La fête des mères c'est l'occasion de prouver à sa maman chérie qu'elle compte énormément, qu'elle occupe une place importante dans notre vie. C'est aussi l'occasion de lui offrir un cadeau, de lui dire combien on l'aime, de penser à elle en lui passant un coup de fil, en lui envoyant une carte, de passer un peu de temps avec elle, de faire la fête ! Une maman, qu'elle soit mère au foyer, femme de ménage, avocate, professeur, vendeuse au marché ou ministre est unique et irremplaçable. Nous devons lui témoigner du respect, lui rendre l'amour et l'affection qu'elle nous donne tout au long de notre vie, bref lui rendre hommage en ce jour qui lui est dédié. C'est ce que fait Ghislaine Sathoud, écrivain du Congo Brazzaville et grande militante pour l'amélioration de la condition féminine en Afrique, dans les lignes suivantes. |
D'où vient la fête des mères et pourquoi cette initiative ?
On retrouve des traces des fêtes célébrant les femmes depuis la Grèce antique. Cependant, la fête des mères, telle qu'elle se présente aujourd'hui, est née aux États-Unis et a été fêtée pour la première fois en 1914.
À l'occasion de cette fête, plusieurs questions me viennent à l'esprit. Le rôle de mère est-il une menace pour l'épanouissement de la femme ? Quelle est la contribution d'une mère et son rôle dans l'éducation des enfants ? La maternité est une période transitoire qui apporte des changements radicaux dans la vie des femmes. Peut-on concilier les droits des femmes, particulièrement l'émancipation, avec le rôle de mère ?
Que représente la fête des mères ?
C'est une occasion de rendre un hommage bien mérité à toutes les mères, et à toutes les femmes finalement. Comme le souligne un rapport du Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF) sur la situation des femmes et des enfants dans le monde en 2007, les droits des femmes et des filles sont intimement liés. C'est en 1870 que Julia Ward Howe, une écrivaine féministe américaine, lançait un appel aux femmes pour la Fête des mères. Elle demandait aux femmes de s'engager pour la paix. Une opposition à la guerre. Un hymne à la paix. Finalement, la journée nationale a été décrétée par le président Woodrow Wilson le 14 mai 1914. De ce fait, le sort des mères concerne toutes les femmes. Les problèmes des mères font partie intégrante du combat des femmes.
Un symbole de la lutte des femmes...
Les femmes luttent encore et toujours pour changer le monde. La fête des mères est bien le symbole de cette lutte acharnée. Cette fête représente tant de choses à mes yeux...
La maternité ?
La maternité est un événement important dans la vie d'une femme, mais elle peut devenir aussi un drame. Le Fonds des Nations Unies pour la population publie chaque année une mise à jour du rapport consacré à la mortalité maternelle "Accoucher en de bonnes mains". Il convient de souligner que les problèmes des femmes ne sont pas semblables d'une région à une autre. L'accouchement en est un exemple. En effet, il n'est pas perçu et appréhendé de la même manière dans tous les coins du monde. Cependant, pour toutes les femmes du monde, l'accouchement est un moment palpitant. Une halte d'espoir pour donner la vie.
Femme à terme ou terme d'une vie ?
L'accouchement constitue la fin d'une étape et le début d'une autre. Il est à la fois, la fin de la grossesse et le début d'une vie. Plusieurs actions sont menées dans le monde pour la réduction de la mortalité maternelle. Le Congo Brazzaville a organisé le 17 novembre 2005 la première "Journée nationale de lutte contre la mortalité au Congo" avec l'appui du Fonds des Nations Unies pour la population. Les 20 et 21 septembre 2006, le Gabon mettait l'accent sur la santé des femmes à travers des journées sur le thème "morbi-mortalité maternelle et néonatale au Gabon: état des lieux".
