Rosemonde AHOU DE SAINTANGE
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    Née en 1934 en Haute-Savoie (France), Valérie Roullard (alias Rosemonde Ahou de Saintange) est arrivée en Côte d'Ivoire en 1961. Elle a vécu une trentaine d'années à Aboisso où elle tenait une boulangerie industrielle avec son mari. Rentrée en France à l'âge de la retraite, elle s'est mise sérieusement à l'écriture pour, dit-elle, « se distraire et s'occuper l'esprit ». En ce qui concerne son pseudonyme, elle en expliquait l'origine comme suit : "Rosemonde, car enfant je dessinais et signais mes dessins de ce prénom; Ahou qui veut dire jeudi dans la région de Côte d'Ivoire où je vis et je suis née un jeudi; de Saintange parce que le nom m'a plu et que le S rappelait la première lettre de mon nom d'épouse".

    Le Camp : une nouvelle extraite du recueil Les Enfants du soleil (1998).

    Ouvrages publiés


    Sang et larmes d'Afrique. Paris : La Pensée Universelle, 1989. (274p.). ISBN : 2 214 07841 X. Roman.





    Le tam-tam résonne sourdement dans le lointain, au village que nous venons de quitter, mes compagnes et moi, guidées par les matrones, dont ma grand-mère. Nous marchons dans la nuit étoilée et éclairée par la lune toute ronde et brillante, depuis au moins deux heures et les effets de la fatigue conjugués avec l'heure tardive – il doit être aux alentours de minuit – nous font ralentir le pas, mais aussitôt, les matrones nous invectivent pour accélérer notre marche.
    Nous savons que nous allons assister à une cérémonie dont nous serons les principales actrices, mais sans plus, du moins pour moi.
    J'ai neuf ans, mes compagnes sont un peu plus âgées. Nous arrivons à une jolie petite clairière en pleine forêt. Les matrones nous ordonnent de nous arrêter là.


    « Sang et larmes d'Afrique » est un roman qui mêle joies, souffrances, larmes et rires vécus par l'héroïne, Moana. Rosemonde Ahou de Saintange nous entraîne dans une aventure au quotidien totalement dépaysante qui dépeint la vie rude de la brousse africaine.. » (Quatrième de couverture)

    Les Enfants perdus. Paris : La Pensée Universelle, 1989. (122p.). ISBN : 2 214 08062 7. Contes et nouvelles.





    KAANI

    Le petit Kaani, vigoureux, plein de santé et d'énergie adore écouter les contes et récits de son grand-père, le soir autour du feu où tout le village est réuni. Malheureusement, chaque fois la même chose se reproduit, il n'en entend à peu près que la moitié. Il s'endort terrassé par la fatigue de la journée qu'il passe à courir, à jouer, à se rouler dans la poussière pour ensuite s'ébattre dans l'eau du marigot, avec les autres bambins de son âge. Tous les soirs, il se dit : Aujourd'hui, je saurai la fin, je me cramponnerai tant que j'y parviendrais. Pourtant immanquablement au cours du récit, ses yeux se ferment malgré lui et il succombe au sommeil !
    – Grand-père, grand-père, je t'en prie raconte-moi une histoire. Ce matin il pleut, nous ne pouvons pas jouer dehors et je m'ennuie. Redis-moi le conte du Boulanger s'il te plaît ?


    « Les enfants perdus est un recueil de contes et de nouvelles tirés pour la plupart de faits divers authentiques, dénonçant la corruption de la société et se voulant quelque peu moralisateurs. » (Quatrième de couverture)

    Table des matières
    – Kaani
    – Le faiseur d'anges
    – L'enfant à la poubelle
    – Overdose
    – Le sacrifice
    – Les larmes de l'aube
    – Equinoxe
    – La rose et le papillon
    – La vengeance
    – Les dessous du voile
    – Le chauffard
    – La fumée du bon dieu
    – Kaani

    L'Inspecteur Koffikan. Paris : La Pensée Universelle, 1990. (150p.). ISBN : 2 214 08498 1. Deux nouvelles policières.





