Nadine NYANGOMA Click here for English translation |
Nadine Dominicus van den Bussche Nyangoma est d'origine belge. Elle est historienne et elle a vécu de nombreuses années en Guinée-Bissau où elle a enseigné au lycée Kwamé N'Krumah. Le Chant des fusillés reflète en partie son itinéraire personnel. Elle vit actuellement à Bruxelles avec sa fille (1992).
Ouvrages publiés
Le chant des Fusillés. Dakar: Les Nouvelles Editions Africaines, 1981. (297p.). ISBN 2 7236 0802 6. Roman.
Il n'y avait ni frères ni camarades pour les assister. Il n'y eut ni cortège, ni chant d'honneur pour soutenir leurs ultimes angoisses. Leurs dernières larmes silencieuses se dissipèrent dans une nuit tropicale infinie et sans appel. Nul soleil ne les accueillerait plus, nulle aube naissante ne les réveillerait plus. Déjà leur dernière énergie vitale s'éteignait dans le vide bleu-noir anonyme. Le sang séché sur leurs vêtements, leurs plaies laissées sans soin et crasseuses, une dizaine de prisonniers mutilés, bousculés par des crosses de fusils, marchaient tristement vers le stade de Bujumbura. Des voix agressives profanaient le clair de lune. Les militaires tutsi qui les conduisaient au supplice les assaillaient d'injures et jouissaient des cruautés qu'ils pouvaient encore leur infliger. - Chien de Hutu! T'as voulu tout changer, hein? Tu t'es pris pour un Tutsi... Regarde-moi ces ordures. Ça veut faire la révolution! |
Dix ans de la vie de Catherine et de Mutima aboutissent à une douleur intolérable lorsque le mari de la narratrice est torturé puis assassiné par le régime lors du massacre des Hutu du Burundi par les Tutsi, en 1972. |
Mourir debout (Morer de Pé). Dakar: Les Nouvelles Editions Africaines, 1983. (120p.). ISBN 2 909238 07 5. Roman.
Quinze janvier 1964. L'aube renaissait tendrement. Des rayons veloutés pénétrèrent la selve. Ndini arracha son ombre aux arbres drogués de réveil. L'ombre traînait les pas, s'allongeait paresseusement derrière ses talons, tardant à se réveiller dans ces sentiers frais qui malgré la saison sèche étaient mouillés de rosée. Il dirigea sa marche vers les marécages. Quelques compagnons le suivaient. Le plus jeune, Tchada, collé à son ombre, lui emboîtait le pas et lui, Ndini, sentait la chaleur de ses yeux ardents accrochés à sa silhouette. Il se retourna et sourit à tous ces visages denses et sérieux où deux pierres de lune, prunelles brillantes étaient plantées dans le tissu lisse et ferme de leur adolescence. Bientôt le petit groupe d'hommes légèrement armé atteignit les marécages moussus. Aussitôt leurs jambes, soutenues par la souplesse élastique de leur musculature s'y enfonçèrent sans jamais s'y embourber. Quand le premier hameau fut à portée de vue, Ndini jeta un coup d'oeil sur l'océan, vérifia la position du navire de guerre portugais qui mouillait au large de Catabaõ: Rien de neuf. Le museau acéré pointait comme à l'ordinaire devenant peu à peu, un de ces objets familiers qu'il retrouvait à chaque tournée d'inspection. Sans doute s'attendait-on à l'attaque imminente, mais où se produirait-elle? Certainement pas dans ce décor au repos. |
Chronique de la révolte de la Guinée contre l'envahisseur portugais. Ce combat pour la liberté est évoqué d'une manière à la fois tragique et émouvante, poignante et poétique. |