Yolande MUKAGASANA Click here for English translation |
Yolande Mukagasana est née au Rwanda en 1954. Elle a été infirmière-anesthésiste pendant dix-neuf ans au centre hospitalier de Kigali, puis infirmière en chef d'un dispensaire privé qu'elle avait ouvert à Kigali, jusqu'en 1994. Victime des massacres qui dévastèrent alors son pays, elle survécut toutefois au génocide des Tutsi et des Hutu ayant refusé l'idéologie qui y présida mais perdit ses trois enfants, son mari, son frère et ses sœurs. Réfugiée en Belgique, elle a été naturalisée en 1999. Actuellement (2003) elle a adopté trois de ses nièces orphelines et elle s'occupe d'une vingtaine d'orphelins au Rwanda. Elle a publié deux ouvrages autobiographiques et des contes . Elle a également coécrit, avec le Groupov, la pièce de théâtre Rwanda 94.
(Couverture intérieure de Les blessures du silence. Interview et Menaibuc).
Ouvrages publiés
La mort ne veut pas de moi. [Avec Patrick May]. Paris: Fixot, 1997 (268p.). ISBN 2 221 08593 0. Autobiographie.
"Même s'il passe ses journées ailleurs, Dieu revient chaque nuit au Rwanda." C'est dans mon pays un proverbe plus ancien que l'invasion des missionnaires. Oui, Imana venait tous les soirs dormir au Rwanda, disait-on. Les prêtres nous ont appris qu'il fallait l'appeler Mungu, soit Dieu en swahili. Alors nous l'avons appelé Mungu. Mais très vite, en cachette d'abord, ouvertement ensuite, nous nous sommes remis à l'appeler Imana. Et nous nous sommes mis à le célébrer de nouveau, la nuit. C'est cela l'âme rwandaise, rebelle à l'endoctrinement. Comprenne qui pourra. Imana vient-il encore dormir tous les soirs dans mon pays? Et était-il chez nous le soir du 6 avril 1994? Ne nous a-t-il pas abandonnés dans la gueule du diable? Peut-être, ce jour-là, n'a-t-il pas eu le temps de revenir au Rwanda, tant la nuit est tombée vite? |
Au Rwanda, en ce beau mois d'avril 1994, près d'un million de personnes ont péri, assassinées à la machette par ceux qui la veille encore étaient leurs voisins, leurs amis, leurs collègues. Yolande a survécu. Aujourd'hui, elle témoigne: "Il n'y a sans doute presque plus aucun survivant sur la colline où je vivais." Qui pourra raconter ce qui s'est passé ? (Quatrième de couverture) |
6 avril 1994. Qu'est mon pays devenu? Mon petit pays, mon Rwanda tant aimé. Mon petit pays, c'est au coeur de l'Afrique, dans la région des Grands Lacs. Un bout de terre pas plus grand que la Belgique, coincé entre l'énorme Zaïre, l'Ouganda, le Burundi et la Tanzanie. Une petite chose que j'aime comme mon enfant. Un petit pays plein de soldats français. Depuis quatre ans, ils sont là. Ils nous contrôlent. Ils forment des barrages que, dans notre langage approximatif, nous appelons des barrières. Ce sont des postes de vérification d'identité. Nous, Rwandais, sommes obligés de décliner notre identité à des soldats étrangers. L'armée française, présente depuis 1990, a des allures d'armée d'occupation. Le peuple français l'ignore. On lui a dit que ses soldats venaient préserver la paix au Rwanda. Nous, Rwandais, nous savons qu'ils ne sont sur notre terre que pour soutenir un régime politique, celui du président Habyarimana. |
C'est la nuit du 6 avril 1994 que tout bascule: des milliers de Huntus vont devenir des assassins, prêts à écraser les Tutsis, les "cancrelats". Yolande Mukagasana est tutsi. En quelques semaines elle va tout perdre: son amour, ses enfants, sa famille, ses amis. Dans ce témoignage bouleversant, elle raconte l'horreur du génocide; elle en explique les causes, en désigne les responsables avec courage. Mais plus encore, elle témoigne contre cette barbarie propre à l'humain qu'il est de notre devoir de regarder en face pour pouvoir y échapper. (Quatrième de couverture) |
Les Blessures du silence. Témoignages du génocide au Rwanda. [Avec des photographies d'Alain Kazinierakis] Arles: Actes Sud et Médecins sans frontières, 2001. (160p.). ISBN 2 7427 3563 1. Témoignages.
SOMMAIRE L'Humanité blessée Alex Parisel (Médecins sans frontières)
Introduction
Des visages qui parlent
Une nuit sans sommeil !
