SI SEULEMENT...
    Un poème de Rabiatou Njoya

    Prière de lire la notice sur la protection des droits d'auteur

    D'allure altière,
    Il aborde la vie,
    Plein de dégoût
    Pour tous ceux qui l'envient.
    Mais le savent-ils ?
    Savent-ils que cet homme du jour
    Est une chauve-souris la nuit ?
    Que ce gentleman des grands salons
    Est un vampire à ses heures ?
    Oh ! si seulement
    Il pouvait faire autrement!

    Le ventre redondant
    Il sacrifie jour et nuit à Bacchus.
    Au repas pantagruelique bien arrosé
    Il voudrait ajouter la luxure;
    Et traite d'avares ceux qui ménagent leur santé
    Leur bourse et cultivent leur physique
    En guise de loisir.
    Mais si seulement ils savaient leur bonheur !
    Si seulement ils savaient que
    Ce gargantua est aussi un Harpagon.
    Cryptomane congénital
    Il se réfugie dans l'alcool et la bonne chaire
    Pour ne pas se voir dans un miroir.
    Oh ! si seulement il pouvait faire autrement !
    Mais hélas ! Nature oblige.

    L'incarnation de la sagesse c'est toi.
    Le chantre de l'honnêteté c'est encore toi
    Prêt à critiquer mes moindres errements
    Oublies-tu, oui as-tu oublié
    Que l'adultère c'est ton affaire ?
    Que l'hypocrisie est ton fort ?
    Que le cerveau national des Faymen* c'est toi ?
    Oh ! si seulement tu pouvais faire autrement !
    Oui s'il pouvait en être autrement.

    Plus généreuse qu'elle tu meurs.
    Cette créature est généreuse pour les deux sexes
    Car dit-elle la vie est courte;
    Car dit-elle son corps lui appartient.
    Elle est généreuse pour la galerie.
    Elle est généreuse pour le vice et pour l'argent.
    Elle est victime des moeurs particulières,
    Dont le contrôle lui échappe.
    Mais elle brime sa mère, réduite à mendicité.
    Mais elle rejette ses enfants devenus sans abris.
    Oh ! si seulement elle pouvait faire autrement.

      Dieu ! à la vérité
      Si elle, lui, eux et nous n'avions
      Un autre "Moi" différent du "Je" apparent ?
      Un "Moi" qui nous dicte ses lois
      Un "Moi" qui nous mène à sa guise et nous tient
      Et souvent à notre corps défendant ?
      Le monde ne serait pas ce qu'il est.
      Et Dieu cesserait d'être Dieu.


    Rabiatou Njoya
    Yaoundé, 1er août 1996

    * Faymen = escrocs


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    The University of Western Australia/French
    Created: 9 October 1996
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