Scholastique MUKASONGA Click here for English translation |
Scholastique Mukasonga est née au Rwanda, au bord de la rivière Rukarara, dans la préfecture de Gikongoro. En 1960, sa famille est déportée à Nyamata. En 1968, Scholastique Mukasonga réussit l'examen d'entrée à l'école secondaire et elle est envoyée en pensionnat à Kigali, au Lycée Notre-Dame-de-Cîteaux. En 1971, elle s'inscrit à l'école d'assistantes sociales de Butare mais elle doit quitter cet établissement en 1973 pour se réfugier au Burundi. Elle y finit ses études, trouve du travail avec l'Unicef et rencontre son futur mari. En 1994, son père, sa mère et trente-sept membres de sa famille proche sont massacrés au Rwanda. Elle vit actuellement (2012) en France. Pour plus de renseignements voir le site de l'auteur [Consulté le 3 février 2013].
Ouvrages publiés
lnyenzi
ou les Cafards. Paris : Gallimard, 2006. (166p.). ISBN 2 07 077725 1. Autobiographie. [Préface de Boniface Mongo-Mboussa].
Toutes les nuits, mon sommeil est traversé du même cauchemar. On me poursuit, j'entends comme un vombrissement qui monte vers moi, une rumeur de plus en plus menaçante. Je ne me retourne pas. Ce n'est pas la peine. Je sais qui me poursuit... Je sais qu'ils ont des machettes. Je ne sais comment, sans me retourner, je sais qu'ils ont des machettes... Parfois aussi, il y a mes camarades de classe. J'entends leurs cris quand elles tombent. Quand elles... À présent, je suis seule à courir, je sais que je vais tomber, qu'on va me piétiner, je ne veux pas sentir le froid de la lame sur mon cou, je... Je me réveille. Je suis en France. La maison est silencieuse. Mes enfants dorment dans leur chambre. Paisiblement. J'allume la lampe de chevet. Je vais dans la salle m'asseoir devant une petite table. |
« Ce livre je l'ai écrit pour tous ceux qui ont été exterminés à Nyamata, et dont je suis l'une des seules à conserver la mémoire. J'ai élevé pour eux ce tombeau de papier. « (Blog de l'auteur)
« Quiconque visite le Rwanda est saisi par la beauté de son paysage, mais il est aussi effaré par la violence de son histoire postcoloniale. Tout se passe comme si le bien et te mai irrémédiablement inséparables avaient scellé sous ses mille et une collines un pacte d'amitié. Il y a d'un côté les collines ; il y a, de l'autre, le million de crânes qui les jonchent. Mais ce qui prédomine, dans ce récit, c'est le remords des survivants, qui se traduit par les multiples cauchemars de l'auteur. D'où ce désir manifeste de donner aux disparus une digne sépulture de mots à la fois pour apaiser les vivants et sanctifier les morts. » (Boniface Mongo-Mboussa, Préface) |
La femme aux pieds nus. Paris : Gallimard, 2008. (146p.). ISBN : 978-2-07-011983-7. Récit.
Souvent ma mère s'arrêtait au milieu d'une de ces innombrables tâches qui s'enchaînent tout au long de la journée d'une femme (balayer la cour, écosser, trier les haricots, sarcler le sorgho, retourner la terre, déterrer les patates douces, éplucher les bananes avant la cuisson ...) et elle nous appelait, nous, les trois cadettes qui étions encore à la maison, non pas par les noms qu'on nous avait attribués au baptême, Jeanne, Julienne, Scholastique, mais de nos noms véritables, ceux qu'à la naissance nous avait donnés notre père et dont la signification, toujours sujette à interprétations, paraissait dessiner notre avenir: « Umubyeyi, Uwamubyirura, Mukasonga » Maman nous regardait comme si elle allait nous quitter pour longtemps, comme si, elle qui sortait rarement de l'enclos, ne s'éloignait jamais de son champ, sauf le dimanche pour aller à la messe, elle se préparait à un long voyage, comme si c'était la dernière fois qu'elle nous voyait, toutes les trois, autour d'elle. |
Hommage de l'auteure à sa mère, assassinée en 1994.
