Fermer cette fenêtre

"Je suis une Africaine...j'ai vingt ans"
autobiographie d'une jeune institutrice togolaise

publiée dans l'hebdomadaire Dakar Jeunes, le 12 mars 1942, p.11.

Mis en ligne avec l'aimable autorisation des Archives du Sénégal
et le concours du Département d'Histoire de l'Université Cheikh Anta Diop
Ont collaboré : Pascale Barthélémy, Charles Becker, Pape Momar Diop, Ibrahima Thioub, Jean-Marie Volet

Je suis une Africaine Introduction Les archives Dakar Jeunes L'Ecole normale Bibliographie Contact



LA PRESSE SENEGALAISE EN 1942

Extrait de : Sène, Diégane. "La guerre dans la presse sénégalaise, 1940-1945", dans Brahim Diop (éd.), La violence. Les Cahiers Histoire et civilisations, Revue thématique interdiscipinaire, 2. Dakar, Université Cheikh Anta Diop - Faculté des Lettres & Sciences Humaines - Média Centre de Dakar, 2004, p.�139-151.

[p. 143]
Le règne de l'"Ordre nouveau" (juillet 1940 - mai 1943)

Après l'installation de Boisson, dont Paris-Dakar du samedi 13 juillet 1940 (p. 1), répercutant une information officielle nous apprend qu'« il a été appelé par décret du 25 juin » et que « ses fonctions , s'étendent à l'AOF, à l'AEF et aux territoires sous mandat », une presse de collaboration voit le jour à côté du quotidien dakarois. Ces journaux sont créés dans le but clairement affirmé de contribuer à la consolidation de l'"ordre nouveau" et ne diffèrent donc que par leur forme et leur périodicité. Le contenu étant celui de l'anti-violence qu'ils ont mission d'installer dans les esprits pour mieux faire admettre la situation d'une France heureuse d'avoir été battue.

Quatre journaux

"Presse boissoniste", c'est sans doute le mot qui convient le mieux pour désigner la presse de collaboration née entre juillet 1941 et juillet 1942. Quatre journaux qui ont en commun, d'être lancés en pleine splendeur du pouvoir du "Haut Commissaire en Afrique française" et d'avoir tous été fondés sous son ombre tutélaire et sa bénédiction évidente. De son inspiration manifeste aussi, au moins pour trois d'entre eux, ce que confirment les éditoriaux de présentation que le gouverneur, en personne, dut signer pour chacun des titres. Ces journaux sont, dans l'ordre de leur création : Jalons, Dakar-Jeunes, Sénégal et Le Légionnaire de l'Afrique Noire.
[...]

Dakar-Jeunes

Sa cible est bien indiquée par son titre. Lancé le 8 janvier 1942, cet hebdomadaire, tabloïd de 8 pages, est publié par Paris-Dakar qui lui donne son gérant (Moctar Wade gérant en même temps de Paris-Dakar) et son rédacteur en chef et principal animateur, Georges Manue, journaliste déjà le plus en vue du quotidien. Là s'arrête l'aspect "privé" du journal qui est créé pour servir de tribune à l'"ordre nouveau", comme cela apparaît nettement dans l'éditorial du premier numéro, de Boisson. Dakar-Jeunes se présente en journal très illustré qui met l'accent sur "la France en construction". Il invite les jeunes au débat et s'ouvre largement aux sports qui y occupent parfois jusqu'à près de 50 % de la surface rédactionnelle. Dakar-Jeunes réussit à survivre au pétainisme de Boisson puisqu'il ne disparaît qu'après la guerre. Entre temps, son pouvoir d'adaptation a été particulièrement remarquable. Et il sut accompagner à merveille l'incertitude qui entoure l'avenir immédiat, entre décembre 1942 et avril-mai 1943, quant au sort en Afrique du régime de Vichy. Dès que Giraud, après avoir annoncé sa résolution à s'emparer de tout le pouvoir, a entrepris son virage démocratique en posant les premiers actes de dévichysation, le journal prend rapidement le pli de cette nouvelle donne politique, en cessant de paraître sous son titre : en lieu et place, un nouveau titre est créé, Dakar-Magazine, dont le premier numéro qui [p. 144] continue la numérotation de l'ancien journal paraît en mars.

Le 18 avril, Dakar-Magazine s'efface à son tour pour laisser la place à Afrique en Guerre qui n'allait donc disparaître que cinq mois, jour pour jour, après la capitulation allemande, le 8 septembre 1945. Le contexte avait encore changé, lorsque naissait ce dernier titre : après la conférence d'Anfa, qui marque la réconciliation Giraud -de Gaulle, celui-ci était annoncé en Afrique du Nord où il devait présider avec celui-là le CFLN. Et, de fait, de Gaulle arrive à Alger en fin avril, soit moins de deux semaines après le lancement de Afrique en Guerre. Derrière le titre, il y a donc la volonté manifeste de tirer un trait sur le passé des deux précédents qui, sans avoir été particulièrement incorrects avec le Général et sa résistance, ont été trop marqués du sceau du pétainisme pour lui plaire. Alors qu'il ne fait pas de doute que le chef de la France Libre venait simplement prendre le pouvoir, de la porte duquel Giraud n'allait pas tarder à être poussé, peu de temps après. »

Diégane Sène


Editor ([email protected])
The University of Western Australia/French
Created: 04-Feb-2008.
https://aflit.arts.uwa.edu.au/dakar_jeunes4.html