Angèle RAWIRI Click here for English translation |
Angèle Ntyugwetondo Rawiri est née à Port-Gentil. Son père, George Rawiri, était un haut fonctionnaire. Sa mère est morte alors qu'elle n'était encore qu'une enfant. Après ses études en France, Angèle Ntyugwetondo Rawiri passe deux ans à Londres puis retourne au Gabon où elle travaille quelques années comme traductrice-interprète à la Société nationale de pétrole du Gabon. Elle est mère de famille et vit actuellement en France (1995).
Angèle Ntyugwetondo Rawiri s'est éteinte le 15 novembre 2010. Voir email de M. Bonnenfant
Ouvrages publiés
Elonga. Paris: Silex, 1986. (261p.). ISBN 2 903871 72 8. Roman.
L'Afrique l'avait happé dès qu'il eut mis le pied sur la passerelle pour descendre de l'avion : une étrange et lourde chaleur moite et une odeur, à la fois subtile et entêtante, l'enveloppaient, le pénétraient. Igowo avait le sentiment que son corps s'abandonnait à la caresse multiforme d'innombrables mains de coton impalpables. Il se dit que c'est ainsi que, avant sa naissance, l'enfant doit se sentir dans le sein de sa mère. C'était la fin du jour et la rapidité silencieuse de la chute de la nuit le surprit et fit naître en lui une légère angoisse. Maintenant, à travers les vitres du taxi qui l'amenait à l'hôtel, Igowo regardait avidement dans la nuit tout ce qu'il pouvait voir d'Elonga. La route bordée de cocotiers et d'arbres feuillus qu'il ne pouvait identifier s'enfonçait maintenant au coeur de la ville. Des deux côtés du boulevard qui relie l'aéroport à la gare, des villas isolées, enfouies dans une verdure luxuriante ponctuée de hauts arbres au feuillage épais, défilaient sous son regard ébloui. Il aurait voulu connaître toutes ces essences mystérieuses qui chantaient un puissant hymne à la vie végétale. |
Igowo est un jeune professeur. Après avoir passé sa jeunesse en Espagne où son père avait émigré, il retourne s'établir en Afrique et renoue avec la famille de sa mère. Peu après son arrivée à Elonga, Igowo épouse Ziza, la directrice d'une maison de mode. Le jeune couple se fait tout de suite de nombreux amis. Cependant l'avenir d'Igowo et de Ziza s'assombrit lorsque les jeunes gens se trouvent en butte à la malveillance des sorciers... |
G'amèrakano: au carrefour. [1983] Paris: Silex, 1988 (188p.). ISBN 2 87693 021 8. Roman.
Toula se lève vivement, fait craquer un à un ses membres en les étirant. - Réveille-toi, ne vois-tu pas que le jour est déjà là? Mebalé ouvre les yeux, se dresse sur les coudes, et ramène vivement le pagne sur son visage. - Viens t'étendre un moment, tu as encore le temps. - Non, il faut que je me prépare. Elle se dirige en sautillant vers le fleuve et se jette à l'eau dans un floc retentissant. Elle nage. - Ne fais pas le paresseux, dit-elle en revenant vers la berge. Viens te laver, l'eau est bonne. Mebalé se lève, éparpille les feuilles sèches de leur couche de fortune et traîne son corps nu vers le fleuve. C'est un joli garçon, mince, de taille moyenne. Il plonge à son tour et, en quelques brassées, rattrape la jeune fille qui se trouve déjà à bonne distance. Toula voudrait aller plus loin mais ses bras faiblissent. Elle nage lentement pour regagner la rive. Ramasse son pagne qu'elle noue autour de la poitrine. - Je monte m'habiller, frotte-toi bien le corps, lance-t-elle en riant. Elle gravit rapidement le sentier qui mène à Igewa. |
Toula est une employée de bureau sans avenir. Elle vit dans un taudis. Pour échapper à son destin misérable, elle décide de suivre l'exemple des filles qu'elle voit sur les couvertures de magazines et elle se met en tête de conquérir un homme riche qui puisse l'entretenir. Sa mère et son amie Ekata applaudissent à son projet mais comme on le sait, la réussite et l'argent ne font pas forcément le bonheur... |
Fureurs et cris de femmes. Paris: L'Harmattan, 1989. (175p.). ISBN 2 7384 0250 X. Roman.
Elle se retourne et se met sur son ventre douloureux. Malgré l'heure qui avance, inexorable, en ce matin pluvieux et maussade, elle s'enroule dans les draps humidifiés par la nuit de cauchemar. Oubliant un court instant son abdomen, elle songe aux nombreuses demandes d'emploi qui s'entassent dans son bureau puis, d'un geste de la main, balaie cette pensée étrangère à son inquiétude grandissante. Elle s'étire lentement comme pour juguler cette panique qui progressivement l'envahit. Un sourire ironique aux lèvres sèches et endolories à force d'être mordues, elle se pétrit nerveusement le bas-ventre. C'est qu'elle connaît parfaitement cette souffrance qui immanquablement préfigure l'écoulement abondant de gros caillots de sang. Le foetus se résorbe presque toujours après une quinzaine de jours d'espoir dément, pendant lesquels elle se retranche dans un mutisme exacerbé par une humeur massacrante. Tous ses sens se mettent alors à l'écoute de cette partie de son corps qui, comme une horloge bien réglée, annonce avec précision l'heure fatale du rejet du corps étranger. |
Emilienne s'est hissée au faîte de la réussite professionnelle, mais ce succès lui paraît bien dérisoire lorsqu'elle doit faire face aux infidélités de son mari, aux harcèlements continuels de sa belle-mère et à la mort de sa fille, violée par un sadique. Prise dans ce tourbillon de forces négatives, elle échappe de justesse à la folie avant de se ressaisir et de remonter la pente. |
Pour en savoir plus
Bikindou François et Léandre-Alain Barker «Angèle Rawiri Ntyugwetondo, première femme écrivain du Gabon », Amina 224 (décembre 1988), pp.12-16. Interview.
Editor ([email protected])
The University of Western Australia/French
Created: 25 December 1995
Last updated: 01 December 2010
Archived: 27 November 2013
https://aflit.arts.uwa.edu.au/RawiriAngele.html