Chantal Julie NLEND
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    Chantal Julie Nlend née Ngo Mbo est camerounaise. Elle est originaire de la forêt tropicale du littoral, en pays Bassa. Née au début des années 60 et intéressée à la littérature depuis son adolescence, elle écrit à ses moments perdus, c'est-à-dire lorsque l'entretien de ses enfants et ses activités de technicienne en sciences pharmaceutiques lui laissent un peu de temps. (D'après la quatrième de couverture de Batailles...)

    Ouvrages publiés


    Batailles de bâtard. Yaoundé : Proximité, 2004. (220 p.). ISBN 9956-429-00-7. Roman.





    A mon amie.
    Merci de m'avoir acceptée. Je n'en demandais pas plus. Le temps nous a fait défaut, je ne doute pas un seul instant que tu aurais fini par m'aimer avec tout mon moi et malgré tout.
    Les derniers jours se sont avérés trop serrés, j'aurais voulu te dire de vive voix que j'étais comblée par ta présence. Tu as su me redonner confiance dans cette ville où la force des commérages et la bassesse des uns avaient fini par me faire douter de mon bon sens.
    Tu es venue juste quand je me demandais si je n'étais pas infréquentable ; tu m'as connue au moment précis où je créais le vide autour de moi. Faute d'une vraie amitié, je me contentais du néant...



    Si Chantal Julie Nlend a choisi de s'intéresser au cas des enfants naturels — peut-on lire au dos du livre — c'est que l'auteur a remarqué que leur condition était encore moins enviable que celle des orphelins.

    Une adolescente qui faisait la fierté de son père est bannie de la concession familiale lorsqu'elle accouche d'une petite fille, hors mariage. Le bébé est alors confié à sa grand-mère mais la fillette - puis l'adolescente qu'elle devient - semble à jamais condamnée à subir la disgrâce qui pèse sur sa mère. Enfant du déshonneur, elle est brimée par sa famille et doit se battre pour mener à bien les études qu'elle a entreprises. (D'après la note de l'éditeur)

    Ménages d'Afrique (Les sacrifiés). Yaoundé: Presses Universitaires de Yaoundé, 2005. (254p.). ISBN: 2-84936-025-2. Roman.





    Chapitre 1

    La malade

    L'introduction dans la salle d'intercession d'une jeune et belle femme, constituait une curiosité.
    La scène se passe dans le bureau du curé d'une paroisse de la ville de Douala. Ceux qui viennent y suivre ce qu'ils croient être de l'exorcisme, sont en majorité des hommes et des femmes d'âge mûr, rarement quelques étudiants surmenés font aussi la queue dans l'antichambre.
    Notre curé est plutôt jeune. Parallèlement à la nouveauté qui veut que laïcs et ministres de culte se livrent à des incantations destinées à la chasse aux démons sur des malades névrosés, le Père Pierre a opté pour une psychothérapie qui fait ses résultats.



    Une femme ayant épousé son mari contre l'avis de sa belle famille recontre de nombreuses difficultés et après d'innombrables visites chez des tradipraticiens qui ne l'aident guère à résoudre ses problèmes, elle s'adresse à l'équipe d'écoute formée par le Père Pierre...

    Calvaire de drépanocytaires. Yaoundé: Editions Ifrikiya, 2008. (176p.). ISBN: 9956-473-05-7. Roman.





    1. L'antichambre

    Il est sept heures du matin,
    Tous munis de tambourins,
    D'insomnie boursouflés,
    Nos yeux larmoyants,
    De nos rates gonflées,
    Expriment impuissants,
    La surdose de novalgin,
    Ou celle de l'aspirine,
    Couplée à de l'hydergine.
    Gardez vos rangs ! dit l'infirmière, crânement dodue et outrageusement maquillée, dans sa blouse éclatante de blancheur.



    « A un âge où les enfants adorent jouer sous la pluie, barboter dans la boue, manger tout ce qui leur tombe sous la main, je ne comprenais pas que je doive stoïquement observer mes copains, parce que la pluie et le froid compriment mes vaisseaux sanguins et empêchent ainsi mon sang de circuler ; synonyme de crise, je ne comprenais pas d'avantage que je doive éviter les caramels, chocolat et autres sucreries parce qu'un excès de sucre dans mon sang est synonyme de crise, et je comprenais encore moins que je doive éviter de jouer au ballon ou de faire la course avec mes amis parce que l'effort physique intense lui aussi est synonyme de crise... Tel est le calvaire que la drépanocytose impose à des millions d'enfants noirs dans une indifférence qui frise le mépris et la complicité ... Calvaire de drépanocytaires veut être le cri de protestation de toutes les familles qui souffrent dans leur chair le martyr des hématies falciformes. » (Quatrième de couverture).

    La drépanocytose est une maladie héréditaire fréquente en Afrique équatoriale.

    Le 3ème Congrès. Yaoundé: Editions Ifrikya, 2010. (150p.). ISBN: 9956-473-29-4. Roman.





    PREAMBULE: LA SURPRISE

    Perçant l'épaisse couche de ténèbres, mes yeux fatigués par toute une journée de conduite automobile aperçoivent, sous une grande bâche verdâtre, un vieillard isolé dont le seul compagnon est une bougie à la flamme vacillante. Elle mérite le nom de compagnon, cette bougie, à cause justement de sa flamme qui éclaire et bouge, contrairement aux multiples chaises et tables alentour, inutile et abondant mobilier.
    Il s'est endormi, la tête rejetée en arrière, la bouche entrouverte; grand-papa est insensible aux piqures des insectes de toutes sortes, plutôt nombreux en cette place fraîchement défrichée. Son torse nu est, de par son abondante pilosité, plus couvert que son crâne éternellement chauve. A dire qu'il fut ainsi fabriqué ce crâne, car de ma mémoire jamais je n'y ai vu cheveux qui poussent. Seule une pièce de pagne savamment ceinte autour de son bassin, cache à moitié la nudité de cet octogénaire.
    Le vieux dort en ronflant, inconscient du danger rampant, tel un nourrisson. Dire que j'ai roulé à tombeau ouvert, soucieuse de participer au lancement du congrès de la renaissance, renaissance du groupement siège de notre canton. Quand, comment et pourquoi serait-il mort et de quoi renaîtrait-il, telles sont les questions que nous autres natifs de ce coin perdu de la forêt, invités sous le très flatteur label d'élites extérieures, nous nous posons en convergeant vers le point supposé de rencontre.



    Chantal Julie Nlend nous plonge dans la grande chefferie bassa des Babimbi, où règne en toute puissance "le lion", le roi des Babimbi dont les faits d'armes sont si nombreux et utiles pour comprendre le maquis de la région Bassa. Roman historique, on n'en doute pas, tant la perspicacité de l'auteur nous permet de mesurer la tâche de ces rois à cheval entre le peuple qu'il devait protéger et l'ordre public incarné par le colon et plus tard la première armée camerounaise, leur hiérarchie. Que sont-ils devenus, ces équilibristes des années d'indépendance au Cameroun quand la démocratie piétine aujourd'hui l'édifice culturel séculaire? (Quatrième de couverture)

    Pour en savoir plus

    "Drépanocytose - Le réquisitoire de Chantal Julie Nlend". Murations multimédia 28 juin 2008 (Consulté le 25 octobre 2009).


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    Editor ([email protected])
    The University of Western Australia/French
    Created: 15 September 2005
    Modified: 04 January 2011
    Archived: 27 November 2013
    https://aflit.arts.uwa.edu.au/NlendChantal.html