Khadidjatou HANE Click here for English translation |
Khadidjatou Hane est née en 1962 à Dakar. Elle fait ses études secondaires au lycée John F. Kennedy puis obtient un DEUG diplôme d'études universitaires générales de physique-chimie à l'université Cheikh Anta Diop de Dakar avant de poursuivre ses études en France, à Limoges en langues étrangères appliquées. Cette option involontaire elle avait choisi les maths appliquées débouche en 1991 sur une Maîtrise option affaires et commerce à Nanterre. (Source : SENTOO) Elle habite Paris (2005) depuis lors. Elle travaille comme cadre commercial et elle s'intéresse au secteur culturel de son pays d'origine, le Sénégal. Elle est la présidente de l'association "Black Arts et Culture".
Ouvrages publiés
Sous le regard des étoiles.... Dakar: NEAS, 1998. Roman.
- Mais que diable es-tu en train de faire? - Rien. Pourquoi? - Arrête de bouger, tu m'empêches de me concentrer sur ce qu'il dit! - ... Dans l'avion qui les ramenait vers Paris, le steward se tuait à expliquer le mode d'emploi des gilets de sauvetage et des masques à oxygène. Kiné, une fois de plus, essayait de comprendre le fonctionnement de ces objets car, disait-elle, on ne sait jamais. |
« De par l'éducation qu'elle a reçue, Mada Diop paraissait devoir cheminer sur des axes d'avance tracés par une mère que la tradition a façonnée pour l'obéïssance et la résignation. Mais Mada a décidé de rompre avec cette caricature de la femme. Sa décision d'aller étudier en France est plus qu'une récusation d'un ordre social dominé par le mâle narcissique et perverti par des Ponce-Pilates voués au sacrifice de la jeunesse. C'est une rupture d'avec son passé, rupture d'autant plus inéluctable que son pays, le Sénégal, où elle aura la naïveté de revenir pour servir, n'a rien à lui offrir. En épousant Charles de la Verde, elle consomme une rupture dont sa mère, Yaye Mariame, mourra folle de honte et de chagrin. Mais à cette citoyenne d'adoption, la France raciste n'offre aucune autre perspective d'avenir que la mort par balles sur les pavés de Paris. Sa petite fille Suzanne reflète elle aussi le traumatisme vécu par les immigrés sans patrie ni famille. » (Quatrième de couverture). |
Le Collier de paille. Libreville: Editions Ndzé, 2002. (183p.). ISBN: 2-911464-14-1. Roman. [Prix spécial du jury du Noma Award Publishing (Londres, 17 octobre 2003)].
1er octobre 1999 Il est vingt-trois heures passées de trente-sept minutes. Je suis assise dans la cour intérieure de notre demeure et je regarde une souris se frayer un chemin á travers les plantes du jardin. Je fixe mon attention sur ses moindres gestes et je pense qu'elle est exactement comme moi. Elle flirte avec les turpitudes de sa vie solitaire, loin de toute âme sensible capable d'apaiser ses angoisses. Comme moi, elle doit se sentir seule dans un monde plein de mouvances que seuls les gens décidés arrivent à suivre. Elle s'avance vers moi, indécise, et son regard perçant me scrute dans l'obscurité de la nuit. Elle me jauge. Elle se demande sûrement si elle arrivera à passer son chemin, malgré le danger imminent de ma présence. Je suis à la fois intriguée et curieuse des choix qu'elle devra s'imposer. |
« À Dakar, une jeune femme, cadre, mariée depuis cinq ans
à un journaliste de télévision, connaît un bonheur
sans nuages. Cette « citadine pur-sang » est envoyée en
mission dans un village sérère, non loin des Portes de l'Enfer.
Un seul regard au détour d'un champ et le destin bascule.
