Une fenêtre encore ouverte
Celle d'un monde en mal d'enfant
Un oui qui grince
Une porte qui hésite entre enfer et paradis entre vérité et oubli
Un regard qui se cherche
Et une main tendue crispée
Ne referme pas les volets
Ne refuse pas le soleil
Tu verras tu liras en braille
De tes prunelles déchirées
Les meurtres couleur d'eau erreur terreur zig-zag
Tes yeux brutalisés
Aveuglés par la cendre et la lave
Un éclair de sang dans la pleine lumière des tiroirs éventrés
Le martèlement jaune
des silences violés
Ne referme pas les volets
Ne refuse pas le soleil
Un groupe passe Des pas claqués au macadam des jours
Dans les bois de la contrebande
Et des slogans des mots des cris toujours et encore
Plus vite plus fort plus épais clous marteaux fouets galets
On vole on assourdit
Vos consciences endolories
Cinquante chemins sont forcés
Sciés
Dans la douceur de vos prairies
Ne referme pas les volets
Ne refuse pas le soleil
Le nuage passe et s'arrête encre d'ombre
Et la pluie tombe fils d'argent plomb fondu
Les papillons deviennent noirs et les gens marchent sur la tête
L'écrit semble exploser
A l'horizon martyrisé
Vous là-bas
Qui n'êtes plus qu'un cri qu'on n'entend même pas
Toi le demi-noyé
Ne referme pas les volets
Ne refuse pas le soleil
La poussière au fond des fossés la haine déchéance
Sans bruit sans qu'on y prenne garde
Subit une métamorphose
Les sables changent de couleur la glèbe luit au creux des mains dures
Du scarabée
De la tortue
Et du caméléon tes frères
© Françoise Ugochukwu, 1997