Mari Constance Komara vient de publier son premier roman intitulé "Pouvoir de femme", aux éditions Passerelle à Abidjan. Professeur de lettres, elle est titulaire d'une licence en Lettres modernes et d'un DESS en Management et en Gestion et ressources humaines. Elle a été la première lauréate du Prix Isaïe Biton Koulibaly de la Nouvelle organisé par le fan club de l'auteur dont elle est devenue la première vice-présidente. Mari Constance Komara appartient aussi à d'autres associations féminines. Elle est mariée et mère d'une fillette de 8 ans. |
Mari Constance Komara, quelle signification particulière donnez-vous à l'illustration figurant sur la couverture de votre livre ?
La couverture de mon livre est le portrait d'une femme peinte par une ivoirienne de talent : Gina Dick, professeur d'anglais, écrivain et peintre. Le rapport entre cette image et mon œuvre est que dans celle-ci j'évoque un des pouvoirs de la femme, à savoir la séduction physique, et ce tableau en est la représentation.
Vous êtes Mme Diabaté et vous utilisez votre nom de jeune fille pour publier ce livre. C'est une tendance suivie chez les femmes auteurs en Afrique. Comment justifiez-vous cela ?
J'utilise mon nom de jeune fille non pas pour suivre la tendance mais parce que c'est un nom qui ne figure pas dans le répertoire féminin des auteurs. Je me dis aussi qu'ainsi, il sera plus facile à retenir.
En découvrant ce premier livre écrit par vous seule, car la première publication est collective, quelles ont été vos premières impressions ?
Deux sentiments m'ont animée à la vue de mon livre : la fierté d'avoir écrit seule un livre, concrétisant ainsi mon rêve d'adolescente et la satisfaction de voir que mes efforts et mon acharnement n'ont pas été vains.
Présentez-nous le livre à nos lectrices ?
"Pouvoir de femme" comporte onze nouvelles. J'y aborde des aspects de la vie quotidienne des hommes et des femmes. Je parle dans ce livre d'amour, d'infidélité, de polygamie, d'homosexualité, d'inceste...
Pour vous, les femmes n'ont pas suffisamment de pouvoir dans la société et pour quelles raisons ?
Les raisons sont diverses. Mais la plus importante, c'est qu'on ne fait pas suffisamment confiance aux femmes. On les accable de désavantages qui ne sont pas fondés, à savoir que comme elles doivent s'occuper de leur foyer et de leurs enfants, elles ne sont pas disponible; au moment où on a le plus besoin d'elles, elles partent en congés de maternité ou encore on les trouve trop faibles physiquement pour effectuer certains travaux. Tous ces arguments peuvent se gérer. Il suffit de s'organiser et c'est souvent ce que font les femmes qui occupent de hautes responsabilités.
Que préconisez-vous pour la femme africaine afin qu'elle arrache beaucoup plus de pouvoir à l'homme ?
C'est de se battre dans le domaine qu'elle occupe, quel qu'il soit, pour être la meilleure et ainsi montrer aux hommes qu'elle peut mener à bien tous les rôles qu'on lui confiera.
Les hommes pensent que les femmes détiennent tous les pouvoirs dans le foyer. Vrai ou faux ? Comment s'exerce ce pouvoir ?
C'est une réflexion qui est vraie. En Afrique, le foyer est abandonné aux seules mains des femmes, les hommes n'ayant pas ou ne trouvant pas le temps de s'en occuper. Elles s'occupent de la gestion quotidienne de la maison ou de l'éducation des enfants en plus de leur activité professionnelle. C'est cette capacité à concilier tout cela qui constitue le pouvoir de la femme dans le foyer. Néanmoins, quand le foyer marche bien, et que les enfants réussissent, c'est l'homme qu'on félicite; quand c'est le contraire, on jette l'anathème sur la femme.
Votre nouvelle "Dans la cour des jeunes" a été écrite pour répondre à quelle question ?
Cette nouvelle n'est pas une réponse à une quelconque question. C'est tout simplement un sujet que j'ai eu envie d'évoquer, à savoir une relation entre un jeune homme et une jeune femme d'âge mur. Autant on tolère qu'un vieillard épouse une jeune adolescente, autant il faut que les gens cessent de brimer les femmes qui ont dans leur vie des jeunes hommes !
En lisant attentivement "Le chasseur", on a le net sentiment que vous prenez les hommes pour des prédateurs à la poursuite des femmes. Au cours d'une causerie du fan-club, vous affirmiez que les hommes sont des menteurs. Pour vous, quel est l'homme idéal ?
Je n'ai pas les statistiques, mais pour avoir observé autour de moi, je
peux affirmer que la plupart des hommes ne se satisfont pas d'une seule femme.
D'ailleurs, je les qualifie de polygames dans l'âme. Et pour pouvoir
entretenir plusieurs relations sans blesser l'une ou l'autre, ils sont obligés de mentir. Ce n'est pas un procès fait aux hommes, juste un constat.
Je ne crois pas non plus à un portrait d'homme idéal. Pour chaque
femme, son homme idéal c'est celui qu'elle aime, car l'amour masque tous
les défauts.
Vos nouvelles sont d'une grande maîtrise du genre, en particulier "Parjure", "Coup de foudre à Gorée" et "Fify". Pourquoi le choix de la nouvelle et quelle est votre esthétique littéraire ?
Une remarque de ce genre venant de Biton Koulibaly est un grand compliment, et je vous en remercie. J'ai choisi le genre de la nouvelle parce que c'est un genre que j'aime lire et j'ai voulu m'y essayer. Mais avant de soumettre mes textes à des spécialistes, j'ai pris des cours à l'université. Cela m'a permis de corriger des textes que j'avais écrits durant mon adolescence. Ce choix répond à mon idéal de lecture de distraction, de détente: des textes simples, clairs, faciles à lire.
Dans toutes vos interviews, vous ne manquez pas de dire que vous êtes venue à la littérature parce que vos parents vous offraient en permanence des livres. Transmettez-vous ce goût du livre à votre fille et à vos élèves ?
Cela fait partie de mes combats d'éducatrice. Ma fille est curieuse de nature, ce qui fait qu'elle lit tout ce qui lui tombe entre les mains. A mes élèves, je dis que la lecture est la base de la culture et que lorsque l'on est cultivé, on est voué à un avenir brillant.
Pourquoi êtes-vous entrée dans le fan-club lsaïe Biton Koulibaly ? Et quels sont les objectifs de ce fan-club ? A travers cette expérience, n'envisagez-vous pas la création de votre propre fan club ?
J'ai adhéré au fan club JBK à cause de ses objectifs,
à savoir faire sortir le livre des endroits clos où il se trouve,
l'emmener vers les lecteurs, faire aimer le livre.
Les activités de club sont multiples: croisière du livre,
discussions et débats autour du livre... Je n'ai pas la
prétention de vouloir créer un fan club car je viens de
débuter dans le monde de l'écriture. Avant de m'aduler, j'attends
de mes lecteurs des suggestions pour m'améliorer, pour leur plaisir.
Quels sont vos projets en littérature ?
Pour l'instant, c'est la promotion de cet ouvrage qui vient de paraître. Après, je passerai à la préparation du prochain livre.
Votre message aux lecteurs de notre magazine ?
Je leur dirai de persévérer dans tout ce qu'elles entreprennent, de se donner les moyens nécessaires, de mettre de la passion dans leur vie, moteur de réussite.
Propos recueillis
par Isaïe
Biton Koulibaly
Contact: BP 1994 Abidjan 18
E-mail: mariconstancekomaraeyahoo.fr
[email protected] www.fanclub-ibk.com