Safia OTOKORE
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    « Safia Otokoré est née dans une famille de réfugiés somaliens à Djibouti. Devenue championne d'athlétisme, elle échappe à la misère et découvre la liberté en partant étudier grâce à une bourse dans les universités d'Afrique de l'Ouest. Elle y rencontre Didier Otokoré, footballeur vedette de l'AJ Auxerre. C'est le début d'une grande histoire d'amour qui l'entraîne dans cette ville, où elle se marie. Refusant très vite la vie dorée et oisive de femme de footballeur, elle milite au PS et commence une fulgurante carrière politique. Élue d'abord adjointe au maire, elle siège à présent au conseil régional de Bourgogne et rue de Solférino, au Secrétariat national du PS, en tant que chargée des sports. » (Quatrième de couverture de son autobiographie, 2005)

    Ouvrage publié


    Safia. Un conte de fées républicain. Paris :Robert Laffont, 2005. (252p.). ISBN 2-221-10308-4. Autobiographie. [Avec la collaboration de Pauline Guéna].





    1
    Premières années

    17 octobre 1969 au matin.
    Ma mère est accroupie sur le sable qui couvre le sol de la cuisine à ciel ouvert, les jambes écartées autour de son gros ventre, près du four à charbon bricolé dans un morceau de tôle. Elle prépare le repas quand les contractions la prennent. Quelque part dans le quartier militaire, mon père taille des uniformes au fond de l'atelier de l'armée où il travaille depuis son arrivée à Djibouti, il y a quatre ans déjà. Djibouti, enclave française dans la Corne de l'Afrique, avant-poste militaire et havre de paix dans une région secouée de troubles, ne s'appelle pas encore Djibouti, mais Territoire français des Afars et des Issas.



    « Je suis née pauvre. Je suis née femme. Je suis née noire. Et je suis née musulmane.
    Je ne sais pas dans quel ordre je dois classer ces propositions. Mais sur elles, parfois contre elles aussi, j'ai bâti ma vie.
    Quand on est pauvre, on fait des choix. On se blinde, on devient fort, on ne laisse pas couler ses larmes en pure perte.
    Quand on est femme, du moins dans le pays où j'ai vu le jour, on apprend à se taire, on apprend à mentir, on apprend à se cacher.
    Quand on a la peau noire, du moins dans le pays où j'ai choisi de vivre, on doit prouver sa valeur, à chaque instant.
    Et quand on est musulmane, aujourd'hui dans le monde, on se trouve devant une partition manichéenne et devant la nécessité impérieuse de choisir son camp.
    Alors mon camp, celui qu'on m'a imposé d'abord, que j'ai appris à domestiquer, à maîtriser ensuite, et que je choisis aujourd'hui en toute liberté, et surtout en toute connaissance, c'est le camp des faibles, des outragés, des oubliés. » (Introduction et quatrième de couverture)

    Pour en savoir plus

    Wanda Nicot. « Safia Otokoré, auteure du parcours de "Safia, un conte de fées républicain" », Amina 422 (Juin 2005), p.90. Interview.


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    Editor([email protected])
    The University of Western Australia/French
    Created: 10 July 2005
    Modified 27 October 2006
    Archived: 17 December 2012
    https://www.arts.uwa.edu.au/AFLIT/OtokoreSafia.html