Mouna-Hodan AHMED Click here for English translation |
Mouna-Hodan Ahmed est née en 1972 à Djibouti au sein d'une
famille de cinq enfants. Elle a suivi ses études primaires
et secondaires à Djibouti. Elle a poursuivi ses études
supérieures en France.
Aujourd'hui Mouna-Hodan enseigne le français dans un lycée
général à Djibouti. L'écriture est l'une de ses principales
activités intellectuelles: "j'écris pour mieux être avec les
autres" affirme-t-elle.
Ce premier roman est un cri d'alarme lancé par l'auteur
pour ouvrir les yeux à sa société qui se complait dans la
consommation d'une plante hallucinogène: le khat, catalogué
comme drogue douce. Le roman intitulé Les enfants du khat
s'articule autour de la dénonciation de cette drogue.
Ouvrage publié
Les Enfants du khat. Saint-Maur-Des-Fossés: Editions Sépia, 2002 (168p.). ISBN 2 84280 067 2. Roman.
L'ousra Nous formons un grand cercle dans une chambre de taille moyenne, dénuée de tout meuble ; nous sommes assises sur des matelas, des nattes multicolores. Quelques-unes ont replié leurs jambes, d'autres préfèrent les allonger devant elles. Toutes les filles de l'ousra, presque une douzaine, sont là, aucune n'est absente aujourd'hui. Un jour comme celui-ci est de plus en plus rare depuis que les grandes chaleurs se font sentir. A part la porte, la chambre ne possède d'autre ouverture qu'une petite fenêtre très haut placée et recouverte d'un grillage. Le ventilateur accroché au plafond tourne à fond, mais ne répand qu'un air sec et chaud, car aucune brise ne vient du dehors où la cime des arbres reste figée ! Une chaleur étouffante succède au hanfi, ce vent sec qui s'est levé durant la matinée et a sévi jusqu'au soir. Quelques filles du cercle ont desserré leur hijab pour profiter de cet air et mordillent les épingles qui servent à fixer leur voile. Notre attention converge vers celle qui prend la parole ; chacune d'entre nous doit donner son avis sur la question du jour : est-il nécessaire de compléter son hijab par le port de chaussettes ? Zuleikha, notre mualima, a, selon la bienséance musulmane, désigné sa voisine de droite après avoir ouvert le débat. Elle écoute, un sourire angélique sur les lèvres. Chacune doit appuyer sa démonstration sur un hadith, une sourate. Le groupe auquel j'appartiens a essayé de bien répondre, mais Zuleikha n'en a approuvé aucune. Mon tour arrive : je bafouille une excuse et me réfugie derrière mon manque d'expérience. On passe à ma voisine ... |
Asli n'a pas toujours été cette jeune pratiquante et studieuse,
cette grande soeur bienveillante et responsable. Elle aussi, à l'instar
de ses camarades désoeuvrés, délaissés par des
parents obsédés par le khat, a goûté aux plaisirs
faciles et vains, aux divertissements futiles, aux tentations de la nuit...
Le khat, cette herbe hallucinogène venue de la péninsule arabique, que les adultes mastiquent à longueur de journée, les plonge tour à tour dans l'euphorie et l'hébétude. Cette drogue légalisée par l'usage régit, par son emprise, non seulement les comportements mais aussi l'économie du pays. Cette chronique de la vie quotidienne à Djibouti livre le tableau d'une société gangrénée par le khat et celle d'une jeunesse à l'avenir compromis. Inquiète et révoltée par amour pour son pays, l'auteur conserve néanmoins l'espoir qu'un jour prochain il se réveillera. (Quatrième de couverture) |
Pour en savoir plus
Jean-Marie Volet. Les Enfants du khat. Compte rendu. Octobre 2010.
Editor ([email protected])
The University of Western Australia/French
Created: 4 July 2002
Modified: 19 August 2002
Archived: 13 October 2011
https://aflit.arts.uwa.edu.au/AhmedMouna.html