    La lune rousse, rousse comme une tache de sang séché en plein ciel, éclabousse de ses rayons rougeâtres la terre sombre et mystérieuse. Par instants des bribes de nuages déchirés par le vent lui voilent la face. Peut-être ne veut-elle pas voir ce qui se trame dans les ténèbres. Des ombres suspectes se faufilent à travers les taillis et suivent des sentiers sinueux. Des feulements, des bruissements inquiétants animent l'air moite et irrespirable de la nuit. Le temps est à l'orage. Le tonnerre par intermittence gronde dans le lointain. La tourmente va-t-elle se déclencher ? Non les grondements s'atténuent, s'estompent puis se taisent définitivement. L'astre tout là-haut continue sa route. Bientôt l'aube le fera basculer dans l'oubli.
    Un hurlement d'effroi éclate près de la rivière...


    « Ces deux nouvelles policières révèlent les fines déductions d'un policier qui dévoile tout le mal que peuvent provoquer les sentiments de vengeance ou d'envie. » (D'après la quatrième de couverture)

    Le Makoré. L'Epine-aux-Bois : ABACA, 1997. (192p.). ISBN : 2 84227 014 2. Roman.





    CHAPITRE PREMIER

    Les vagues ondulantes de la forêt qu'un souffle léger faisait frémir et s'ébouriffer comme une chevelure, se perdaient dans son immensité même, dans son infini.

          « ......... et la brûlante Afrique
          Tout un monde lointain absent, presque défunt,
          Vit dans tes profondeurs, forêt aromatique ! »
          (« La chevelure » « Les Fleurs du Mal »).

    Cette réminiscence de ses lectures lycéennes avait surgi dans la mémoire de Georges. Les branches de ses arbres, agitées par la houle du vent, l'hypnotisaient irrésistiblement. Il regardait fixement l'océan glauque de sa forêt. Il était plaqué au sol de l'Afrique par amour, par haine, par besoin, terrassé par ce lutteur éternel : le temps ! Le temps qui passe, le temps qui efface les souvenirs.

    « Etrange arbre que ce magnifique Makoré ! Splendeur de la forêt, orgueilleux et fier, auréolé de mystère énigmatique comme l'étaient les rêves de Georges. Rêves qui le portaient toujours plus loin et l'amenaient aux bords des abîmes de l'illusion dont les parois escarpées semblaient s'ouvrir pour l'ensevelir à jamais.
    Son esprit vagabondait jusqu'aux portes de l'infini, libre et serein. Puis les songes s'estompaient. Georges rejoignait le réalité ou il retrouvait la belle Samanka à la peau d'ébène, audacieuse et fidèle, escaladant victorieuse les pentes abruptes des chemins et des sentiers de la brousse africaine vibrante de sortilèges. » (Quatrième de couverture)

    Les Enfants du soleil. L'Epine-aux-Bois : ABACA, 1998. (128p.). ISBN : 2 84227 061 4. Nouvelles.





    LES FLEURS DU DESTIN

    Sur la lagune, le vieux pêcheur Kruma, arc-bouté dans sa pirogue, lançait son filet d'un geste ample et sûr. Le filet s'envolait avec grâce dans les airs et, l'espace d'une seconde, restait suspendu entre ciel et eau, puis s'ouvrait en une corolle brillamment colorée par les rayons du soleil frappant de plein fouet les fines mailles joliment teintées. Le filet retombait souplement sur les flots et doucement s'enfonçait en un large cercle miroitant, illuminé par le chaud soleil d'Afrique.
    Le vieux pêcheur, dont le visage tanné, sillonné de rides, avait la couleur cuivrée d'une poterie d'argile, passait la plus grande partie de sa vie dans sa pirogue, à pêcher sur la lagune – cette immense Lagune Ebrié aux eaux claires et tranquilles lorsque le soleil brillait, ou grises et insondables si le temps instable et le vent violent de la saison des pluies les agitaient...


