Berthe-Evelyne Agbo n'écrit pas depuis des années contrairement à certaines de ses consœurs. Mais ses textes viennent d'être publiés dans la nouvelle anthologie bilingue des professeures Irène d'Almeida et Janis Mayes des USA, "A Rain of Words/Une pluie de mots". Des projets, oui, elle en a, et son plus grand souhait est de voir ses textes mis en musique, son roman publié. Elle a publié un seul recueil de poèmes, "Émois de femme", aux Nouvelles Éditions Africaines du Sénégal, en 1997. Elle compte bien s'approprier la poésie à nouveau en développant des thèmes autres que l'amour. |
Outre "Émois de femmes" vous venez de voir vos textes publiés dans l'anthologie bilingue "A Rain of Words", de la professeure Irène Assiba d'Almeida et traduits par la professeure Janis Mayes. Comment s'est faite la rencontre avec la professeure d'Almeida ? Comment recevez-vous la publication de cette anthologie ?
J'ai écrit "Émois de Femme" en 1980 puis je l'ai complété en 1982 par un poème, "Ma Poupée", un des poèmes figurant dans l'anthologie. Le recueil a été publié très tardivement, en 1997, grâce aux encouragements d'amis et de mon entourage qui m'ont incitée à le partager avec le public. La professeure Irène Assiba d'Almeida est tombée dessus lors d'un de ses déplacements au Sénégal. Elle a alors pris contact avec moi, il y a environ trois ans, pour me demander l'autorisation de citer quelques-uns de mes poèmes dans l'anthologie qu'elle voulait réaliser. J'ai trouvé son projet très novateur pour diverses raisons. En effet, les femmes africaines, en général, trouvent peu le temps d'écrire. Savoir, de surcroît, que beaucoup écrivent des poèmes a été une révélation pour moi. Nous consacrer une anthologie sera sans nul doute une surprise pour beaucoup de lecteurs.
De quoi parlent vos textes ?
D'amour, l'amour qu'un jour toute femme a ressenti: amour chagrin, amour joie, amour maternel, amour séduction, dialogues avec l'être aimé. C'est le moteur des poèmes.
Quelle influence la musique a-t-elle dans votre vie ? Jouez-vous d'un instrument de musique ? Cela vous tente-t-il de mettre en musique vos textes ?
La musique a une très grande influence dans ma vie. Elle me permet de m'échapper du train-train quotidien. Elle me procure un bien-être immense qui compense toutes les privations, quelles qu'elles soient. J'aurais aimé faire de la chanson mon métier. Cela n'a pas été le cas, alors j'en fais un passe-temps. Je joue du piano mais plus d'oreille. Pour moi, c'est le plus agréable des instruments de musique, en dehors de la guitare. Bien évidement, j'adorerais que mes poèmes soient mis en musique! J'y pense. Mon souhait serait de rencontrer "le compositeur" qui saura leur trouver la mélodie en phase avec leur sens profond.
Pour qui écrivez-vous ?
D'abord pour moi. Les poèmes sont nés sans difficulté. Ils naissaient tous seuls sous ma plume. Ce fut un plaisir d'avoir écrit tout un recueil et plus encore d'avoir pu le partager avec des lecteurs.
Vous vous êtes essayée au roman : a-t-il été publié ? Si oui, en quelle année et de quoi traitait-il ?
L'écriture d'un roman est tout autre. Beaucoup de gens écrivent, notamment des femmes. J'aimais les lire et un jour je me suis dit: "Pourquoi pas moi ?" Il faut avoir plus que de l'imagination pour écrire un roman. Je le prends comme un défi à remporter sur moi-même. Actuellement, ce n'est qu'une ébauche de roman. Je m'attelle à le rendre intéressant en créant une atmosphère et un environnement captivants où évolueront mes personnages. Il est donc à parfaire. C'est tout ce que je peux en dire pour le moment.
Vous vivez actuellement en France. Peut-on penser que la culture française a eu une influence dans votre œuvre romanesque et poétique ?
Absolument. Déjà, nous n'avons pas vraiment la chance de pouvoir écrire dans nos langues africaines. La langue française est celle dont je dispose. D'autre part, en ce qui me concerne, la culture française est celle que j'ai d'abord découverte et qui m'a imprégnée. Elle est le socle sur lequel se sont ensuite greffées la culture béninoise et la culture sénégalaise que j'ai intégrées plus tard dans ma vie. Donc, oui, c'est vrai, la culture française transparaît dans mes poèmes, par la forme, mais le fond est africain, car je baignais dans l'atmosphère africaine lorsque je les ai écrits.
Quelles étaient vos principales tâches à l'institut culturel africain et quelles politiques culturelles mettiez-vous en avant ? Le travail à l'institut impliquait-il de nombreux voyages en Afrique ?
J'ai commencé par y assurer la fonction de responsable par intérim du service des conférences. Il s'agissait, bien sûr, de préparer l'organisation des conférences annuelles des ministres de la culture des Etats membres. Leur accueil, leur séjour et l'organisation de leurs réunions de travail. C'était un travail collectif. J'étais plus que secondée par les cadres et employés de l'Institut. C'est ainsi que j'avais aussi le temps d'aider le service de traduction en traduisant des comptes-rendus de réunions de l'anglais vers le français. Mais je n'ai pas eu, pour ma part, l'occasion de voyager dans le cadre de cette fonction. Plus tard, j'ai intégré le service de Recherches et de Documentation de l'Institut et j'avais alors pour tâche le traitement des documents audiovisuels. L'objectif de l'Institut était d'aider les Etats Membres à planifier leurs propres politiques culturelles. C'est ainsi que j'ai pu découvrir un peu mieux la culture africaine. Aussi, les souvenirs que je garde de mes activités au sein de l'Institut sont les meilleurs de ma vie professionnelle.
Un dernier mot à nos lectrices ?
Je serais très heureuse que les femmes se reconnaissent dans mes poèmes et que les femmes africaines soient fières qu'une anthologie soit dédiée aux femmes poètes africaines. Je n'ai pas eu connaissance que de telles anthologies aient été réalisées sur les femmes écrivains des autres continents. Si c'était le cas, j'aimerais bien savoir où les trouver.
Propos recueillis
par Léontine Bilombo Tsibinda
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