Entretien avec Gina Dick, auteur du recueil de nouvelles
Coeur Meurtri
"Coeur Meurtri" est le titre du recueil de nouvelles publié par les Editions Bognini d'Abidjan. Le recueil comprend neuf nouvelles et son auteur est Gina Dick, professeur d'anglais à l'Institut d'Onto-Stomachologie, mère de deux enfants. Elle a bien voulu répondre à nos questions. |
Votre coeur est-il meurtri?
Pas du tout. Il n'est pas meurtri. Les histoires que je raconte dans mon livre n'ont rien à voir avec moi. Ici il s'agit des personnages du livre qui ont vécu des situations difficiles et qui ont le coeur meurtri.
On constate depuis quelques années la tendance de la littérature ivoirienne à privilégier la publication de nouvelles. Comment l'expliquez-vous?
Je pense que c'est plus agréable et plus facile à lire qu'un roman. En outre, il comprend plusieurs histoires. J'ai commencé à écrire un roman depuis 1982. J'ai été inspirée par la nouvelle en écrivant ce recueil. Mes histoires s'adaptent mieux aux nouvelles.
Vous parlez beaucoup de votre mère dans l'introduction de votre livre. Quelle a été sa place dans votre vie?
Une très grande place. Aujourd'hui je continue encore à ressentir beaucoup son absence. C'était une vraie maman qui nous aimait beaucoup et qui savait être sévère quand il fallait. Elle s'est privée pour nous, en quittant son travail, pour nous élever. Aujourd'hui je mesure davantage la portée de son sacrifice. L'une des grandes leçons que je retiens d'elle, c'est la bonté, la charité.
Dans "La grand-mère requin", c'est une femme qui est sorcière, pourquoi est-ce toujours la femme qui est sorcière?
C'est pas la femme seule qui est sorcière. Il ne s'agit là que d'une nouvelle qui fait de la femme une sorcière. Dans mon prochain roman vous verrez des hommes sorciers. Et je vous dis que les hommes sont les plus grands sorciers, c'est inimaginable ce qu'ils font.
Vous croyez en la sorcellerie?
Oui. La sorcellerie existe. Je le constate dans les groupes de prière que nous animons. Des personnes viennent rendre témoignage de ce qu'elles subissent à travers la sorcellerie.
Avez-vous la foi?
Je crois en Dieu. Je pense que l'homme propose et Dieu dispose. On ne peut rien faire sans la volonté de Dieu. Dieu doit avoir la plus grande importance dans notre vie.
La déception sentimentale conduit de nombreuses femmes à se réfugier dans la religion.
Ce n'est pas mon cas. Depuis l'enfance je suivais ma mère dans les groupes de prière. Et c'est en la suivant que je suis devenue une fervente chrétienne.
Dans "La jalousie" et d'autres nouvelles vous semblez ne voir que les aspects négatifs de la polygamie. La polygamie n'a t-elle pas des aspects positifs?
Je n'en vois pas et j'aimerais vous demander quels sont ses aspects positifs.
Toutes ces femmes sans mari que vont-elles faire pour avoir un époux pour une seule femme?
C'est Dieu seul qui peut les caser. Qu'elles ne cessent de prier.
"Car il faut s'attendre à tout avec ces hommes. Ils se permettent tout, et les femmes doivent subir leur dictature. Il est temps que les femmes réagissent, qu'elles secouent le joug de cette domination masculine", un extrait de la nouvelle "La leçon", qui mériterait une explication.
Les femmes ont assez subi. Les hommes décident tout. Et la femme, en général, n'a pas grand chose à dire. Et ce n'est pas juste.
Vous écrivez dans "La roue de l'amour" que celui qui sait bien parler aux femmes peut en changer comme il veut. C'est aussi facile de séduire une femme?
C'est une constation. Les beaux parleurs ont toujours les femmes à portée de main. Et cela se comprend aisément car la femme est crédule. Elle croit facilement. Le beau parleur sait lui dire ce qu'elle aime entendre.
Comment peut-on vous séduire?
Je suis facilement séduite par quelqu'un qui est très sensible, pas dur. Et avec lequel je peux facilement discuter de tout.
Dans une de vos nouvelles, "La sauce graine de la baronne", votre personnage ne sait pas faire la cuisine. Croyez-vous sincèrement qu'il existe des femmes qui ne savent pas faire la cuisine?
Elles sont nombreuses. Cela provient de la maman qui a gâté sa fille qui ne doit rien faire car la bonne fait tout. Une maman n'apprend pas à travailler à sa fille pour plusieurs raisons dont la principale est qu'elle ne l'a pas eu facilement. Elle y reste très attachée comme à un trésor et ne veut pas s'en détacher. La fille elle-même ne prend pas conscience du danger à cause de l'environnement.
Mathilde avait aimé Hubert. Elle a aimé aussi Roland, dans la vie d'une femme peut-il exister deux amours?
Mathilde n'a pas aimé les deux à la fois. Après l'un, elle a aimé l'autre. Une femme peut aimer plusieurs fois dans sa vie. Quand elle aime elle croit toujours que c'est définitif mais la déception l'amène à refaire sa vie. Elle sera toujours différente de l'homme qui aime plusieurs femmes dans la même période.
Un de vos personnages féminins a vécu 15 ans maritalement. Pourquoi n'a- t-elle pas voulu ou exigé le mariage légal?
Qu'est-ce que la femme peut exiger de l'homme? C'est lui qui décide tout. Quand l'homme ne veut pas se marier devant le maire, la femme n'a aucune influence sur lui. La dernière décision appartient toujours à l'homme. Et c'est ce que nous ne voulons plus.
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