    « Ce recueil de nouvelles, nous plonge dans des histoires africaines troublantes, mystérieuses, avec la mort en embuscade. Certains personnages sont effrayants de cruauté, d'autres remplis d'amour et d'abnégation. Ces récits nous entraînent malgré nous dans les méandres sinueux des chemins de l'âme humaine dans un mélange d'obscurité totale, d'éclosion de vie et d'éclats de soleil » (Quatrième de couverture)

    Table des matières
    1. Les Fleurs du destin
    2. Inceste
    3. Faim et Fin
    4. La Féticheuse
    5. Le Camp
    6. Maïmouna
    7. Maïssa
    8. Afric-Haine

    Le Thé des hommes. Paris : Editions des Ecrivains, 2002. (244p.). ISBN : 2 7480 0837 5. Roman.





    Une douce brise agitait les feuilles du manguier sous lequel M. Zozo, en short, en samaras, torse nu, faisait la sieste, du moins le tentait-il désespérément, car des pleurs d'enfants, des bruits indistincts, des voix féminines querelleuses troublaient la paix de ce début d'après-midi et tout ce remue-ménage empêchait le maître de maison de se reposer tranquillement dans son hamac tendu entre deux branches du grand arbre de la cour familiale! M. Zozo s'agita soudain, furieux, glissant avec agilité de sa couche mobile; il se remit sur pied et lança en fulminant:
    - Ne peut-on trouver un peu de repos dans cette cour et profiter d'une bonne sieste? N'avez-vous pas bientôt fini de vous disputer? Ç'est terrible ça, il ne se passe pas de jour où je ne sois dérangé par vos cris ou vos jérémiades.
    Un grand silence suivit cet éclat. Chacun s'était tu, même les plaintes du bébé avaient cessé...


    « L'Amitié est un trésor inestimable, un bien précieux qu'il faut sauvegarder absolument. Nos deux amis le savent. Ils protègent ce sentiment du plus profond de leur cœur, de leur âme. Chacun d'eux a ses petits travers, pour ne pas dire défauts, mais ceux-ci ne font que conforter l'amitié qu'ils l'éprouvent l'un pour l'autre. Les deux hommes, malgré leurs différences et leurs oppositions, ou peut-être à cause d'elles, sont à jamais unis. Leur amitié partagée restera intacte envers et contre tout. » (Quatrième de couverture)

    Les Enfants des Alizés. Paris : Editions des Ecrivains, 2003. (244p.). ISBN : 2 7480 1491 X. Nouvelles.





    LES ENFANTS DES ALIZÉS

    Le soleil se levait sur la lagune Ebrié.
    Abidjan, la perle des lagunes, la bien-nommée, enchâssée dans un écrin de verdure, s'éveillait. Sur l'eau, les premiers bateaux-bus commençaient leur navette. Ils transportaient tout d'abord les ouvriers des entreprises, puis, un peu plus tard, les employés des différents bureaux et, en dernier lieu, les fonctionnaires. Le disque d'or montait avec lenteur et majesté dans le ciel d'azur. Les oiseaux, à l'unisson, saluaient triomphalement le nouveau jour dans un concert de chants et de cris joyeux.
    Dokrou, le pêcheur, d'un geste d'une amplitude et d'une sûreté parfaites, lança son filet dans le scintillement irisé de l'onde; des myriades de gouttelettes l'éclaboussèrent, puis retombèrent en silence.


    « Dans ce recueil de nouvelles, nous sommes confrontés aux noirceurs de l'âme humaine. Les vices, l'immoralité de certains personnages sont révoltants. Cependant, la générosité, l'abnégation et l'amour de certains autres nous réconcilient avec la vie et nous apportent l'espoir. » (Quatrième de couverture)

    Table des matières
    – Les enfants des alizés
    – L'énigme de l'inspecteur Koffikan
    – La Marie-Savoie.
    – Un hôte indésirable.
    – Le puits
    – Maïssa


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    Editor ([email protected])
    The University of Western Australia/French
    Created: 29 June 2006
    Archived: 13 October 2011
    https://afrique.arts.uwa.edu.au/Ahoudesaintange.html