OSËN
    (Prononcer "Ossène", écureil en langue Beti, au Cameroun)
    Un poème de Monique Bessomo

    Prière de lire la notice sur la protection des droits d'auteur





    Monique Bessomo
    août 1996
    Toi qui cries sur le safoutier
    A la nature tu exprimes ta pensée
    Sans te préoccuper de ton entourage
    Qui avec toi est dans le feuillage.

    Chez nous les hommes ce n'est pas pareil
    Avant de sortir un son, nous épions environnantes oreilles
    Pourtant nous tuons les abeilles
    Et du cruel acte nous présentons merveille.

    Jamais nos coeurs nous n'étalons
    Par crainte de peur nous n'inspirons
    Ou de tortueuses interprétations
    Nos idées souffriront.

    Si comme toi, crier je pouvais
    Dans le vent et à haute voix
    En exprimant mon abîme avec joie
    A tous mes semblables je dirais :

    Trop, trop, c'est trop, c'est trop !
    Que de cruauté dans les coeurs des humains !
    Que de pauvreté sur les bords des chemins !

    Trop, trop, c'est trop, c'est trop !
    Que de corps jaugeant les humains !
    Que d'enfants pleurant sans parents ni consolants !

    Trop, trop, c'est trop, c'est trop !
    Que de femmes fuyant sans maris sans enfants !
    Que de jeunes vaguant avec des coeurs meurtris !

    Trop, trop, c'est trop, c'est trop !
    Que de méchanceté dans ce monde évolué
    Que de misère dans ce monde civilisé !

    Je crierai encore plus fort
    Utilisant même le cor
    Disant :
    C'est étonnant qu'en temps
    Moderne
    Où coulent
    En flots les accords :
    Accords de paix
    Accords d'entente
    Accords de ceci
    Accords de cela
    Qu'abondent tant
    De désaccords !

    Eclatements au Nord
    Eclatements au Sud
    Eclatements à Gauche
    Eclatements à Droite !

    Accusant timbale
    Accusant tribale
    Blessures religieuses
    Blessures politiques

    Dans ce tourbillon
    Que dites-vous Unions ?
    Et vous Unités ?
    Etes-vous dépassées ?
    Ou simplement fatiguées ?

    Les entrailles explosant
    Je demanderai directement :

    Alors Nations Unies
    Alors Unité Africaine
    Etes-vous ébahies
    Ou simplement surprises ?

    Si tel est le cas
    Changez le pas
    Révisez vos façons
    Revoyez vos patrons :

    Non
    Plus d'ourdis
    Plus de comédies.

    Au lieu de donner du pain
    Eteignez l'étain !
    Au lieu de couler du mercurochrome
    Arrêtez le chrome !

    Tout cela je ne le peux
    Qu'à mon intérieur !
    Pourtant je m'étouffe et je m'en veux
    De ne pouvoir faire mieux.

    Nous les hommes
    Sommes tous hypocrites
    Par la conformité même
    De notre nature stricte
    C'est pour cela
    Que nous vous mangeons
    Tes semblables et toi.

    Si le chasseur avec son arme arrivait
    Sais-tu dans quelle rive tu te retrouverais ?
    Certain que ce soir tu serais
    Dans un plat, et bien rôti
    C'est regrettable, mais c'est ainsi
    Cher Osën, mon ami !


    [Retour à la page de Monique Bessomo] | [Un autre poème de Monique Bessomo] | [Rencontre de David Ndachi Tagne avec Monique Bessomo en 1996] | [Page d'accueil du site "Lire les femmes"]
    Editor: ([email protected])
    The University of Western Australia/French
    Created: Tuesday, 17 September 1996
    https://aflit.arts.uwa.edu.au/IneditBessomo.html