Les blessures du silence |
Rwanda, 1994. [...] Le génocide d'une partie
de la population - les Tutsi - ethnicisée, minorisée et
déshumanisée par les pouvoirs successifs, cependant
qu'étaient éliminés les opposants politiques et tous ceux
qui refusaient d'adhérer à l'idéologie de la solution
finale du "problème tutsi". Cela en moins de cent jours, et dans le silence de la communauté internationale. Silence qui entoure encore aujourd'hui les survivants, abandonnés à leurs blessures et à leur misère. L'une d'entre eux, Yolande Mukagasana, qui a perdu son mari et tous ses enfants dans ce génocide, et un photographe occidental, Alain Kazinierakis, ont sillonné les collines du Rwanda à la recherche des survivants. Ils sont aussi entrés dans les prisons pour rencontrer des personnes accusées d'avoir participé au génocide. Ils en ont rapporté des témoignages émouvants, qui montrent les blessures intérieures des survivants, comme celles des prisonniers qui plaident coupable. Ils nous livrent aussi les témoignages d'hommes et de femmes justes. Ils nous dévoilent le visage de ce génocide occulté par les chiffres, les camps de réfugiés et le choléra. Ces témoignages nous montrent la simplicité du mal absolu. Certains nous éclairent sur notre passivité, voire même sur les complicités pendant la préparation du génocide. C'est notre propre image d'être humain confronté à l'horreur qu'ils nous montrent, mais aussi la volonté de reconstruire et la capacité d'amour après la destruction. (Couverture intérieure) |
De bouche à oreille. Paris: Editions Menaibuc, 2003. 2 vol. (Tome I : 92p. et Tome II : 82p.). ISBN: 2-911372-36-0 & 2-911372-37-9. Recueils de contes.
I Semikizi, gourmand de viande
Un homme du nom de Semikizi était très gourmand de viande. Comme il était pauvre, il avait l'habitude de dire à tous ceux qui voulaient l'entendre que seule une femme Tutsi, avec toutes les vaches de ses parents, pourrait combler son appétit de viande.
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Table des matières du tome I
1. Semikizi, gourmand de viande - 2. L'homme qui voulait sonder le cœur des femmes - 3. Ce qui est à Murori - 4. L'homme qui fut sauvé par un animal et son anneau - 5. L'hyène en visite chez un éleveur - 6. La fin de Bahizi l'entêté - 7. Ikunzi - 8. Rwamahe et sa sœur - 9. Le lièvre et le roi - 10. Muhebera et le fantôme - 11. L'amour ne craint rien - 12. Kabagwira - 13. Le lièvre et le crocodile - 14. Ndoli - 15. Nshinganyi - 16. Les animaux supérieurs - 17. Trois orphelins - 18. Les Idiots. Table des matières du tome II 1. L'homme qui téta sa femme pendant la famine - 2. Manjegeza - 3. Ce que dit ventre affamé (Amanyanda) - 4. L'homme qui voulait tester ses voisins - 5. Amour fraternel - 6. La femme qui tua le serpent qui sauva son mari - 7. Comment Sendabyanze posséda la vache Gitare - 8. Un enfant qui lutta pour l'honneur de sa mère - 9. L'homme et le corbeau - 10. Double-Journée et Meurs-de-Faim - 11. Mukama et sa sœur Mukasi - 12. L'enfant perdu dans ]a forêt - 13. Le crapaud qui rend justice à l'orphelin - 14. Mutindi, le misérable - 15. Imana Dieu, viens vite à mon aide - 16. Samusuri, fils de Mushumba - 17. La femme victime de son indiscrétion. |
Pour en savoir plus
Koffi, Michel, Témoignage: Yolande Mukagasana (Ecrivain, rescapée du génocide). Fraternité Matin. [Archives jmv 2007 - pdf file - 3.7MB]. Interview. [Consulté le 03 septembre 2004].
"Rwanda 1994-2004: Le sens de la commémoration". Radio Suisse Romande. (Archives, 1994). [https://www02.couleur3.ch/rwanda/archives/chemins_de_terre.html. Consulté le 7 mars 2005].
Yolande Mukagasana: 'J'accepte mon héritage du génocide car si je suis restée en vie, c'est pour remplir une mission'. Amina no 420, Avril 2005, Pages XXXIIII et XXXIV du supplément "Lettres de Belgique". [Consulté le 28 avril 2005].
B U R U N D I E T R W A N D A : L E S F E M M E S T E M O I G N E N T |
Editor ([email protected])
The University of Western Australia/French
Created: 14 December 2000
Modified: 28 April 2005
Archived: 10 May 2013
https://aflit.arts.uwa.edu.au/YMukagasana.html