Michèle RAKOTOSON Click here for English translation |
Michèle Rakotoson est née à Antananarivo (Madagascar). D'un milieu bourgeois et fortement marqué par le protestantisme et les Quakers, elle a effectué sa scolarité au lycée Jules Ferry. Son père était journaliste. Sa mère bibliothécaire. Les séjours passés chez son grand-père qui était médecin et habitait un petit village situé à cinquante kilomètres d'Antananarivo l'ont très fortement marquée et la personnalité de son grand-père a influencé son premier roman.(Sépia 23, 1996, pp.2-8).
Quittant Madagascar en 1983 pour des raisons politiques, Michèle Rakotoson arrive à Paris où elle obtient un DEA en Sociologie. De 1983 à 1990 elle a collaboré :
- aux revues Théâtre Sud, Baraka, Afrique-Antilles Magazine, Jeune Afrique Magazine,
- aux émissions radiophoniques Mille Soleils (RFI), Antipodes (France Culture),
- à la Télévision dans le cadre du Magazine culturel Obsidienne de RFO-AITV.
Elle a été responsable du Concours les Inédits de RFI-ACCT. Notons aussi que Michèle Rakotoson a été Boursière du Centre National des Lettres en 1988 et de l'Institut International du Théâtre en 1989. En 1990, elle a bénéficié d'une résidence d'écriture à l'Université de Providence (USA). Elle a longtemps habité Paris où elle exercait la profession d'écrivaine et de journaliste à la radio (RFI et France Culture) et à la télévision (RFO). Dans un email daté du 28 février 2010, Michèle Rakotoson nous écrit: « Je suis rentrée définitivement à Madagascar et maintenant je dis simplement que ma place y est, que ce peuple est extraordinaire et qu'il est en train de m'apprendre beaucoup de choses que Paris commençait à me faire oublier. Peut-être tout simplement quelque chose qui se nomme la dignité. ». Elle est actuellement (2010) rédactrice en chef de la revue économique Challenger et Présidente de l'association Opération Bokiko qui encourage l'édition à Madagascar.
SAMBANY: Extrait d'une pièce de théâtre de Michèle Rakotoson sur le thème de la femme. Elle dansa sur la crête des vagues: Extrait d'une pièce de théâtre de Michèle Rakotoson sur le thème de la guerre (1997). |
Ouvrages publiés
Dadabé. Paris: Karthala, 1984. (104p.). Collection Lettres du Sud. Recueil de nouvelles. ISBN:2-86537-076-3
Comprenne qui voudra. Ce soir-là, dans la moiteur de cette boîte de nuit m'est revenu Dadabe. Ce soir-là, à travers ces corps qui gigotaient j'ai revu l'Ombre. J'étais venue pour danser, mais comment pouvoir le faire quand les regards autour de soi sont fixes, hallucinés, quel repos pourrait apporter cette musique qui vous martèle le tympan? Dans cette foule qui voudrait avoir l'air de jouer, plusieurs ont l'air de fantômes, fantômes qui s'appelleraient angoisse, solitude. Et même mes amis qui voulaient être gais et rire se sont retrouvés là, tassés, regardant d'un air vide ceux qui désespérément essayaient de mouvoir leur corps. |
Dadabé a reçu le Grand Prix de Madagascar décerné par l'Adelf.
Cet ouvrage compte trois nouvelles: |
Le Bain des reliques. Paris: Karthala, 1988. (148p.). Collection Lettres du Sud. Roman malgache. ISBN:2-86537-076-3.
Il était une fois le moyen-ouest de Magadascar. Il était une fois le silence et les pierres brûlantes sous le soleil. De loin en loin, un criquet qui sautille, un souffle d'air et une végétation clairsemée. La chaleur implacable semble devoir tout anéantir et l'eau s'en est allée sauf d'Ambohitra, où tout est feutré, où tout est lent. Ici, c'est l'oasis. Les maisons blanches enfermées dans leurs palissades de bois laissent échapper des rires d'enfants et des voix de femmes. Un village loin de tout, où le drapeau aux couleurs pâlies flotte sur la bâtisse blanche de la mairie, où l'église en briques n'ouvre ses portes que pour faire entrer quelques fidèles discrets. La poussière envahit tout, la vie est devenue symbolique. A Ambohitra, tout est calme, tout est paisible. Un jour est venue la rumeur. |
« A travers le récit d'une errance - celle d'un journaliste désabusé qui s'en va réaliser un reportage en province sur une cérémonie mystérieuse, Le Bain des reliques, l'auteur nous met en présence de la réalité, celle d'un Tiers monde où les oripeaux de l'exotisme n'ont décidément plus leur place; ce qui est dit ici, sans emphase ni didactisme, et avec d'autant plus de force. » (Quatrième de couverture). |
Elle, au printemps. Saint-Maur: Sépia, 1996. Roman.
