Elizabeth-Ewombè MOUNDO
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    Elizabeth-Ewombè Moundo est née à Douala, au Cameroun. Docteur d'Etat en Psychopathologie et Anthropologie culturelle et religieuse (Université de Rennes II), elle a également un Diplôme d'Etudes Approfondies en Sciences de l'Education. De 1986 à 1990, elle a travaillé conjointement comme assistante de recherche à l'Université Paris V et comme psychopathologiste à l'Université Omar Bongo à Libreville. En 1991, elle entre au service de l'UNESCO, d'abord au Tchad puis au Rwanda où elle chargée d'ouvrir le Bureau de Kigali en 1996 et devient la représentante de l'UNESCO pour ce pays. Deux ans plus tard, elle prend la tête du Bureau de Conakry qu'elle dirige de 1998 à 2002 en tant que représentante de l'UNESCO en Guinée. D'octobre 2002 à avril 2003, Mrs. Moundo est la directrice intérimaire de l'Office de Bamako au Mali et en novembre 2004 elle devient directrice de l'UNESCO pour le Benin, la Côte d'Ivoire, le Ghana, le Nigeria et le Togo, à Accra. [Source: https://www.zoominfo.com/Search/ReferencesView.aspx?PersonID=701655942, consulté le 24 octobre 2009].

    Ouvrages publiés


    Little toe et pebble. Conakry: Les Editions Ganndal, 2000. (24p.). ISBN 2-913326-23-4. Littérature enfantine.





    Little toe, le petit orteil et Pebble, le petit caillou

    Dans un pays non loin d'ici, vivait un petit orteil nommé Little Toe. Il vivait dans une famille simple et harmonieuse avec un papa, une maman nommés gros orteils et sept frères et sœurs de tailles différentes. Ils appartenaient tous à la très grande tribu des TOES. Durant des siècles, les Toes avaient vécu à l'air libre, au bout des pieds des hommes et des animaux. Ils étaient heureux, les Toes ; jusqu'au jour où l'homme eut l'idée d'inventer la chaussure. Depuis lors, les Toes des humains ont dû s'habituer à vivre enfermés dans les chaussures.
    Pebble le petit caillou venait d'une famille beaucoup plus grande. Les Pebbles vivaient dans les montagnes, dans les jardins, au bord de la mer et même au fond de l'océan. Ils ne se comptaient plus, tant ils étaient nombreux. En fait, personne n'a jamais su combien il y a de Pebbles dans le monde
    Rien ne présageait que Little Toe et Pebble se rencontrent un jour et deviennent les meilleurs amis du monde. Rien, sauf le destin.



    Le voyage abyssal. Conakry: Les Editions Ganndal, 2002. (64p.). ISBN 2-913326-48-X. [Préface d'Ahmed Tidjani Cissé]. Poésie.





    Les coups ont sonné

    Les coups ont sonné
    à l'horloge de l'absurde
    des coups inexorables
    ont martelé le silence
    cette nuit encore
    des âmes innocentes
    se teindront d'immortalité
    dans les mémoires à jamais
    seront gravés les maux
    les maux de la guerre fratricide
    les mères perdront leurs enfants
    les femmes perdront leurs époux

    Femme,
    devant ta porte se feront les adieux
    alors que l'odeur de la poudre
    se répandra sur les vies
    seule tu resteras
    les yeux hagards
    à demander pourquoi ?



    « S'inspirant de visites effectuées sur les ruines des attaques rebelles le long de la frontière guinéenne, l'auteur décrit les horreurs de la guerre et le désespoir des couches les plus vulnérables de la population. » (Quatrième de couverture)

    L'emmurement. Ivry-Sur-Seine: Editions A3, 2003. (80p.). ISBN :2-84436-014-9. Nouvelles.






