Anne PIETTE Click here for English translation |
Née à Nantes (France) en 1943, Anne Piette a fait des études d'anglais à Lille. Polyglotte et ancienne enseignante, elle vit depuis plusieurs années au Sénégal, un pays auquel elle reste très attachée depuis son premier séjour en 1968. Elle a également vécu
au Maroc et en Allemagne. Anne Piette est passée de l'enseignement de l'anglais à la traduction et de la traduction à l'écriture. Sa nouvelle "La morsure du serpent" a obtenu le Prix d'excellence 1997 du Forum Femmes Méditerranée. Anne Piette a aussi obtenu le Grand Prix International Amitié et Solidarité de la ville de Pau.
Ouvrages publiés
La morsure du serpent et autres nouvelles du Sénégal. Paris: L'Harmattan, 1998. (160p.). ISBN 2-7384-7107-2. Nouvelles.
A quelques centaines de mètres du sentier qui mène aux champs de mil, les charognards décrivent des cercles concentriques de plus en plus resserrés. Après le passage des hyènes et des chacals leur tour est venu de nettoyer les carcasses des bovins morts de soif qui jonchent la savane et que l'herbe sèche ne dissimule plus. La population est lasse. Les femmes font des dizaines de kilomètres à pied pour ramener une bassine d'eau, recueillie à grand-peine à des puits presque taris. Le monde le sait, les paysans du Sahel souffrent d'une sécheresse sans précédent. Les éleveurs du Nord ont tout perdu et leurs enfants vont mendier aux portes des mosquées, des églises et des pharmacies. Le désespoir est si profond qu'il y a des cas de suicides. Le fleuve est à sec, ou quasiment, et des villages entiers ont été désertés. |
Le mari d'Aminata ne mange jamais hors de son foyer. Alors pourquoi ne
rentre-t-il pas ce jour-là et que veulent ces trois hommes en boubou de
cérémonie qui s'avancent en délégation ?
Afosébé, elle, vient de la forêt subtropicale et elle a
refusé autrefois d'être l'héritière des
fétiches. Maintenant, il y a cette voix qui ne lui laisse aucun
répit. Elle entreprend un retour vers son passé et ses racines.
Afoyumébé arrive dans le sud verdoyant et fertile, dont elle est
issue, pour apprendre que les hommes ont décrété un
budji. Elle a quitté le village depuis longtemps et ne
connaît pas cette ancienne coutume qui force les femmes seules, veuves ou
divorcées à se choisir un compagnon sur-le-champ.
Réussira-t-elle à échapper à la tradition ? Djimaïko, après avoir bu du vin de palme chez son voisin, est convaincu que celui-ci l'a empoisonné. Il le tue. L'interrogatoire du corps de la victime risque de révéler sa culpabilité. Atomekahagne n'a pas su garder le secret de l'emomo, jeûne rituel des jeunes filles diolas. Elle sera punie ; mais est-ce vraiment le fétiche qui sanctionne, ou la société ? A travers douze portraits vivants, authentiques et émouvants de femmes et d'hommes, La morsure du serpent et autres nouvelles du Sénégal nous transporte, du Sahel à la Casamance, au cœur d'une tradition presque oubliée. (Quatrième de Couverture) |
Les mésaventures de Mor Kassé. Abidjan: Nouvelles Editions Ivoiriennes, 1999. (167p.). ISBN 2-84487-036-8. Roman.
MOR ET LA DRIANKÉ DE MÉDINA SABAKH
Dans le grand car qui l'emmène vers la ville, Mor se laisse aller
à une douce somnolence. Sa liasse de billets bleus repose en
sécurité contre sa poitrine sous le boubou de
cérémonie qu'il n'utilise qu'en trois circonstances chaque
année, la Tabaski, la Korité, et le voyage à Kaolack qu'il
ne manque jamais d'effectuer après la récolte, pour acheter des
pagnes à ses femmes et tout ce dont la famille a besoin jusqu'à
la prochaine traite. |
Mor Kassé, paysan sénégalais polygame, est
confronté aux difficultés de la vie moderne : administration,
pratiques malhonnêtes, chantage, et autres avatars de la ville. La
tradition, et sa séduisante mais exigeante troisième
épouse, en feront la victime toute désignée des frippons
de tous acabits. Mor, malgré quelques écarts de conduite, est un héros fort sympathique au demeurant, émouvant de naïveté, à qui la sagesse et le soutien de sa première épouse, épargneront bien des malheurs. (Quatrième de Couverture) |
Les songes et les mensonges. Saint-Louis: Xamal, 2001. (128p.). ISBN 2-84402-024-0. [Préfacé par James Gaasch]. Nouvelles.
