Amaka Brocke dite Laurette d'Almeida, a collaboré avec Marc Cave pour écrire cet ouvrage. Originaire du Ghana, elle a vécu au Togo, puis en Europe. Elle a exercé pendant deux ans le métier de couturière. Mariée et mère de quatre enfants, elle suit ensuite une formation et travaille pendant cinq ans dans une maternelle, puis ouvre un restaurant-traiteur, "Chez Laurette". Interview. |
Vous avez écrit un roman sur votre enfance malheureuse, pourquoi ?
Mon but était de laisser un héritage à mes enfants et, en tant que mère, j'ai cherché à comprendre pourquoi la mienne m'a éloignée d'elle et de ma famille pendant onze ans.
Qu'est-ce que Marc Cave a apporté à cet ouvrage ?
Il a fallu huit ans pour que ce livre voie le jour. Marc m'a apporté son expérience de l'écriture, et son soutien m'a aidée à avoir davantage confiance en moi.
Vous n'avez pas supporté d'être séparée de votre famille ?
Ce qui m'a fait le plus mal, c'est qu'on m'ait posée à un endroit comme un sac, sans rien m'expliquer. J'ai été envoyée chez ma grand-mère au Togo ; ne parlant pas un mot de togolais, j'ai très vite été confrontée à la barrière de la langue. La tradition dit qu'une femme d'un certain âge ne doit pas rester seule, c'est pour cela que je devais être auprès d'elle. Agée de 13 ans, au décès de mon père, je suis retournée au Ghana où j'étais alors devenue une étrangère.
Pourquoi ce silence, alors que vous avez été violée par votre beau-père et son fils ?
Plongée dans la tristesse suite à la mort de mon père, les viols ont commencé et il m'était interdit de prononcer un seul mot. Je devais subir en silence et ne rien laisser paraître à l'extérieur, que ce soit dans le quartier ou à la maison. Un mélange de terreur et de peur me faisait garder ce lourd secret.
Etes-vous guérie de votre enfance ? Comment acceptez-vous la vie et famille ?
Avec le recul, j'essaie de la prendre du bon côté. Mon grand bonheur ce sont mes quatre enfants qui me donnent vraiment de la joie.
Avez-vous songé à une suite ?
Je réfléchis à un deuxième roman qui serait la suite du premier, mais placé sous le signe de l'espoir, racontant ce qu'elle est devenue, comment elle s'est construit un avenir. Le message que je veux faire passer est le suivant: la tradition ne doit pas nous empêcher de penser. L'enfant c'est l'avenir d'un pays et le sacrifier ne peut que lui nuire.
Propos recueillis
par Wanda Nicot