En politique Mme Ka est conseiller municipal de thièse, membre du comité central du parti socialiste. Au bureau du mouvement national des femmes socialistes elle est secrétaire chargée des affaires éducatives et culturelles. Elle est rédactrice en chef du journal de ce mouvement qui s'appelle "NDAB-LI" - Mme Ka est l'épouse du dramaturge et journaliste Abdou Anta KA et elle est mère de famille. Elle a bien voulu répondre à nos questions.

Femmes,
manifestions folkloriques
et formation politique.

le mot folklore a perdu son sens premier, originel: parce que trop galvaudé, il en est devenu péjoratif. Et pourtant folklore est tiré de l'anglais folklore qui mot à mot signifie le filon (d'or) du peuple, ou la richesse du peuple. Il s'applique le plus souvent à l'ensemble des valeurs culturelles d'un peuple, plus particulièrement dans le domaine de la danse et de la musique. La force d'un parti politique réside dans le nombre important de ses militants qu'il ne cesse de recruter pour devenir plus important, plus grand.
Au risque de me faire mal interprêter, à l'instar du poète-Président Léopold Sédar Senghor qui disait que l'émotion est nègre, la raison hellène, je dois dire que chez nous africains, la vie est une fête. Et les partis politiques l'ont si bien compris qu'ils font appel à la musique et à la danse pour attirer les gens et y recruter les militants. Il fut un temps où le volet animation, en vue d'une mobilisation plus grande des militants, était important. A présent nous avons dépassé ce stade pour nous tourner résolument vers des changements pour promouvoir un parti fort, crédible parce que rénové, regorgeant de cadres compétents et sérieux, aptes à réfléchir sur tous les problèmes de l'heure. C'est la raison pour laquelle, l'on accorde une place privilégiée à la formation idéologique de tous les militants du parti socialiste en général, de la jeune fille et de la femme, en particulier. L'école du parti socialiste, organise régulièrement des cours de formation à l'endroit des militants. De même le Mouvement national des femmes socialistes et le Mouvement national des Jeunes socialistes, au sein duquel existe une section de la jeunesse féminine, comportent dans leurs bureaux respectifs, des secrétaires nationaux chargés de la Formation permanente et ceux-ci sont décentralisés jusque dans le bureau des comités. De même qu'il existe des secrétariats nationaux chargés de l'Education et de la Culture.

Contacts entre femmes des trois partis au gouvernement,
la femme, l'enfant et la famille,
femmes sénégalaises et pesanteurs sociales.

En effet, avec la mise en application du gouvernement d'élargissement de la majorité, il est souhaitable, voire indispensable, que non seulement les responsables des mouvements des femmes des trois partis au pouvoir, puissent se concerter, nouer des contacts et procéder à des échanges de points de vue sur tous les grands problèmes qui interpellent notre pays, mais également que toutes les autres femmes des autres partis d'opposition et les membres des associations apolitiques, puissent avoir des recontres périodiques. Le ministre chargé de la Femme, de l'Enfant et de la Famille a déjà initié ce dialogue. Quant au mouvement national des Femmes socialistes placé sous la présidence de Madame Fatoumata Ka, il ne manque jamais d'inviter à ses conférences, tables-rondes et dîners-débats, toutes les femmes membres d'organisations politiques, apolitiques ou syndicales de notre pays. Ceci pour aller dans le sens de l'ouverture et de la rénovation prônée par le Président Abdou Diouf, Secrétaire général du parti socialiste et renforcer la ligne démocratique qu'a résolument emprunté notre pays. La lumière, la transparence et le respect mutuel, jaillissent de la concertation, de la critique saine, persuasive et constructive, ainsi que des échanges d'expériences.
Notre stratégie pour la défense des droits de la femme, de l'enfant et de la famille, est de suivre et de respecter, tout en les adaptant à nos valeurs de société, toutes les conventions ratifiées par notre pays dans ce domaine. Notamment, la Convention des Nations-Unies de 1979, sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à légard des femmes, celle de Genève sur l'égalité de salaire en matière d'emploi, et celle plus récente, du sommet mondial de l'Enfance qui s'est tenu au mois de septembre 1990 à New-York, et qui a abouti à la signature de la Charte sur les droits de l'enfant. Avec le Ministère de la Femme, de l'Enfant et de la Famille, nous suivons point par point l'application stricte dans les faits, de l'égalité en matière d'éducation, de formation, d'emploi, de rémunération et de promotion sociale entre l'homme et la femme. En effet si les textes nous satisfont entièrement dans ce domaine, c'est dans les faits, que le bât blesse encore et que certains employeurs se refusent encore à promouvoir et à respecter, les droits de la femme. Nous sommes pour une société socialiste, juste et égalitaire où les droits et les devoirs de chacun sont clairement définis et respectés et nous menons une lutte intelligente et progressive contre toutes les formes de pesanteurs sociales rétrogrades, qui risquent de freiner le développement et l'épanouissement intégral de la femme.