Il faisait très beau ce jour-là, à Antananarivo, comme les jours de départ. Dans les souvenirs. On était à la fin septembre. Ils étaient tous venus à l'aéroport pour l'accompagner : le père, la mère, les surs, les frères, les cousins. Tous avec leurs sourires, leurs recommandations : les larmes au bord de la paupière, l'air fiérot pour ne pas pleurer. La mère avait maigri, terriblement maigri. - Pars ma fille, pars, lui avait-elle dit un jour. Ici c'est trop dur. Il faut que quelqu'un gagne de l'argent. Regarde les enfants de tes frères et surs... Mais aujourd'hui, elle se taisait, la gorge nouée. |
« En 1983, pour des raisons politiques, le terrain devenait brûlant pour moi. Et puis j'avais envie d'aller voir ailleurs. Une île, même aussi grande que Madagascar, c'est fermé. Les hauts plateaux sont même un peu une île dans l' île. Je suis sortie très vite, c'était presque un coup de folie. Personne ne m'attendait, bien sûr. Je ne conseillerais à personne de faire la même expérience. Ce livre est un cri d'alarme. » (Extrait d'une interview de l'auteur publiée dans Sépia no 23, 1996, p.4.) |
Henoÿ - Fragments en écorce. Belgique: Éditions Luce Wilquin, 1998. (128p.). ISBN: 2-88253-155-X
-Iny hono izy Ravorombazaha...Viens, ô viens Grand Oiseau, chantait Grand-Mère. Bodo était partie pour ces contrées si froides là-bas, elle était partie sans plus jamais donner signe de vie, sauf cette missive : « Que veux-tu faire dans ce pays, que veux-tu y faire, laisse-moi m'en aller. » La maison de briques rouges, posée au bord de la route, fermée, hermétique, resta vide. Plus jamais Tiana n'entendit la voix de la jeune femme. Le deuil fraya son chemin lentement, le silence devint un compagnon sûr. Il ne savait où elle était, ni même si elle était morte ou vive. La lettre était arrivée au bon moment, juste avant qu'il ne devienne fou. De douleur ou d'attente. « Le corps a été retrouvé, disait la lettre officielle, il ne porte pas de traces de coups, il s'agit vraisemblablement d'un suicide. » |
« Henoÿ... Écoute... Ainsi commencent souvent les récits et légendes à Madagascar. Tiana part à la recherche de Bodo dans un enfer qui ressemble à la détresse du Tiers Monde, passe le fleuve des Morts et essaie de résister à la tentation de se retourner sur son passé. Cette méditation sur le pouvoir, l'amour et la mort - qui renoue avec le mythe d'Orphée - privilégie les images et le rythme du parler malgache. On y retrouve les Figures mythiques de l'île : le papillon, lolo, emblème de la mort ; Nenibe, la grand-mère, dépositaire de la culture et de la parole ancienne ; Dadabé, le grand-père, passent de vie ; le corbeau, oiseau de malheur ; l'eau, la terre, les rituels. » (Quatrième de couverture). |
Lalana. Paris : L'Aube, 2002. (200p.). ISBN 2-87678-783-0. Roman.
