Gina Dick vient de publier son deuxième recueil de nouvelles intitulé "L'injure". Gina Dick enseigne actuellement l'anglais à la Faculté d'odontostomatologie de l'Université de Cocody. Elle a publié aussi un livre de littérature enfantine. A ses heures perdues, Gina Dick s'essaie avec beaucoup de talent à la peinture. |
Commençons par votre couverture. Quelle signification donnez-vous à cette image? Et pourquoi l'avoir choisie pour illustrer votre livre?
C'est la photographie d'un tableau intitulé "Illusion amoureuse". C'est une dame, une "Awoulaba" qui aperçoit son bien aimé dans une sorte de brouillard, de flou. Mon éditeur, CEDA, l'a choisie parce que l'image correspond au contenu du livre.
On a été surpris de vous voir participer à une exposition de peinture. Depuis quand vous exprimez-vous par la peinture? Comment en êtes-vous arrivée là?
Au collège, j'appréciais et prenais beaucoup de plaisir à suivre les cours de dessin que nous dispensait Mme Holliette, notre professeur de dessin. J'aimais bien bricoler à mes heures perdues. J'ai pris des cours aux Beaux-Arts, afin de parfaire ce que j'ai toujours aimé. C'est ainsi que j'ai fini par réaliser un souhait caché : faire une exposition.
Professeur d'anglais à l'Université, écrivain, peintre, mère de famille, comment arrivez-vous à mener correctement toutes ces tâches?
Il est vrai que ce n'est pas facile, mais tout est une question d'organisation, d'emploi du temps. Je n'aime pas rester oisive. J'écris à tout moment. C'est-à-dire que dès qu'une idée me vient, je sors ma feuille et je la lui confie. Comme vous le savez c'est difficile de retrouver une idée qu'on n'a pas pris soin de noter sur place. Quant à la peinture, je peins surtout les week-ends. Je commence le matin et n'arrête en général pas avant 18 h. Mes enfants aiment ce que je fais, donc ils sont tolérants. Mais je puis vous assurer que je passe beaucoup de temps avec eux. Dès que je rentre du travail, je ne sors plus jusqu'au lendemain matin. Je leur fais des "petites gâteries" en leur mijotant des petits plats ou en leur confectionnant des gâteaux.
Que se chache-t-il derrière ce livre "L'injure"? Pourquoi l'injure?
Bien des petites histoires que je veux partager avec mes lecteurs, les faire sourire au passage. "L'injure", c'est le titre de la première nouvelle. C'est un titre qui sied bien à la nouvelle concernée. Puisque Léon lance un mot à sa femme et cette dernière le prend pour une injure blessante.
Certaines personnes croient qu'on retrouve certains faits de votre vie personnelle dans ces nouvelles. Que pouvez-vous leur répondre?
Chaque fois que j'ai un livre qui paraît, certaines personnes veulent toujours y retrouver une partie de ma vie. Je profite de l'occasion que vous m'offrez pour leur dire que tel n'est pas le cas. Je n'ai encore rien écrit me concernant. Je leur demande d'être patientes, car je compte publier quelque chose sur ma vie plus tard. C'est un projet auquel je tiens.
Croyez-vous que pour une injure de la part de son conjoint, une femme peut quitter son foyer conjugal?
Je dirai non et oui à la fois. Non, si l'injure peut être tolérée. Ouí, si c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Oui, si c'est une personne qui n'est pas tolérante. Et ici, dans le cas de "L'injure", c'est une femme qui est analphabète, qui ne fait que subir les brimades de son mari. Elle est partie parce qu'elle se dit que sa place est plus au village qu'auprès de Léon car ils ne parlent jamais le même langage. Il y a un décalage dans leur vie, leur façon de vivre et de voir les choses.
Pour vous, quelles sont les causes principales qui peuvent amener une femme à quitter son foyer?
Oh! Vous savez, les causes peuvent être multiples! Tout dépend de la femme et de sa personnalité. Une incompatibilité d'humeur peut déjà conduire à un départ.
Comment expliquez-vous qu'une femme aussi sage que Céline (dans la nouvelle Céline) puisse tomber dans les bras d'un gigolo?
Comment pourrai-je expliquer cela? Je pense que c'est une femme qui est sage et même trop sage. Et c'est souvent ce type de femmes qui recontrent des gigolos. Elles sont si sages que leur sagesse frise la naïveté. Elles ont tendance à avoir confiance en l'homme et à croire à la sincérité de l'amour. Ce genre de femmes constitue des proies faciles pour ces personnes sans foi ni loi...
Quelles sont les précautions qu'une femme doit prendre pour ne pas être victime des hommes sans scrupules intéressés à voir uniquement sous le pagne?
Je pense que c'est difficile à dire, parce que ça dépend du numéro sur lequel elle tombe. Il y a tellement de paramètres qui entrent en jeu qu'il me serait difficile de proposer une solution. Je pense qu'il faut être très fin psychologue dans ce domaine, ce qui n'est pas toujours facile. Je pense que ça fait partie des discriminations dont sont victimes les femmes. Et vous-même, bien qu'homme, vous êtes aussi le porte-voix des sans-voix que sont les femmes. Vous parlez si bien de leurs problèmes.
En même temps que "L'injure", vous publiez également pour la littérature enfantine...
Ce livre pour les enfants est intitulé "Un si méchant roi", paru chez CEDA en octobre 1999. C'est l'histoire d'un roi qui se disait être Dieu. Mais le plus pauvre et le plus téméraire de ses sujets le ramène à la réalité à travers les événements qu'ils vivent... Je préfère que le lecteur lui-même découvre cette histoire.
Revenons à votre recueil de nouvelles. La nouvelle "Le rendez-vous manqué" est le cauchemar d'une épouse qui voit en rêve son beau-père la menacer de mort après avoir assassiné sa belle-mère. D'abord, croyez-vous au rêve? Ensuite, pourquoi avoir écrit cette nouvelle?
En fait, il a tenté d'assassiner sa femme. C'est pour montrer que la vie est parfois un cauchemar, il y a des choses absurdes. Mais cette nouvelle se termine sur une note d'optimisme, heureusement. Est-ce que je crois aux rêves? Cela dépend. Il y a des rêves qui sont vrais et certains qui passent inaperçus. Les rêves prémonitoires sont vrais.
On remarque l'intérêt poussé des femmes pour le mysticisme. Comment le justifiez-vous?
Ah ça! C'est une "question colle". Je vais tenter de vous donner une réponse. C'est peut être dû au fait que les femmes ont beaucoup de problèmes qui restent sans réponses ou solutions, alors elles essaient de les résoudre en se tournant vers le mysticisme.
La femme et l'homme qui viennent de vous lire aimeraient certainement que vous leur proposiez une phrase à dire à leur conjoint, ce soir. Quelle phrase proposez-vous à chacun des deux?
Ce n'est pas facile. Il n'y a pas de phrase-standard. Mais je dirai au mari et à la femme qu'il est très important de s'écouter mutuellement. C'est le seul moyen de se comprendre, de cerner les préoccupations de l'un et de l'autre afin de regarder dans la même direction. La communication est très importante dans un couple et il y a également la confiance.
Propos recueillis
par Isaïe Biton Koulibaly