi la marginalité.
Claire l'assume mal, sa marginalité : être divorcée, et séropositive... Juliette, c'est la marginale assumée. Elle est veuve ? Oui, bon et alors ? Elle est fauchée ? Et après ? Claire veut sauver le monde, la jeunesse. Elle est prof de français. Juliette, elle, ne se préoccupe que de sa propre survie au point d'entraîner Claire dans des rassemblements clandestins d'exclus. Ils fomentent une espèce d'ordre social nouveau.
Quels sont vos projet pour l'avenir ?
Eh bien... Accompagner "Cueillez-moi jolis messieurs" sur les sentiers de la gloire ? Il y a aussi un collectif de nouvelles "Les Balançoires" aux éditions Tropiques à Yaoundé. Il sera repris par les éditions Ndzé, au Gabon. Et un tas de textes en chantier.
Un message pour nos lectrices.
Cueillez-moi jolies mesdames...
Propos recueillis
par Doukali Soumaya