    L'attente

    Une grande bâtisse grise. La nuit. Les couloirs vides. Nus, les murs. Des bouts de textes découpés dans un vieux journal. Un train siffle. Un homme marche d'un pas lourd vers le quai. L'unique quai de l'unique gare d'Itonda. Sa veste tient sur un ventre tendu. Un képi maladroitement posé sur une touffe de cheveux cotonneux. Nus, les pieds. Il porte un sifflet à sa bouche. Les joues gonflent. Son nez s'ouvre comme pour mieux humer les odeurs du monde. Le train ne s'est pas arrêté. Les mains agrippent le sifflet. Il prend l'air satisfait de l'homme ayant rempli sa mission.
    — À quelle heure passe le train pour Pemba ?
    Un doigt boudiné indique une horloge. Akupendi, machinalement, lève les yeux sur les aiguilles figées dans le temps. Ses oreilles ont capté le bruit d'un train. Une ombre apparaît dans le brouillard. La gare embaume la fatigue et l'oubli. Akupendi range son parachute. Il faut attendre. L'attente, toujours la même, vague, vide et monotone.



    Dans ces treize nouvelles, les personnages évoluent dans des espaces et des états intermédiaires, entre la vie et la mort, le cri et le silence, la réalité et le rêve, l'être et le non-être. Ils évoluent au sein d'un espace fantomatique qui frôle souvent le fantastique. Traduire en paroles la désintégration des individus, les identités qui vacillent, le mutisme toujours aux aguets : tel est le projet de l'auteur qui a su créer un véritable huis-clos physique et mental en soulignant les limites de notre entendement, délimité par nos souvenirs, nos obsessions, notre imaginaire et les mots toujours fuyants qui en déterminent les contours. (D'après la quatrième de couverture).

    ***

    Titres des nouvelles

    L'attente
    La figure analogue
    Le châtiment des mots
    Exit
    Zénula
    L'emmurement
    La révélation
    Le chat
    Persona
    Le café Bellini
    La lettre
    9, rue du Repos

    Analua. Paris: L'Harmattan, 2005. (156p.). ISBN: 2 7475 8329 5. Roman. [Dessins d'Hélène Cuny].





    L'homme, assis sur la varangue, regardait l'achada1 s'endormir doucement au rythme de la pluie. Il aimait cette terre et l'embrassait du regard, avec un vif sentiment d'accomplissement. C'était dit. Ce serait une fille. Il ne pouvait en être autrement. Elle s'appellerait Analua. Ana car sa signification aurait une bonne influence sur l'enfant. Ana rendait grâce à Dieu dans Hosannah et composait le prénom Anatolio. Lua parce qu'elle avait été conçue une nuit de pleine lune. Les femmes avaient été conviées à préparer la fête de cette naissance unique. Il n'aurait que cet enfant-là. La jeteuse de cauris l'avait prédit. Elle ne se trompait jamais. Tout le monde le sait, aimait-elle à dire : « Les cauris ne mentent pas. Ce sont ceux qui ne savent pas "lire" leur agencement qui racontent n'importe quoi ». Dans l'achada San Felipe, chacun avait vu naître, grandir, vieillir les autres. Ensemble, ils avaient affronté tous les heurs et les malheurs. Ils étaient si soudés que tout événement individuel devenait collectif. Toute la communauté aimait Anatolio et priait depuis des années pour qu'un enfant naisse dans son humble demeure. Maintenant que l'enfant tant espéré allait venir au monde, on entourait d'attentions Jandira, son épouse.
    1. Achada: Plateau


    A la mort de ses parents, la sécheresse, la faim et la misère contraignent la jeune Analua à quitter son village avec sa grand-mère. Au terme d'un parcours semé d'embûches, elle aboutit en Europe, mais l'amour de l'homme qu'elle y rencontre ne suffit pas à la retenir et à lui faire oublier son village, aussi décide-t-elle d'y retourner pour y finir sa vie.

    « Cette histoire de trois générations de femmes, articulée autour de celle d'Analua, sonde l'attachement viscéral de l'héroïne au Cap-Vert. Dans ce roman intimiste aux accents poétiques où Analua dresse le bilan d'une vie faite d'amours pleinement vécues mais aussi contrariées, d'épreuves, de peurs et de blessures dont on ne guérit pas, Elisabeth-Ewombe MOUNDO s'interroge avec une rare sensibilité sur le poids du destin. » (Quatrième de couverture)

    La nuit du monde à l'envers. Dakar: Panafrika, 2009. (146p.). ISBN: 978-2-912717-42-9. Roman.