Femmes socialistes
et femmes rurales.

La femme rurale sénégalaise a toujours été l'alpha et l'oméga de notre politique de développement; confrontée aux problèmes de santé, de nutrition, d'exhaure, de corvée de bois, ployant sous le joug des travaux domestiques et des maternités rapprochées, nous avons très tôt pris conscience de la nécessité de lui apporter aide et réconfort. C'est ainsi, qu'en étroite collaboration avec certains bailleurs de fonds, le Secrétariat d'Etat à la Condition féminine, puis à la Promotion humaine, le ministère du Développement social et maintenant celui de la Femme, de l'Enfant et de la Famille, notre mouvement s'efforce de procéder à l'allègement des travaux agricoles et ménagers de la femme rurale, par le don de moulins à mil, de décortiqueuses de riz, de concasseurs de noix de palme, de même que par la distribution de tous les outils agricoles de travail contribuant à alléger le travail des femmes rurales.
Notre mouvement entreprend actuellement des tournées au niveau des unions régionales pour mettre en place ou redynamiser les groupements de promotion féminine et les ériger en G.I.E. (groupement d'intérêts économiques) afin de leur permettre d'être plus opérationnels, en mettant en oeuvre des projets de développement fiables, dans le domaine de l'embouchure bovine ou ovine, de l'aviculture, du maraîchage, des champs collectifs et de centrales d'achats.
De même, nous essayons d'organiser nos militantes qui le désirent, dans les P.M.I. et P.M.E., car le secteur informel est très florissant chez nos femmes qui se sont également lancées dans le commerce et l'import-export. L'accès au crédit des femmes pose problème dans la mesure où elles ne sont pas propriétaires des terres et où les banques demandent des garanties financières et foncières. Cependant, grâce aux tontines, qui sont des banques informelles, à la Caisse Nationale de Crédit Agricole (C.N.C.A.), à la Women's World Banking, et aux activités génératrices de revenus qu'elles acquièrent, les femmes arrivent à se tirer d'affaire, merveilleusement bien. Notre pays a ratifié la Convention d'Alma-Ata sur les soins de santé primaire et la Santé pour tous en l'An 2000. Grâce à l'appui et à l'assistance d'organisations non gouvernementales, des cases de santé, des centres et postes de santé et des hôpitaux, s'investissent dans la santé de la mère et de l'enfant. La création de services de santé maternelle et infantile (SMI) va dans le même sens et contribue de façon efficiente à résorber le taux de mortalité et de morbidité néo parentale.

Education des jeunes filles

Notre politique en matière d'Education est celle de l'enracinement et de l'ouverture. Nous devons nous efforcer d'enraciner la jeune fille dans ses valeurs traditionnelles de culture, faites de jom, de kersa et de mûn (sens de l'honneur, retenue et persévérance) et la faire ouvrir aux valeurs de la civilisation moderne en la rendant apte à affronter le monde moderne et à relever tous les défis d'ordre social, politique, culturel et économique qui l'interpellent.