« Cette femme aux pieds nus qui donne le titre à mon livre, c'est ma mère, Stefania. » (Scholastique Mukasonga) |
L'Iguifou. Paris: Editions Gallimard, 2010. (124p.). ISBN: 978-2-07-012791-7. Nouvelles rwandaises.
Puisque, comme moi, parce que tu étais tutsi, tu as été déplacée à Nyamata, tu as connu toi aussi cet ennemi implacable qui gîtait au plus profond de nous-mêmes, ce maître impitoyable auquel nous devions payer un tribut que, dans notre pauvreté, nous étions incapables d'acquitter, ce bourreau inlassable qui tenaillait sans répit nos ventres et brouillait notre vue, tu l'as reconnu, c'est l'Iguifou, La Faim, que nous avions reçu à notre naissance comme un mauvais ange gardien.
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Cinq nouvelles:
L'Iguifou La gloire de la vache La peur Le malheur d'être belle Le deuil |
Notre-Dame du Nil. Paris: Editions Gallimard, 2012. (226p.). ISBN: 978-2-07-013342-0. Roman. Prix Renaudot 2102.
Il n'y a pas de meilleur lycée que le lycée Notre-Dame-du-Nil. Il n'y en a pas de plus haut non plus. 2500 mètres, annoncent fièrement les professeurs blancs. 2493, corrige sœur Lydwine, la professeur de géographie. « On est si près du ciel », murmure la mère supérieure en joignant les mains.
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Les familles espèrent que dans ce havre religieusement baptisé Notre-Dame du Nil, isolé, d'accès difficile, loin des tentations de la capitale, leurs filles parviendront vierges au mariage négocié pour elles dans l'intérêt du lignage. C'est dans ce huis clos microcosme existentiel et prélude au génocide rwandais que doivent vivrent ces lycéennes bientôt encerclées par les nervis du pouvoir hutu. (D'après la quatrième de couverture) |
Ce que murmurent les collines. Paris: Gallimard, 2014. (142p.). ISBN: 978-2-07-014538-6. Nouvelles.
« "La Maritza, c'est ma rivière..." a chanté Sylvie Vartan. Moi qui n'oserai pas chanter, je me contenterai de murmurer : "La Rukarara, c'est ma rivière..." Oui, je suis bien née au bord de la Rukarara, mais je n'en ai aucun souvenir, les souvenirs que j'en ai sont ceux de ma mère et de son inconsolable nostalgie. Ainsi commence cette suite de nouvelles rwandaises, belles et poignantes, où coulent les tourments et les espoirs de tout un peuple. Se souvenir de tout, et de la mère avant tout, qui, dans sa nostalgie d'exilée, pare la rivière Rukarara de toutes les merveilles de la légende. Et se souvenir des histoires que murmurent les collines... » (Quatrième de couverture) |
Pour en savoir plus
Blog de Scholastique Mukasonga [Consulté le 1 novembre 2012].
Nadia Khouri-Dagher. "Ecrivaine et Assistante Sociale. Scholastique Mukasonga: 'Mon livre est un tombeau de papier pour les miens disparus au Rwanda'". Amina 440 (décembre 2006), pp. L - LI.
Cécile Happi. "Scholastique Mukasonga: La femme aux pieds nus". Amina 460 (Août 2008), pp.Europe-69 et 72.
B U R U N D I E T R W A N D A : L E S F E M M E S T E M O I G N E N T |
Editor ([email protected])
The University of Western Australia/French
Created: 07 February 2007
Modified: 29 November 2014
Archived: 29 November 2014
https://aflit.arts.uwa.edu.au/MukasongaScholastique.html