Mariama N'doye épouse Mbengue, est un écrivain sénégalais vivant en Côte-d'Ivoire. Elle vient d'ouvrir au boulevard Latrille (Aghien) un magasin de mode. Nous avons voulu connaître les motivations d'une femme d'affaires pas comme les autres... |
Votre magasin est baptisé "Sipame". Qu'est-ce que cela signifie?
"Sipame" est un village sérère au Sénégal où vivaient mes grands-parents. C'est donc un nom symbolique pour marquer mon attachement à ce village et aussi signifier la nouvelle expèrience que je tente au niveau du travail.
Franchement, je m'étonne de voir un écrivain aussi célèbre et talentueux que vous vendant des vêtements.
Et pourtant, c'est une continuité. La mode et l'art, de la beauté. En plus, j'ai été très longtemps dans la mode. Déjà en 1978-79, j'étais un mannequin célèbre. A Dakar, je défilais en compagnie de Katoucha. J'ai illustré la couverture d'un roman policier de la collection "Scorpion noir". J'ai toujours aimé le beau, l'esthétique. Pour vous rassurer, on trouve dans mon magasin des livres exposés entre des vêtements et des bijoux. Cela permet à ma clientèle de connaître la littérature féminine.
Pourquoi un magasin consacré exclusivement à la mode sénégalaise?
Les Ivoirennes aiment beaucoup la mode sénégalaise. A chaque fois que je retournais à Dakar, pour des vacances, des voisines ou des amies me passaient des commandes. J'ai fini par comprendre qu'il existait une forte demande. Et j'ai alors décidé d'avoir un magasin pour satisfaire sur place, les nombreuses demandes. La mode sénégalaise est caractérisée par le boubou et la dentelle. Elle est ample et correspond à la corpulence des femmes d'un certain Age dont les maris jaloux n'apprècieraient pas des habits à l'Occidentale, c'est-à-dire près du corps et serrés. Toutefois, on ne trouve pas que la mode sénégalaise ici. Je vends des robes marocaines, des chaussures, des sacs, des tee-shirts, etc...
Je remarque, depuis le début de cet interview, que votre clientèle s'intéresse beaucoup aux pagnes...
La lingerie africaine traditionnelle, notamment sénégalaise, connaît en ce moment un très grand succès. C'est une lingerie belle. Elle est sensuelle et séduit irrésistiblement l'homme. Au Sénégal, chaque année, une nouvelle création est lancée avec un petit nom. On a connu "Tyson", "Aïcha Souka". Aujourd'hui, le petit pagno qui est en vogue en ce moment est appelé "les papiers de la maison". On le porte dans l'intimité pour servir à manger au mari. Ce pagne crée une telle tension chez l'homme que si la femme lui demandait les papiers de la maison, il s'exécuterait aussitôt. Au Sénégal, on dit que l'homme se tient par le ventre ou le sexe. Ici, j'ai une très grande variété de petits pagnes vendus avec des perles ou séparément.
La Sénégalaise c'est aussi l'encens. On n'en trouve pas ici?
C'est difficile de vendre de l'encens, car chaque femme a son parfum. Et puis, c'est tellement intime. Il faut vraiment avoir la confiance de la clientèle pour lui préparer quelque chose de spécial. Certains encens jouent le même rôle que "les papiers de la maison".
Comment jugez-vous l'accueil du public depuis l'ouverture du magasin?
Je suis vraiment satisfaite de l'accueil du public. Toutes les personnes qui entrent me félicitent pour mon goût, la présentation, la beauté du magasin et surtout mes prix abordables, même si elles n'achètent pas, elles prennent mon prospectus avec mon adresse: BP 1121 Cedex 1 Abidjan 06 ou mon téléphone 42.16.01. En ouvrant ce magasin, j'ai voulu d'abord me faire plaisir avant de penser aux bénéfices.
Comment recevez-vous les articles?
Essentiellement par commande. Et quand j'ai l'occasion de partir sur Dakar, je reviens avec des marchandises. Ce n'est pas facile pour moi, mais c'est justement cette nouvelle expérience qui me motive. Elle est pour moi très enrichissante.
Votre mari vous aide-t-il dans la gestion de ce magasin?
"Sipame" est déjà un cadeau que m'a offert mon mari. Il trouvait que je m'ennuyais á la maison. Avec ce magasin, je n'ai plus le temps de m'ennuyer. Je vois les gens entrer et sortir. Mon mari en fait trop, même s'il continue d'être mon premier conseiller depuis notre mariage et dans tous les domaines.
Pour terminer...et la littérature?
J'écris toujours. Très prochainement, je vais publier un roman intilulé "Soukey". Et comme je l'ai dit, "Sipame" est une autre occasion de promouvoir le livre féminin.