Marion DIBY ZINNANTI Click here for English translation |
"Je suis française et ivoirienne, née à Paris en 1960, d'un père ivoirien et d'une mère allemande et française. J'ai deux sœurs qui vivent l'une en Suisse, l'autre en Grande Bretagne. J'ai vécu en Afrique jusqu'à l'âge de 29 ans. Puis, fin 1989, suis partie travailler à l'ONU à Genève. Lorsque mon époux (Italien et Suisse) a vendu son magasin à Genève et pris sa retraite, on est parti s'installer à Avenches. Je dois dire que la région est magnifique: la cuisine succulente, les gens sympathiques, la culture et l'histoire présentes partout, malgré l'urbanisation qui avance. Bref, je viens d'une famille assez cosmopolite comme vous pouvez le constater.
Mes parents se sont connus étudiants à la Sorbonne, à Paris. Lui venait d'Afrique, elle d'Allemagne. Ils sont partis vivre en Afrique. Les deux cultures étaient présentes au quotidien, ma mère adorait l'Afrique et cuisinait parfois des mets africains, mon père parlait un peu allemand. Mes parents m'ont très tôt transmis le goût de la lecture et des voyages. J'ai aimé lire Balzac, Emile Zola, John Dos Passos, mais aussi les auteurs africains et d'autres encore. Les livres ont ceci de merveilleux, qu'ils peuvent vous transporter dans des univers divers, vous racontent des histoires extraordinaires et vous font réfléchir. Bref, le livre vous offre une initiation permanente à la vie.
Pour moi, la décision d'écrire s'est faite dans la douleur. Elle résultait d'une double prise de conscience: le fait de vivre loin de l'Afrique et la possibilité limitée de voyager (le billet coûte cher). Ce manque d'Afrique m'a poussée à prendre la plume, à la fois comme un exutoire (rompre la monotonie de ma vie en explorant le monde grâce à l'imaginaire) et comme un moyen de combler une absence d'Afrique. Comment garder une partie de cette Afrique que j'avais connue? Voilà la question qui s'est posée à moi.
L'écriture m'a semblé une réponse évidente et l'idée d'écrire un roman situé au Cameroun a eu pour origine une dépêche qui avait capté mon attention à l'époque. En deux ou trois lignes, elle mentionnait la disparition de jeunes gens dans des conditions étranges au Cameroun. Cela m'avait paru si extraordinaire que des personnes puissent disparaître ainsi, que je me suis mise à imaginer des développements, des suites, des rebondissements. Et ce faisant, j'ai créé des personnages, inventé des situations, imaginé la réaction des proches des victimes. Comme je n'avais jamais voyagé dans ce pays, j'ai du consulter des infos sur la toile, des cartes pour découvrir les peuples, la culture, la gastronomie, l'histoire. On disait que le Cameroun est l'Afrique en miniature parce qu'on y trouve tous les climats, les paysages... Et petit à petit mon roman a pris forme. La recherche et l'écriture du roman fut la partie la plus exaltante. J'ai choisi le style du roman policier parce que j'aime lire des polars; je voulais une enquête avec du suspense, des rebondissements, de la culture pour transporter le lecteur dans un univers différent, particulier à l'Afrique, avec des personnages attachants. Bref offrir un voyage initiatique pour permettre de découvrir certains aspects de la culture africaine tels que la gastronomie, certaines atmosphères, la musique, l'humour." [Email de l'auteure, 15 avril 2015].
Ouvrage publié
Kwata, Makossa et turbulences à Kamanda ou les damnés de Kamanda. Paris: Editions La Bruyère, 2002. (103p.). ISBN 2-84014-879-X. Roman.
De fines gouttelettes de sueur perlaient sur son front. Machinalement, Ndonga s'épongea à l'aide d'un mouchoir. Il était tout juste dix heures du matin et il était en nage. Sa chemise en coton lui collait à la peau. Ndonga éprouvait la désagréable sensation de se liquéfier dans un brasier humide. Dès le matin, une lumière vive inondait la ville qui s'animait. Sur le comptoir de la petite gargote installée sur la route du port, trônait un poste de radio qui diffusait de langoureuses notes de Bitkutsi. Ndonga laissa son regard errer sur le comptoir encombré de bouteilles vides. Ndonga aimait se laisser bercer par cette musique qui lui rappelait son enfance. Il se souvenait qu'à l'origine, le Bikutsi était une danse traditionnelle exécutée avec brio par les femmes de la région du Béti, son terroir natal. A cette heure matinale, le maquis était encore vide. Affalé sur un des tabourets bancals, Ndonga sirotait son verre de whisky, sa boisson préférée, tout en ruminant de sombres pensées. Dieu merci ! pensait-il, on ne l'en avait pas privé et il pouvait encore se l'offrir. Pour combien de temps, ça c'était une autre histoire. Durant ses deux ans d'incarcération, le seul breuvage capable d'atténuer ses souffrances lui avait cruellement manqué. |
Après une longue incarcération, l'opposant politique Ndonga est libéré. Mais, il comprend très vite que la remise de peine qu'on lui a accordée l'écarte définitivement de la politique. Pourquoi l'a-ton destitué de ses droits politiques, qui sont ses ennemis ? Pour gagner son pain, il retourne à son métier de journaliste. Au même moment, un fait inédit défraie la chronique dans la capitale économique : plusieurs jeunes hommes sont portés disparus. Sont-ils encore vivants ? Pourquoi les a-t-on enlevés ? Pour tenter de les retrouver, Ndonga et son ami Amang mènent une enquête discrète auprès des parents des victimes. Entretemps, les rumeurs les plus folles alimentent une atmosphère déjà tendue par les révélations d'abus commis par les forces de l'ordre chargées de lutter contre la criminalité. La peur, la suspicion et la corruption s'en mêlent, compliquant davantage l'enquête des deux amis. La perspective d'enjeux électoraux avive les passions, certains individus proches du pouvoir en place n'hésitant pas à recourir à des moyens extrêmes pour écarter les adversaires gênants. A la suite de représailles, les deux journalistes comprennent que leurs investigations dérangent. A eux de découvrir qui et pourquoi. Qui a orchestré les disparitions et dans quel but ? (Quatrième de couverture) |
Pour en savoir plus
Recension de Kwata, Makossa et turbulences à Kamanda ou les damnés de Kamanda [2013].
Editor ([email protected])
The University of Western Australia/French
Created: 16 July 2003
Modifed: 17 April 2015
Archived: 17 April 2015
https://aflit.arts.uwa.edu.au/DibyZinnanti.html