Elles passaient, s'estompaient puis disparaissaient
Pieds nus ou même en samaras, bien silencieuses
Les ombres du passé, un peu mystérieuses
Par la piste ou la forêt, tout droit s'en allaient.
Parfois elles se penchaient sur mon enfant blonde
S'amusaient sans se soucier du reste du monde
Puis, comme à l'accoutumée, le pas reprenait
De la même foulée et d'un rythme parfait.
La trop large cuvette remplie de bananes
Bien campée sur la tête, à même un coussinet
Ou le gros fagot de bois, pesaient, en effet
Incroyablement pour traverser les savanes.
Pourtant, c'étaient-là les tâches de chaque jour
De ces courageuses terriennes d'alentour
Qui n'avaient pour seul horizon que le village
La case, la tradition, puis le mariage.
Et voilà que certains soirs, autour d'un grand feu
Le rêve à travers les flammes devint un jeu
Jusqu'à devenir l'idée précise qui perce
Pour apparaître sous les formes du commerce.
C'est ainsi que les ombres noires du passé
Au grand jour ont manifesté leur volonté
Elles ont abandonné les chemins de terre
Pour s'engager sur la route du savoir-faire.
Elles ont marché sur les traces du progrès
Et se sont manifestées au cours de congrès
Les ombres du temps passé se sont dissipées
Elles se sont concrétisées et imposées.
Elles ont fait cesser la domination
Que l'homme leur imposait par tradition
Elles ont laissé place à une ardente flamme
Au grand jour elles se sont battues pour la Femme.
Grâce à vous, Hortense, Aïcha, Ketty, Léo
Les femmes sont prêtes pour les années futures
De la vie politique aux plus vastes structures
Elles font autorité par-delà Tokyo.
Dans l'ombre du temps actuel, je rends hommage
À ces jeunes femmes si pleines de courage
Et je ne peux qu'écrire pour les remercier
De faire honneur aux femmes du monde entier.