LA SORCIÈRE DE WALIBADU Le petit garçon avait tant de fièvre qu'il délirait. Des paroles inintelligibles s'échappaient difficilement de sa gorge enflée, en une litanie à laquelle les femmes agglutinées autour de la paillasse tentaient de donner un sens. Les dernières lueurs du crépuscule, pénétrant par une fenêtre à peine plus grande qu'une lucarne, venaient expirer dans la petite pièce, jetant d'étranges reflets sur les visages ruisselants de transpiration. Dans cette atmosphère étouffante, une odeur âcre, mélange de sueur, d'encens et de parfum, prenait à la gorge. Il y avait Penda, énorme, le visage luisant, qui n'arrêtait pas de soupirer bruyamment. Hey Ndeysaan ! À côté d'elle, Wali et Aguifala se parlaient à voix basse en hochant la tête. Fatou, elle, désirait que l'on priât. - Il faut avoir confiance, disait-elle. Dieu est grand, il faut croire en sa miséricorde. Aminata, plus pessimiste, ajoutait qu'il fallait savoir accepter la volonté divine. Pour la vieille Mana, on avait jeté un sort à l'enfant. - Moi, je vous dis qu'il y a une sorcière dans ce village. Le petit s'en va tout doucement. On lui a mangé l'âme ... |
À travers quinze nouvelles, essentiellement portraits de femmes, l'auteur donne aux « sans-voix » une voix qui sonne vrai, et nous fait pénétrer, du Sénégal au Maroc, du sud de la France à Panama, dans les angoisses et les tourments, les espoirs et les fantasmes, de personnages attachants et sincères.(Quatrième de Couverture) |
L'Île d'Amina. Saint-Louis: Xamal, 2002. (167p.). [Préfacé par Aminata Sow Fall]. ISBN 2-84402-041-20. Roman.
Dans la cour, sous le manguier, Mama Sata préparait le couscous pour la maisonnée. Le lait caillé était prêt dans la cuvette en tôle émaillée qu'elle avait recouverte d'un carré de tissu pour empêcher les mouches de venir s'y poser. Comme le père était parti le matin pour la capitale, elle n'avait pas besoin de prévoir autre chose pour le repas du soir. Les enfants raffolaient d'un repas de couscous de mil, et les plus jeunes tournaient avec gourmandise autour de la mère assise sur son petit banc de bois, les mains plongées dans la grande calebasse, avançant inlassablement le bras droit dans un mouvement circulaire et répétitif pour mélanger la farine sèche à celle qu'elle venait d'humecter légèrement. Elle avait presque terminé lorsqu'elle vit Idrissa, le chef du village, pousser le petit portail de zinc et se diriger vers elle. Il était accompagné de l'imam, et tous deux avaient l'air si grave et si triste qu'elle pressentit immédiatement qu'il était arrivé un malheur. |
« L'île d'Amina est un récit dense qui tire sa
complexité des différents horizons que scrute la plume du
narrateur, des nombreux personnages qui l'animent et des multiples
réflexions qu'il suscite. [ ... ] Le narrateur nous y embarque en jouant
adroitement sur deux tableaux sans hiatus, sans cloison artificielle. D'une part : le temps du concret. La peinture sociale, les descriptions minutieuses, les faits, les paroles, et les gestes ; en somme la vie dans toutes ses tonalités [ ... ]. D'autre part : ce qui bouge au fond de chacun des personnages et en fait des êtres vivants, authentiques parce que investis d'une dimension humaine qui nous les rend familiers. L'auteur a réussi à les peindre vrais, jusqu'à faire sentir les pulsions et les motivations non dites qui éclairent énormément sur leur personnalité, leurs choix, leurs ambitions et leurs quêtes. Un livre en est un quand l'aventure pour le lecteur ne s'arrête pas à la dernière page. On ne pourra jamais oublier Amina, la jeune villageoise frappée par le sort, éprouvée par les contraintes matérielles, aux prises avec l'égoïsme et l'injustice. [...] L'une des préoccupations essentielles qui [se retrouve] en effet à chaque page du texte est le principe du respect de l'être humain dans son intégrité physique, morale et culturelle. L'auteur fustige les préjugés d'où qu'ils viennent et prône l'ouverture et la tolérance. Cela se traduit dans le texte par des portraits sans complaisance et sans manichéisme. [... ] Pour résumer: ce texte est sans aucun doute le plus achevé - sur le plan de l'exploitation littéraire des réalités sociales - de ce que jusqu'ici Anne Piette nous a donné à lire ». (Extraits de la préface d'Aminata Sow Fall) |
Au-delà de la mangrove. Ziguinchor (Sénégal): Chez l'auteur, 2007. (156p.). Nouvelles.