Comment braver le coup de foudre et l'interdit lorsqu'on a peur de l'acte comme de l'acte manqué? La passion dévorante qui anime le cœur et les corps fera-t-elle fi d'autant de tabous ? Ce récit, façonné par une plume sensuelle, est savamment construit de retours en arrière et nous plonge dans les méandres de l'éternel débat, ici revisité et réactualisé, entre Tradition et Modernité. Itinéraire destructeur d'une femme aux convictions solides, mais en état de révolte perpétuelle et ébranlée dans sa chair, ce roman est placé sous le signe de l'obsession: celle de l'amour incalculé et envoûtant, ce « sentiment cruel et ingrat qui n'existe que pour rappeler à ses victimes l'ignominie des sens »... Une invitation au voyage dans l'abîme de la sensualité faite femme. » Carole Blanche (Quatrième de Couverture) |
Les violons de la haine. Paris: Manuscrit.com, 2001. (172 p.). ISBN 2-7481-0376-9. Roman.
J'écris, je décris, je m'écrie, Je devise, j'accuse, je récuse. Quand j'écris, c'est pour dire avec mes propres maux, ce que d'autres expliquent avec des mots.
Dans la chambre de Joe, Ousmane tentait de noyer sa peine dans les
litres de bière qu'il ingérait machinalement. Des dizaines de
canettes vides gisaient de part et d'autre de son corps et laissaient
échapper leurs dernières gouttes de larme, dans une agonie
nonchalante. Elles tombaient indifférentes sur le matelas usé de
Joe et inondaient le corps inerte de leur assassin. Elles se confondaient
à peine à celles d'Ousmane, couché sur le dos, les yeux
rivés sur le néant ; elles avaient le goût amer des moments
cruels où une vie chère venait d'être retirée. |
« Ousmane [...] pleurait pour moi, pour lui, pour tous les enfants de l'impasse des mal famés. Sous ses airs de grand dur, je découvris que mon grand frère cachait un coeur meurtri... Val assistait impuissante à notre détresse fraternelle. Sa lèvre supérieure frémissait, ce qui déparait la régularité de ses traits. Visiblement elle souffrait autant que nous. » (Quatrième de couverture) |
Ma sale peau noire. Manuscrit.com, 2001. (232 p.). Roman.
Tu peux toujours courir ! hurlait ma mère du haut du perron où elle se tenait menaçante. Tu ne perds rien pour attendre ! Je jure, par tous les saints, que tu l'auras, ta correction ! - Mais, je n'ai rien fait, protestais-je, à bout d'arguments. C'est elle, c'est elle, ajoutais-je en pointant un index accusateur vers ma sœur Tina. Cette menace que proférait ma mère, je l'avais entendue, maintes et maintes fois. Il ne se passait pas un seul jour où je ne subissais pas les colères ravageuses de Claire. J'étais responsable de ses malheurs, et maman ne se lassait jamais de me le rappeler. Elle avait décidé que je n'étais pas sa fille, malgré les neuf mois pendant lesquels, elle m'avait portée dans son ventre, avant de me propulser dans son monde cruel, qui ne me réservait que les coups de fouet dont elle me gratifiait sans répit. Même en fouillant dans ma plus tendre enfance, je ne me remémore pas un seul instant, où ma mère s'est sentie trop fourbue, ou même un brin maternelle, pour m'épargner les coups de chicotte qu'elle m'assénait depuis ma naissance. |
« Je viens d'avoir seize ans. Je sais que je ne serai jamais comme ces filles aperçues devant des écrans de télévision qui ne semblent pas se soucier de ce que demain sera fait. Je n'ai jamais vécu. Je n'ai fait qu'esquisser les coups mortels portés à ma sale peau noire, je n'ai fait que subir le destin de mes semblables sans jamais me soulever contre la fatalité de ma peau. Mon bonheur est pourtant extrême quand j'ouvre mon frigo et que je vois toute cette nourriture qui n'attend que moi. » (Quatrième de couverture) |
Il y en a trop dans les rues de Paris. Bertoua, Cameroun: Editions Ndzé [https://www.ndze.com], 2005, (78p.) ISBN 2 911 464 26 5. Théâtre.
