Mariama BARRY Click here for English translation |
Originaire de Guinée, Mariama Barry est née à Dakar. Elle connaît une enfance difficile dans la capitale sénégalaise : d'abord le traumatisme de l'excision puis, quelques années plus tard, le divorce de sa mère qui l'oblige à prendre en charge les tâches ménagères de la famille. Elle est l'aînée de sept enfants, alors « le cahier d'école cède la place aux tâches ménagères » (Interview du Monde Diplomatique, Juin 2000). Arrivée en France, elle entreprend des études supérieures de droit et de notariat. Son « autobiographie romanesque », La petite Peule (2000), raconte son expérience de fillette africaine et dénonce la mauvaise application des traditions, l'égoïsme des adultes, l'excision, la non-scolarisation et la descolarisation des filles. Mariama Barry vit et travaille à Paris. (2004)
Ouvrages publiés
La Petite Peule. Paris: Mazarine, 2000 (270p.) Autobiographie romanesque. ISBN: 2-863-74322-8
Une sourde inquiétude m'étreignait depuis quelques jours, sans que je sache exactement pourquoi. Une sourde inquiétude m'étreignait depuis quelques jours, sans que je sache exactement pourquoi. J'aurais pu déceler la menace véritable à de secrets indices, comme le petit gibier de nos savanes. J'en étais pour I'instant incapable. Hier encore, je me sentais heureuse d'entendre le bruit que faisaient mes perles autour de ma taille fluette. Mes perles étaient en forme de losanges, de demi-lunes multicolores sur plusieurs rangées. J'avais également des gris-gris, des obliques, des croisés (pour me protéger contre le mauvais oeil et la mauvaise langue) ; un bracelet de cuivre à la cheville avait remplacé la petite clochette que j'avais quand j'étais beaucoup plus jeune, et - dont le bruit permettait à ma mère de me situer. Je portais des dibés*. Tous ces objets pesaient bien lourd. Je ne savais pas depuis combien de temps je les avais. je les portais depuis toujours.
* Boucles d'oreilles en or que les mères peules mettent à leur
fille.
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Naître au Sénégal n'est peut-être pas une bénédiction du Ciel. Mariama Barry en sait quelque chose. Elle trouve les mots pour évoquer les émotions de son enfance et son itinéraire. Au cours de celui-ci, elle croise le mépris, l'incompréhension, et subit de profondes blessures physiques et morales. Elle ne se plaint pas : elle raconte. Et raconter, c'est se révolter : contre le machisme imbécile, contre la mauvaise application des traditions culturelles et contre cette suprème injustice pour un enfant: l'égoïsme de l'adulte... (Quatrième de couverture) |
Le cœur n'est pas un genou
que l'on plie. Paris: Gallimard, Continents noirs, 2007. (202p.). ISBN: 978-2-07-078396-0. Roman.
Entre l'école des filles de Dakar, la faculté de droit de Paris Assas et le Centre de formation professionnelle du diplôme de notaire, j'allais faire mes classes, et pas avec les moindres magistères: Lénine, Marx, Che Guevara, Nkrumah. Cela aurait pu être Mao en Chine, Castro à Cuba, mais c'était la Guinée, sous Sékou Touré. Pour l'enseignement préuniversitaire et universitaire, le Président faisait de plus en plus appel aux coopérants du bloc de l'Est. Ce fut la ruée des Bulgares, des Polonais, des Allemands de la RDA, des Roumains, des Tchécoslovaques et surtout des ressortissants soviétiques. Nous avons été surpris par tant de misère, jusque dans leur dénuement vestimentaire qui en étonnait plus d'un: pour tous, chemise blanche à manches courtes, au col élimé, et pantalon gris. Ils vivaient en vase clos. Les Soviets, partenaires privilégiés du moment, tiraient profit du poisson grâce à des droits de pêche. |
« Le parcours d'une toute jeune fille contrainte de se prendre en main et qui
résiste, sous un dictateur des indépendances, aux coutumes
ancestrales et aux malversations humaines... C'est, dans la Guinée de
Sékou Touré débordant d'armes, de slogans, de bidets et de
chasse-neige envoyés par l'URSS, l'histoire, au style transparent plein
d'ironie, de muette tendresse et d'humour, d'une Candide rusée dont
voici quelques titres de chapitres balisant et sauvant la vie d'une
éducation socialo-ubuesque...
« La tête sans savoir portera les fardeaux... La chance est au bout des pieds... Nul ne connaît l'histoire de la prochaine aurore... La pointe de t'épine se forme quand t'arbre est jeune... Il n'est pas meilleure cohabitation que les dents et la langue... N'ayant rien payé pour son physique, on n'a aucun mérite s'il est beau... Voir la panthère et prétendre l'ignorer, c'est s'attendre à ses griffes... L'héritier d'un noyé ne doit pas jouer sur les rives... Quand toutes les barbes prennent feu, chacun s'occupe de la sienne... »
Des chapitres parmi tant d'autres qui s'ouvrent pour une savoureuse et souvent cruelle histoire, celle de la jeune narratrice à la volonté farouche - apprendre dans les livres pour se libérer dans la vie sans devenir une « prime de craie » pour les prétendus profs qui se paient en jeunes beautés, ni une prime de sang embrigadée par le Régime - dans un monde où l'être humain vaut moins que l'âne qui le porte... » (Quatrième de couverture) |
Pour en savoir plus
Renée Mendy Ongoundou. "Mariama Barry 'La Petite Peule'". Amina 362, (Juin 2000), p.35.
Brigitte Pätzold. "Révoltes africaines : Itinéraire d'une femme. Le Monde Diplomatique (Juin 2000). [https://www.monde-diplomatique.fr/2000/06/PATZOLD/13840.html] [Consulté le 20 décembre 2012].
Gaëlle Guernalec. "Mariama Barry, l'écriture et la vie". France Soir 13 avril 2000. (Recension fournie par l'auteur, [272K]).
NB. "Après sept ans d'absence, Mariama Barry signe 'Le cœur n'est pas un genou que l'on plie'". Amina 445 (Mai 2007), pp.70 et 72.
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Editor ([email protected])
The University of Western Australia/French
Created: 6 July 2000
Modified: 1 June 2007
Archived: 20 December 2012
https://aflit.arts.uwa.edu.au/BarryMariama.html