CAUCHEMARS
UN RECUEIL DE NOUVELLES DE FLORE HAZOUMÉ
Flore Hazoumé vient de publier chez Edilis à Abidjan, un recueil de nouvelles, intitulé CAUCHEMARS. Ce recueil de neuf nouvelles fantastiques introduit le lecteur dans un univers trouble, hors du temps. |
Avec ce titre qui séduira beaucoup les amateurs de frissons, EDILIS créé en septembre 1992 par Mme Mical Dréhi Lorougnon, propose son cinquième ouvrage.
Aujourd'hui, nous avons rencontré Flore Hazoumé qui nous parle de Cauchemars, son second recueil de nouvelles.
Dix ans après votre premier livre, vous venez de publier le second. Pourquoi tant d'années entre les deux parutions?
En effet, lorsque j'ai publié Recontres aux NEA en 1984, j'étais étudiante. À présent, je suis épouse, mère et je travaille dans la communication. J'ai donc moins de temps disponible. En outre les éditeurs en Côte-d'Ivoire publient moins de littérature générale depuis quelques années, il n'est donc pas facile pour un écrivain de se faire éditer. Il y a peu de temps que je me suis décidée à confier le manuscrit du recueil de nouvelles, Cauchemars, à EDILIS car j'ai connu Mme Dréhi aux NEA et j'ai confiance en elle, elle est très professionnelle.
La couverture de Cauchemars fait penser aux gris-gris. Que cache ce titre Cauchemars?
Cauchemars est un recueil de nouvelles fantastiques. Je traite donc de sujets étranges, de phénomènes surnaturels. Les gris-gris font naturellement partie de cet univers insolite.
Dans votre livre un constat s'impose. Quand une femme a des difficultés conjugales, elle se tourne vers les occultistes. Comme jugez-vous cette attitude?
Il s'agit seulement de la première nouvelle "À malin, maligne et demie!" Il ne faut pas généraliser. N'oublions pas que j'écris du fantastique. Si l'héroïne de cette nouvelle se tourne vers l'occultisme pour résoudre ses problèmes conjugaux, c'est pour moi, juste un prétexte pour entrer dans un monde étrange. Je ne fais aucun constat, je n'ai pas de parti pris. Ces nouvelles ne sont pas moralisatrices, il faut laisser l'imaginaire s'exprimer.
Dans la nouvelle "À malin, maligne et demie!", vous écrivez: "Cette histoire, je la dédie à toutes les femmes. Mais pas à n'importe quelles femmes! À celles qu'une jalousie quasi-obsessionnelle pousse à commettre des actes inconsidérés, voire irresponsables; des actes dont les conséquences dépassent l'imagination." Quel est votre commentaire?
Cette histoire est une boutade, un clin d'oeil à ne pas prendre au sérieux. C'est à mon avis un pur divertissement. Cette nouvelle relate une histoire de tous les jours, que nous avons tous déjà entendue, cela existe certes mais il ne faut pas vraiment croire au pouvoir des philtres d'amour et autres. En Europe comme en Afrique, de tout temps, les hommes et les femmes ont cherché des moyens surnaturels pour obtenir l'amour. Mais je n'y crois pas personnellement.
Cette nouvelle symbolise le triomphe du fétichisme. Grâce au gris-gris enterré dans le jardin, l'épouse réussit à rendre son époux fidèle. N'est-ce-pas une manière d'inciter nos lectrices à "attacher" leur mari?
Pas du tout. Dans cette histoire, il n'y a aucun conseil. J'ai écrit une histoire, c'est tout! Pensez-vous que Mary Shelley croyait réellement au personnage de Frankenstein lorsqu'elle l'a créé?
Flore Hazoumé serait-elle portée sur l'occultisme? Répondez sincèrement.
J'aime les histoires fantastiques, les films de vampire, et pourtant je ne suis pas portée sur Dracula! Chacun a ses positions, quant à moi, je suis catholique, je crois en Dieu et cela me suffit amplement!
La 8ème nouvelle est initulée "Les chats". J'aimerais savoir si le chat a une importance particulière dans l'occultisme?
Le chat noir est l'animal qui fait l'unanimité en matière de magie et de sorcellerie. Que ce soit en Europe ou en Afrique, le chat noir est supposé porter malheur. C'est pour cela qu'il est le personnage principal de cette nouvelle. J'ai voulu montrer que nos sentiments bons ou mauvais restent vivants parfois après la mort et qu'ils peuvent habiter une maison. Dans cette nouvelle, j'ai voulu aussi traiter un sujet brûlant, le racisme, en la situant en Afrique-du-Sud qui était encore, au moment où je l'ai écrite, le bastion de l'apartheid.
Certaines lectrices ne souhaiteraient peut-être pas lire votre recueil de nouvelles, la nuit, à cause des frayeurs qu'il suscite? En êtes-vous consciente?
Le but de la littérature fantastique est de provoquer des frissons. Mais certaines de mes nouvelles n'ont rien d'effrayant. La nouvelle "Obsession" par exemple est une preuve d'amour d'un homme envers sa femme qui ne peut avoir d'enfant. "À malin, maligne et demie!" est un clin d'oeil qui fait sourire. La nouvelle "L'Eldorado perdu" est une sorte d'appel à la paix et à la pureté.
La littérature étant une activité secondaire pour la plupart des écrivains africains, quelle est votre activité principale?
Je dirige une agence de communication. C'est un travail qui me permet de rencontrer beaucoup de gens, de nouer des relations. C'est un travail libéral, sans trop de contraintes horaires qui me permet de concilier ma vie professionnelle et mes activités d'épouse et de mère.
Doit-on attendre dix ans pour lire votre troisième livre?
Je ne crois pas! Je prépare un roman qui aura quelques éléments de fantastique. Je n'en dirai pas plus car je souhaite conserver l'effet de surprise.
Qu'aimeriez-vous que les lectrices retiennent de votre livre?
Je voudrais que les lectrices sachent que mon recueil de nouvelles traite de sujets variés. Chaque nouvelle est différente, les univers décrits ont chacun leurs propres mystères.
Retour à la page de Madame Hazoumé | Autres interviews publiées par AMINA | Retour à la liste générale des auteurs | Retour à la page d'accueil | Retour au haut de la page