Scène 1 UNE VOIX OFF (dans le noir) Y'en a marre ! Y'en a vraiment marre ! J'en peux plus, j'en peux plus, moi. J'étouffe. Ras le bol ! Plein la zigounette ! Y'en a trop... Trop dans les rues de Paris ! J'en ai marre, marre, marre. Marre des invasions ! Ces gens-là viennent nous prendre notre pain, notre boulot, nos logements, et même nos femmes. Et personne ne dit rien. Ils vont finir par nous avoir, je vous le dis. Il faut faire quelque chose... |
« Avec Il y en a trop dans les rues de Paris, jamais les paroles suivantes de
Pierre Corneille ne nous auront été si proches : "La
comédie n'est qu'un portrait de nos actions et de nos discours, et la
perfection des portraits consiste en la ressemblance". » Alain Mabanckou
(Quatrième de couverture)
* * Personnages
AMI : Malienne, rescapée des sécheresses de son village d'origine. Elle ne supporte pas la "victimisation" des Africains par eux-mêmes, elle aime l'argent. MOUNA : Beure, rescapée de la guerre de son pays. Il ne supporte pas l'idée d'être pauvre, il aime les belles fringues LE FOU : Camerounais, rescapé d'une secte. Il ne supporte pas les mécréants, il aime Jésus et la Bible. (Il y en a trop... page 4) |
Des fourmis dans la bouche. Paris: Denoël, 2011. (150p.). ISBN : 978-2-20711155-0. Roman.
Premier jeudi de septembre. Mme Renaud me salua comme une assistante sociale salue son cas social, d'une longue poignée de main. Son sourire étalé à l'horizontale donnait à sa bouche l'expression de félicité d'une carpe en eau douce. C'était mon assistante sociale. D'office, quelques mois plus tôt, le préposé à l'accueil du centre de la place Jules-Joffrin me l'avait collée. Elle me revenait de droit. « Votre référent social! » avait-il clamé avec solennité...
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«
Née au Mali, Khadîja élève seule quatre enfants à Paris, dans le quartier de Château-Rouge. Pétrie de double culture, musulmane mais le doute chevillé au corps, elle se retrouve exclue de sa communauté du fait de sa liaison avec Jacques, le père de son fils métis. Cercle après cercle, depuis ses voisines maliennes jusqu'aux patriarches du foyer Sonacotra et à ses propres enfants, Khadîja passe en jugement. Mais cette absurde comparution, où Africains et Européens rivalisent dans la bêtise et l'injustice, réveille en elle une force et un humour inattendus. Tableau intense de Château-Rouge, Des fourmis dans la bouche est porté par une écriture inventive au ton très singulier, fondée sur la double appartenance. Un roman qui dit la difficile liberté d'une femme africaine en France. » (Quatrième de couverture) |
NOUVELLES
"Le désarroi" in Collectif. Je suis vraiment de bonne foi. (Nouvelles). Libreville (Gabon) : Editions Ndzé, 2001, pp. 121-140. ISBN 2-911464-10-9.
"Aïcha". In Ananda Devi, (ed.) Les Balançoires. Yaoundé: Editions Tropiques, 2006, pp. 109-123.
"Un samedi sur la terre" in Nouvelles du Sénégal. Paris: Magellan & cie Editions, 2010. pp. 78-106. ISBN: 978-2-7087-0805-1.
Pour en savoir plus
Gangoueus. "Interview de Khadi Hane à propos de 'Des fourmis dans la bouche'". Chez Gangoueus, 14 septembre 2011. [Consulté le 21 novembre 2011].
Wanda Nicot. "Khadi Hane présente sa première pièce de théâtre : 'Il y en a trop dans les rues de Paris'" Amina 428 (Décembre 2005), p.LXI. [Consulté le 7 janvier 2006].
Il y en a trop dans les rues de Paris. Editions Ndzé, 2005. Compte rendu du Journal "Amina" (Novembre 2005).
Renée Mendy-Ongoundou. "Le collier de paille" ou de l'adultère en Afrique Amina 395 (mars 2003), p. 64. [Consulté le 1er avril 2003].
Paul Yange. Interview de Khadi Hane, auteure du "Collier de paille" GRIOO.com (23 juillet 2003). [Consulté le 11 décembre 2005].
Message de Khadi Hane signalant la parution de deux romans sur le Web. (2001).