Originaire, du Sénégal, Khadi Hane a effectué des études supérieures scientifiques à Dakar et commerciales à Nanterre. Auteurs de deux romans, "Sous le regard des étoiles" et "Le collier de paille" (lequel a reçu une mention spéciale du Noma Award publishing 2003 à Londres), cette romancière préside aujourd'hui l'association Black Arts et Culture. Elle nous parle de sa nouvelle pièce de théâtre: "Il y en a trop dans les rues de Paris". |
Pourquoi avoir nommé votre pièce "Il y en a trop dans les rues de Paris" ?
Au départ, c'était : "Trop de nègres dans les rues de Paris", mais on s'est rendu compte que les gens n'étaient pas favorables au mot "nègre". Pour ne pas choquer, j'ai changé le titre et à la place j'ai mis : "Il y en a trop". Pour l'anecdote, l'idée de la pièce m'est venue un jour où j'étais à Château Rouge (le marché africain). Ce jour-là, un Camerounais brandissait une bible et appelait les gens à aller vers Jésus. Et je me rappelle avoir pensé "Mon Dieu ! c'est comme si nous étions en Afrique ..."
Comment avez vous procédé pour le recrutement des comédiens ?
Il fallait que ce soit de vrais noirs, pas ceux qui ont des cheveux frisés ou teints en blond, mais de vrais nègres avec les cheveux crépus et l'aspect un peu fou (en référence au Camerounais de Château Rouge, qui est d'ailleurs le personnage le plus important de la pièce).
Vous plongez le public dans une réalité quotidienne ou dans une comédie burlesque ?
Les deux, car il faut avouer que la réalité des Africains à Paris est franchement burlesque. Mon roman parle de ces Africains qui restent en France et se "victimisent" tout le temps, et aussi de cette parodie de francophonie où les artistes français qui se rendent en Afrique, pour n'importe quel échange culturel, n'ont pas de problème de visa alors qu'un artiste africain qui vient en France en tant que Francophone a des problèmes pour avoir un visa. Dites-moi où se trouve la francophonie dans tout cela ? Ma pièce parle de ces deux aspects de la vie des Africains.
Parlons de la femme romancière que vous êtes...
Contemporaine, je traite de sujets actuels. Mes idées ne sont pas forcément modernes. Je suis une romancière qui écrit beaucoup sur l'Afrique. J'aime mélanger les environnements, parler de l'Afrique, de l'Europe, et en général mes personnages sont des Africains qui vivent avec les réalités européennes.
Présidente de l'association Black Arts et Culture, quels sont les échanges interculturels que votre association a vers l'extérieur ?
Je suis présidente de Black Arts et Culture depuis 2002. C'est une association que j'ai créée avec un ami peintre. Au départ, nous voulions juste éditer les livres refusés par les maisons d'édition. Mais, au fur et à mesure, nous avons eu envie de faire des échanges culturels, notamment au niveau du théâtre. De plus, nous sommes en train de préparer un concours de théâtre pour débutants au Sénégal, à Dakar. C'est un projet qui devrait aboutir en décembre 2005. Mais nous avons aussi d'autres activités comme la peinture, la sculpture ou la littérature.
Pour conclure, où aura lieu la présentation de la pièce et à quand un prochain roman ?
La pièce sera jouée au Vieux Colombier, un théâtre
qui se trouve à Saint-Sulpice, dans le 6e arrondissement de Paris. Ce
qui nous permettra d'inviter des professionnels du théâtre, des
journalistes, des critiques, dans le but de promouvoir notre pièce. Puis nous
jouerons au Sénégal en décembre 2005.
Quant à mon nouveau roman, il sort en janvier 2006 et s'intitule "Le bal
des singes". C'est une critique du chômage, de la politique
sénégalaise, tout cela en 24 heures.
Contact: "Black Arts et Culture"
15 rue Buzelin - 75018 Paris
Propos recueillis
par Wanda Nicot