Kaxo Sakko la fête battait son plein sous les fromagers, permettant à tous, jeunes et vieux, d'évacuer la tension accumulée au cours des semaines précédentes. Les grands récipients de vin de palme circulaient généreusement, les effluves de viande grillée se répandaient dans la clairière, réjouissant les cœurs. Le rythme incantatoire des tam-tams devenaient de plus en plus frénétique. |
Avec ce nouveau recueil de nouvelles essentiellement situées en Casamance, l'auteur retourne à sa passion première, le monde Joola. Kaxo Sakko, Djalunda, Amatinebè, le grand Féticheur, Djaxumbagaga, autant de figures fascinantes et parfois terrifiantes, qui nous plongent au cœur de traditions venues du fond des âges et qui perdurent dans le Sénégal d'aujourd'hui grâce à un syncrétisme leur permettant de cohabiter sans heurt avec les religions révélées de la modernité. Vingt-quatre nouvelles, dont certaines très brèves, ancrées dans les mythes, légendes et réalités de la Casamance, nous introduisent ainsi dans le surnaturel, les croyances, la magie, l'animisme, les us et coutumes. (Quatrième de Couverture)
Table des matières
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La septième vague. Paris: L'Harmattan, 2010. (176p.). ISBN: 978-2-296-11653-5. Roman.
L'avion atterrit à Orly à six heures du matin. J'ai récupéré mes bagages. Personne ne m'attendait. Il faisait froid, ma cape était trop légère. L'appartement non chauffé pendant deux mois aurait une odeur de renfermé et d'humidité. Je me suis souvenue tout à coup qu'avant mon départ, j'avais vidé le réfriérateur, défait mon lit, débranché les appareils. Il n'y aurait pas d'eau chaude. Y avait-il seulement quelques provisions dans le placard? Le dimanche, la supérette, au coin de la rue, était fermée.
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Ne pouvant plus supporter le climat familial et la violence de son père, Madeleine s'enfuit de chez elle à quelques mois de sa majorité. Elle embarque clandestinement sur un paquebot à destination du Sénégal où commence une vie riche de rencontres, de bonheurs mais aussi de crève-cœur dont le souvenir accompagne la narratrice tout au long de sa vie. Elle s'interroge sur sa présence dans une société qui l'a généreusement accueillie mais qui lui reste étrangère en dépit des nombreuses amitiés qu'elle s'y est faites. Ce roman est un hymne à la Casamance, un hommage aux femmes, avec son foisonnement de personnages féminins. Un beau roman d'amour et d'amitié, sur la perte d'identité et l'assimilation. (D'après la quatrième de couverture). |
Pour en savoir plus
"Entretien avec Anne Piette", in Gaasch, James. La Nouvelle sénégalaise - Texte et Contexte. Saint-Louis du Sénégal : Editions Xamal, 2000 (pp.130-134). ISBN 2 84402-021-6.
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The University of Western Australia/French
Created: 9 July 2003
Modified: 01 June 2010
Archived: 27 November 2013
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