Diana MORDASINI Click here for English translation |
Diana Mordasini est née à Saint-Louis du Sénégal, alors capitale de l'AOF. Sa grand-mère
maternelle, morte il y a quelques années à l'âge de
quatre-vingts-dix-huit ans, était une Diop Mar
et son grand père maternel un Fall Matheuw. Pour quiconque connaît
l'aristocratie saint-louisienne,
ce serait comme dire les Windsor et les Bourbon. Mar Diop, l'illustre
maire de Saint-Louis
pendant la période coloniale, (décédé en 1952) et le Lieutenant Papa Mar
Diop, officier de l'armée française,
mort pendant le bombardement de Caen, juste avant la fin de la guerre de
14, médaillé de la Croix de Guerre
et de la Légion d'Honneur pour mérites militaires, étaient,
respectivement, ses oncle et grand-oncle. Son arrière-
grand-mère Madeleine recevait le gouverneur Faidherbe, et plus tard
Pierre Loti, dans ses salons.
Son père, Prince de Sine-Saloum, Kahone, Mandakh, Diakhao et
N'Doukoumane fut, entre autres un des
dirigeants des Messageries Sénégalaises. Un des membres fondateurs du
BDS, devenu PS, il devint par la suite
questeur de l'Assemblée Nationale, maire d'une grande ville du Saloum,
puis ambassadeur itinérant.
Diana Mordasini a fait des études de Lettres classiques à la Sorbonne.
Après un passage dans les milieux
de la mode, elle a dirigé, de 1972 à 1976, le bureau des relations
internationales de l'agence Omniapress
de Milan, où elle tenait la rubrique "Arts et Culture" du bulletin
quotidien. Diana Mordasini, qui parle
et écrit six langues européeennes, plus le chinois, l'arabe
et le turc, est journaliste indépendante.
Elle habite en Suisse (2002), pays dont elle a acquis la nationalité il y a vingt ans.
Ouvrages publiés
Bakary est de ces êtres que le murmure d'une rigole transporte, irrésistiblement vers des embouchures de rêve, où les petits bateaux en feuilles de cahier deviennent des vaisseaux capables d'affronter les tempêtes. Au cours de tels voyages, les lampadaires et enseignes dont les reflets se succèdent dans le goudron mouillé sont autant de ports aux noms inventés, ou livrés par la mémoire. Surpris au retour d'un dîner, ou sortis, exprès, ces promeneurs-là savent, avec la même délectation que d'autres mettraient à rouler une cigarette, extraire d'une poche de leur imperméable, une chère et vieille casquette de tweed, et s'en couvrir le chef, après l'avoir fait tourner entre les doigts. Le col vert-de-gris, ou kaki, relevé, ils s'ébranlent. Croisières interdites aux maquillés délicats, aux "coiffés-de-frais" aux poussinets à la bronchite facile, en bref, à tous ceux qui, dès la moindre perle d'eau sur le revers d'une main, courent se mettre à l'abri, pour ménager le chevreau de leurs souliers. |
L'Apartheid, théorie du développement séparé,
aboutit parfois au rapprochement de gens que ni le pays ni la race, ni
même l'éducation ne destinaient à se côtoyer. Tel
Bakary DIOP, le kid de Saint-Louis de Sénégal. Tel encore Van
Hoeck, l'héritier des Boers. Au-delà de la camaraderie virile, ce
rapprochement suppose l'engagement idéologique à
démanteler le bastion du racisme. Etre tout entier au salut de l'homme
aliéné par le système, s'associer au bon Blanc pour
combattre le mauvais Noir. Portée par les réminiscences
personnelles. nourrie de mythes modernes, l'intrigue fomente le rêve sans
occulter la réalité. La quête de l'égalité
raciale prend les apparences d'une quête de l'absolu. On peut guérir de la folie. Du désespoir des grandes causes on ne guérit pas. Et la mort de Bakary DIOP, à l'instar de celle d'lan Patocka, ressemble plus à l'expiation d'un échec personnel qu'à la ruine d'un projet de société. (Quatrième de couverture) |
La cage aux déesses. Première partie: De fil en meurtres. Paris: Société des écrivains, 2002 (440p.). ISBN : 274800289X. Roman.
A demi allongée sur un divan, Clara Dornois a la robe coincée sous la jambe d'un homme qu'elle ne pourra plus considérer comme un ami. Aucune technique permettant d'échapper aux étreintes non agréées, ne semble, pour le moment, appropriée. Au temps où l'expression « société civile » était à la mode, Edgar Dunabis avait refusé un portefeuille ministériel en proclamant son mépris pour les politiciens. Ce qui ne l'empêcha pas d'apporter son aide au gouvernement, par le biais d'initiatives contre le chômage et pour l'intégration des jeunes immigrés. Il sourit, sans cesser d'entortiller l'unique bretelle de la robe. Cette fraction de seconde suffit à Clara pour lui envoyer un coup de rotule là où les hommes sont particulièrement sensibles, tout en le projetant par-dessus le canapé. A son arrivée, elle avait posé, sur un coussin du même rouge que sa robe, une gourme de satin, sertie de diamants. Elle s'en empare. Tant pis pour le châle andalou. |
La cage aux déesses. Seconde partie: Les yeux d'Ilh'a. Paris: Société des écrivains, 2002 (512p.). ISBN : 2748002903. Roman.
Bigordot est le surnom d'un village du sud de la France. Une seule construction y est en béton: le pont Cézanne. Seigneuriales ou seulement coquettes, les maisons sont en pierre de taille. Les couleurs des portes et fenêtres disputent à la lavande le soin d'égayer la vallée. « Au secours! » La population de Bigordot trouve « Cézà » plutôt laid, mais s'était battue pendant vingt ans pour l'avoir. Pour traverser la rivière Briquette, autre surnom, et aller travailler à l'usine sud-coréenne de motos, implantée à une quinzaine de kilomètres de là, les jeunes n'allaient plus être condamnés à un détour par la bourgade voisine, fière de son antique pont de pierre. Cela prenait deux heures. Désormais, les uns y vont a pieds, les autres à vélo, motocyclette ou en voiture. « Au secours! » |
Dans ce roman en deux volumes, "De fil en meurtres" et "Les yeux d'ilh'a", Diana Mordasini, journaliste, traductrice et artiste suisse raconte les itinéraires croisés de trois femmes, sur fond d'intrigues mystico-policières. Guidées, à leur insu, les unes vers les autres, Clara, Agnès et Katie se retrouveront chargées d'une mission hérissée de dangers. Il n'y aura guère de place pour le hasard dans cette épopée, hélas rattrapée par l'actualité, où la quête de liberté et le souci pour chacune d'elles de préserver son indépendance, iront de pair avec la volonté d'aider ceux et celles qui, de par le monde, en sont privés. Elles se heurteront sans cesse à l'étroitesse d' esprit et à la folie. D'autres prénoms de femmes, comme Djuna, Thaïs et Line viendront brouiller les cartes, mais ce ne sera que pour mieux les redistribuer, au bénéfice d'une juste cause: le rejet des dictatures aux "masques de Foi." |
Pour en savoir plus
Simon Kiba. «Diana Mordasini, écrivain », Amina 269 (sept. 1992), pp.28-32. Interview.
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Editor ([email protected])
The University of Western Australia/French
Created: 23 December 1995
Last updated: 18 July 2002
Archived: 19 December 2012
https://aflit.arts.uwa.edu.au/MordasiniDiana.html