Henriette AKOFA Click here for English translation |
Henriette Akofa est née à Sokodé au Togo en 1979. Elle
passe son enfance dans ce pays, au sein d'une famille nombreuse. En 1993, une maîtresse de
son père lui présente une femme
très élégamment vêtue qui habite
à Paris. Elle propose de prendre Henriette avec elle et de subvenir
à tous ses besoins, notamment son éducation, en échange de quelques menus
travaux domestiques. C'est dans ce contexte qu'Henriette débarque
à Paris en janvier 1994. Très vite Henriette découvre qu'elle n'est pas en France pour aller à l'école mais pour travailler : préparation des
petits-déjeuners, accompagnement de la nièce à
l'école, tournée des ambassades africaines pour vendre les
vêtements de la "tante" aux employées, repassage, vaisselle,
lessive etc. Neuf mois plus tard, on la confie à une des amies de la famille,
une Mauritanienne enceinte, mariée à un français, PDG
d'une grande entreprise, mais sa situation ne s'améliore nullement. Elle
tente de s'enfuir, mais privée d'éducation et de papiers
d'identité, sa marge de manœuvre reste très limitée.
Suite à l'intervention d'une voisine, elle est secourue par le Comité contre
l'esclavage moderne. En 2003, après avoir réussi un concours
d'entrée dans une école d'aides-soignantes, elle obtient un
diplôme d'auxiliaire en gériatrie. Elle travaille désormais
à mi-temps dans un hôpital et s'occupe des personnes
âgées. (D'après une interview de H. Mbouguen publiée
dans Grio.com [11/08/2003])
Ouvrage publié
Une esclave moderne. Paris : Michel Lafon, 2000. (216p.). ISBN 2 84098 548 9. Autobiographie. [Avec la collaboration d'Olivier de Broca. Préface de Robert Badinter].
À Sokodé, derrière la maison, passé les champs de maïs et de millet, il y a le fleuve. Un fleuve large, avec une eau claire comme celle d'une fontaine, qui bondit en cascade sur les rochers. Les devoirs finis, nous dévalons le sentier, nos pieds nus évitent les cailloux et laissent des empreintes dans la terre meuble. Mes frères et sœurs se jettent à l'eau, ils s'éclaboussent ou vont pêcher des crevettes. Moi, je les regarde sagement depuis la rive. Je suis la seule à ne pas savoir nager. Un jour, une de mes sœurs m'a prise sur son dos, elle a couru jusqu'au fleuve et, au lieu de me déposer sur la berge, elle a plongé. Mes cris d'effroi ont été engloutis. J'ai cru me noyer. Depuis, j'ai peur de l'eau. |
Henriette a quinze ans lorsqu'elle arrive du Togo à Paris. On lui a
promis monts et merveilles, et surtout qu'elle irait à l'école.
Au lieu de cela, elle va trimer pendant quatre ans sans relâche, sans
salaire, sans papiers, sans un coin à elle pour pleurer en paix.
Abandonnée par sa lointaine famille qui ne croit pas à sa
misère, surveillée, humiliée, elle doit tout subir dans la
peur, jusqu'à tomber malade, jusqu'à ne plus penser...
Elle a écrit ce livre, sans haine ni sensiblerie, pour se libérer de sa souffrance. Mais aussi pour toutes celles et tous ceux qui demeurent aujourd'hui exploités, parfois battus, privés de leur dignité humaine, dans un monde lisse et barbare : le nôtre. (Quatrième de couverture) |
Pour en savoir plus
Hervé Mbouguen. Henriette Akofa, esclave en France au 20ème siècle. grioo.com 11/08/2003. Interview. [Consulté le 11 novembre 2004].
Editor ([email protected])
The University of Western Australia/French
Created: 14 Nov 2004
Modified: 22 June 2009
Archived: 21 October 2011
https://www.arts.uwa.edu.au/AFLIT/AkofaHenriette.html