Dans la société africaine, une femme qui ne peut pas donner la vie rencontre plusieurs difficultés, surtout auprès de sa belle-famille. Elle subit une pression incroyable de cette dernière. La survie du couple en dépend. Précisons également que lorsqu'un couple ne peut pas avoir un enfant, c'est la femme qui est d'office la cause du problème. Est-ce parce que le mot stérilité est féminin ? Peut-être, autrement, quelles raisons fondées peuvent expliquer ces accusations gratuites qui ne relèvent toujours pas d'un bilan médical ? Un dilemme ! Ne pas avoir d'enfant est une source de tristesse. Décider d'en avoir peut s'avérer un risque, voire même un danger de mort... Une raison de plus d'assurer aux femmes des conditions sécuritaires pour que l'accouchement apporte une véritable joie après des mois difficiles. Nous osons croire que par des initiatives et par des actions concrètes, ce sera possible pour les femmes de donner la vie en "toute sécurité". De faire en sorte que l'accouchement ne constitue plus un risque d'échanger sa vie contre une autre. Il est possible d'aller au bout de ses rêves et de surmonter avec succès l'accouchement qui apparaît parfois comme un cauchemar, un ouragan destructeur. Nous osons croire que les nombreuses actions de sensibilisation réussiront à faire de la "maternité sans risque" une réalité.
La maternité apporte de nombreux changements dans la vie des femmes.
À l'occasion de la fête des mères, je pense à toutes ces femmes qui perdent la vie pour la donner. Comment ignorer le sort de celles qui doivent tuer leurs filles à la naissance à cause des pressions sociales ? Attendre tous ces mois, faire autant de sacrifices pour finir ainsi ? En effet, des recherches prouvent que les infanticides persistent dans certaines régions du monde. Des femmes tuent leurs filles parce que la naissance d'une fille est encore considérée comme une malédiction de nos jours.
Je pense à ces veuves qui se retrouvent seules avec les enfants, dépouillées de tout, au nom des coutumes et des traditions. Je pense aux filles d'aujourd'hui qui seront les femmes de demain. Je pense aux femmes africaines. Je pense aux femmes dans le monde.
J'ai une pensée particulière pour les femmes africaines qui vivent en Occident. Il faut rendre hommage à ces femmes qui sont d'un côté déchirées par l'éducation des enfants qui vivent dans un environnement différent de la culture d'origine, et qui doivent donner le meilleur d'elles-mêmes pour prendre une place dans cette société. Tout en notant que parfois elles vivent isoléees, loin de la famille restée dans le pays d'origine.
Je me retrouve dans ces femmes-là. J'ai touché du doigt cette réalité. Alors que mon premier enfant est né en Afrique où je jouissais du soutien de ma mère, de ma grand-mère, disons des femmes de la famille. Et quand je parle de soutien, c'est au vrai sens du terme. J'ai ressenti la différence lors de la naissance de mon deuxième enfant né au Canada.
C'est toute une différence. Les mères africaines en Occident ressentent le vide et l'absence de la famille. J'ai parlé de ce sujet dans mon essai intitulé "Les femmes d'Afrique centrale au Québec". D'ailleurs, en ce qui me concerne, j'ai eu des "pauses maternités". Il fallait absolument m'adapter à tous ces changements... Mon rôle de mère m'a forcée à prendre des pauses. Je ne le regrette pas car c'était pour une noble cause. D'ailleurs, ce n'est pas fini ! Une mère est obligée de s'organiser tous les jours pour concilier ses activités. Tout se fait en tenant compte des enfants. C'est un défi quotidien.
Les femmes doivent continuer de lutter d'arrache-pied.
D'une manière générale, les femmes sont souvent obligées de faire d'énormes sacrifices. J'ai donc une pensée pour ces femmes qui se fendent en quatre pour réussir à concilier toutes leurs obligations. J'ai une grande admiration pour les efforts de ces mères. J'aimerais tout d'abord souhaiter une bonne fête des mères à ma mère que je remercie infiniment pour tout ce qu'elle a fait et qui a contribué à faire de moi ce que je suis aujourd'hui. Et bonne fête des mères à toutes les lectrices d'Amina, à toutes les femmes qui sont la fois mères, guides, confidentes, enseignantes, soignantes... Elles ont toute mon admiration !
Propos recueillis
par Nicole Mikolo