Trois poèmes d'Amina Sow Mbaye |
[Le Temps de la plage] [Education de base] [Saint-Louis du Sénégal]
Je sais, belle plage,
A présent que les ans ont envahi les coeurs,
Adieu, ô temps de la plage.
© Amina Sow Mbaye
Que tu n'as rien oublié.
Immuable et splendide
Témoin de notre jeunesse,
Tu fus témoin de la joie,
De l'insouciance et de l'amour
Que nos coeurs épandaient
Sur ton sable blanc, sous ton ciel bleu
Devant l'océan vert au chant de rêve
Que le souvenir s'estompe et se brouille,
Ton sable est mât, ton ciel gris,
Et terrifiante ta vieille mélodie
Qui tente de combattre l'oubli
Mais, hélas !
Mais demeure, ô toi
Plage de notre jeunesse,
Plage d'une autre jeunesse.
Ne promène pas ton bébé en poussette;
Le temps te manque, ô, femme noire !
Porte-le sur ton dos,
Pile le mil et chante;
Il dansera au rythme du pilon,
Au rythme de l'Afrique.
Ne parle pas à ton bébé
Ne cloître pas ton bébé dans ton palais
La langue des autres.
Tu ne saurais lui dire
Qui tu es, qui il est.
Descends parfois avec lui
Dans la case des vieux.
Montre-lui, à la lueur du foyer,
Les mortiers de ta mère,
Ses calebasses, ses canaris.
De tout cela il se servira;
© Amina Sow Mbaye
A l'abri des fausses hontes il sera;
Et les hauts sentiments,
De là, il puisera.
Saint-Louis du Sénégal, ô ville du silence
Ville d'eau, asile de repos pour tes enfants
Ville historique aux mille et un sites glorieux,
Saint-Louis du ciel bleu et des exclusivités,
© Amina Sow Mbaye
Vieille cité du grand combat libérateur,
Tu ne dors que d'un oeil car tu es la patience
Ta beauté, ton calme et ta fraîcheur de toute heure
Animent tes rues d'un monde cosmopolite.
Qui, revenus de loin, jouissent pour un moment
De la vie paisible qu'on ne quitte qu'à regrets.
L'hospitalité dont tu détiens le brevet
A place dans tout discours en ton sein prononcé
Tu lèves sur le monde ton front de cocotiers
Plus de belles signares, ni de chameaux poudreux,
Plus de rouges spahis, mais ton regard altier
Veille sur tous tes petits, de près ou de loin.
Beaux couchers du soleil, belles régates joyeuses,
Bon riz au poisson, de rires gais assaisonné,
Du ciel et de la mer, lieu de l'Idylle heureuse,
Tu peux dormir tranquille, île de Ndar, île d'amour.