    L'horloge de l'hôtel de ville venait de sonner minuit inaugurant la nuit du monde à l'envers. Des tonnes de carton pâte pour les chars, des kilos de peinture pour les décors; il n'y avait plus un bout de tissu disponible dans tout Bidonville et alentours. Les couturières avaient travaillé sans relâche, rivalisant d'originalité avec les confrères tailleurs. Les troupes faisaient leur entrée. Un vacarme assourdissant envahissait la ville. Les tambours résonnaient de part et d'autre de la paisible cité. Des hommes, travestis, explosaient comme des rires alors que les nuages s'éclipsaient discrètement, cédant la place à une lune pleine et lumineuse. Nul ne savait d'où venait le rythme mais il était endiablé. Un mannequin en carton pâte, roi ubuesque, déclamait du haut de son char bariolé:
    Je suis Sa Majesté carnaval
    Je suis né en Chaldée
    A Bab-Ilu « la porte de Dieu »
    De minuit à minuit
    Je suis le maître absolu
    L'ordre du monde est inversé ...



    « Si comme le dit Bakhtine, la polyphonie, le carnaval et la parodie sont les caractéristiques majeures du genre romanesque, alors ce récit d'Elizabeth Moundo est un vrai roman. En effet, on y trouve tant au niveau de l'intrigue, de la narration et du style une diversité de péripéties, de points de vue et de tons qu'on trouve rarement dans un seul texte et le tout fondu dans une syntaxe qui donne au récit une cohérence et une vraisemblance qui forcent l'adhésion involontaire du lecteur.
    Voici un roman qui tient du polar, du récit fantastique, du roman satirique, du récit d'amour avec une intrigue d'enquête policière, avec comme personnages les escaliers, les rampes, les chats et les humains, avec des couples qui vivent et meurent d'amour inachevé dans une cité en une nuit ou l'ordre du monde est inversé : « L'horloge de l'hôtel de ville venait de sonner minuit, inaugurant la nuit du monde à l'envers... Toute la population de Bidonville, sans distinction de sexe, de race, de couleur, de religion ou même d'espèce - faune, flore, minéraux... - pour cette nuit parmi les nuits, ne fit qu'une seule âme. Tous se préparaient pour les transes et autres plaisirs qu'offre le carnaval. Les cracheurs de feu soufflaient les flammes de toute la force de leurs poumons. Les illusionnistes illusionnaient. Les animaux grognaient, courant de toutes leurs pattes, pour suivre le carnaval. Les poulaillers s'étaient vidés. De partout on entendait le caquètement joyeux des volatiles. Les chiens aboyaient au rythme des tambours et trompettes. Un âne, dans la bousculade, évitait de justesse le coup d'aile d'un pigeon qui volait au secours d'un loup. Piggy la cochonne, couchée sur le dos, ravie du spectacle, se tordait de rire, battant des pattes et se tenant l'estomac ... ».
    Toute l'histoire de ce récit iconoclaste et génial dérive de cet ordre renversant instauré dès l'entame de la narration et entretenu jusqu'à l'ultime étape du dénouement. Il faut beaucoup d'imagination et de talent pour écrire ce texte où sont abolies les frontières entre le réel et l'imaginaire et qui donne au lecteur un immense plaisir du texte. » (Quatrième de couverture)

    Pour en savoir plus

    Mathieu Mbarga-Abega. "Elizabeth-Ewombè Moundo. A l'occasion de la sortie de 'La nuit du monde à l'envers' Elizabeth-Ewombè Moundo commente sa large expérience". Amina 485 (septembre 2010), pp.18-19. Interview.


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    Editor ([email protected])
    The University of Western Australia/French
    Created: 16 July 2003
    Modified: 05 November 2010
    Archived: 27 November 2013
    https://aflit.arts.uwa.edu.au/EwombeMoundo.html