On ne peut marcher vite à Antananarivo. Il y a cette pesanteur de l'air, cette chaleur qui englue tout et rend les gestes lourds. Il y a cette odeur permanente de gaz délétères, cette odeur acide qui entre dans les poumons, qui envahit les muscles, il y a cette poussière rouge, noircie par les gaz d'échappement et la suffocation permanente de cette ville si haut perchée, si sèche. On étouffe à Tana, quand il fait chaud. Mais il n'y fait pas toujours chaud. Ni sec. Il y a aussi les saisons des pluies - tous les ans - les cyclones, les inondations, les chaussées qui s'effondrent, les maisons qui tombent, s'affaissant sur elles-mêmes, comme un tas de boue ravivée par l'eau qui s'infiltre partout, court partout, à la recherche des égouts bouchés depuis longtemps. |
« Lalana n'est pas un roman facile. Par son sujet d'abord : Naivo et son ami, Rivo, dévoré par le sida, fuient Antananarivo et sa misère pour offrir au mourant la mer... celle qui lui permettra de retrouver ses ancêtres dans la paix. Un voyage terrible, qui traverse l'île de Madagascar, écorchant au passage l'image idyllique que l'on pourrait s'en faire ! Mais aussi une catharsis qui transforme ces êtres déchus, sans avenir, en héros d'un récit de voyage sur le chemin du désespoir, de l'extrême... Par sa langue ensuite : une longue mélopée - celle de la musique lancinante de leurs ancêtres - entrecoupée de cris de colère, de sursauts de révolte. Une écriture qui commence par nous prendre de front, puis, insensiblement, nous emmène avec elle sur cette route de la rédemption. Et qui nous laisse bien seuls quand enfin elle s'éteint... » (Quatrième de couverture). |
Juillet au pays. Bordeaux: Editions Elytis, 2007. (206p.). ISBN: 978-2-91-465988-8. Souvenirs.
1er juillet 2002
Roissy, l'aéroport. Propre, net, sans âme. Dans l'air, une odeur de produits de nettoyage. Aéroport sans traces. On ne pleure pas ici, on ne fait pas de scandale, on ne crie pas. Un départ comme un glissement. |
« Michèle Rakotoson revient au pays après des années d'absence. Madagascar et sa capitale Antananarivo s'offrent au regard de celle qui vit an-dafin-dranomasina, de l'autre côté de la mer. L'armoire des souvenirs s'ouvre lentement, exhalant peu à peu "la tendresse pour ce peuple qui est ma dignité". Tout au long de ce récit se trouve un chant en soubassement; puisse le lecteur y retrouver le silence des collines et le rythme de la langue malgache. » (Quatrième de couverture) |
Tovonay, l'enfant du Sud. Saint-Maur-des-Fossés: Sépia, 2010, (126p.). ISBN: 978-2-84280-159-5. Roman.
En pays d'immigration
Il pleuvait depuis une semaine, Tovonay n'arrivait pas à dormir. Une pluie épaisse, lourde pesait sur le toit. |
On parle beaucoup des enfants des rues, avec pitié et commisération et on occulte le courage de ces petits que la vie livre à eux-mêmes et qui luttent comme ils peuvent contre les violences qui leur sont faites. Tovonay est l'un d'entre eux, petit paysan victime de l'exode rural et qui va devoir survivre avec sa mère et sa sœur en ville. Il va le faire avec courage et opiniâtreté. Puisse ce petit livre être un hommage à tous les "Porter panier Madame". (Quatrième de couverture). |
THEATRE
Sambany:
Joué à Antananarivo par la troupe Tsiory (1982) et l'ATMF (1990) en français et en malgache, à Bangui en Centrafrique par la troupe nationale (1992)
Raha ho very aho ry lery:
Joué par la troupe Tsiory (1981)
L'histoire de Koto:
Adaptation en malgache joué à Madagascar par la troupe Tsiory (1983)
La version en malgache de ces trois pièces est publiée par la Société malgache d'édition à Antananarivo Madagascar. |
Honahona:
Adaptation en malgache de la pièce de Wole Soyinka: les gens des marais (1982)
Elle dansa sur la crête des vagues: (Inédit).
Deux textes ont été publiés dans la revue Théatre Sud No 3 (1991), 176p. L'Harmattan & Radio France Internationale.
Un jour ma mémoire: Jouée au Centre Dramatique de Rennes par la troupe de Pierre Debauche (1989), puis à Epernay par la troupe Terra Incognita dans une mise en scène de Stéphane Fievet, au Centre Dramatique Régional le Salmanazar.
La maison morte: |
NOUVELLES
La mer, le vent. L'Humeur du Monde. Paris: Editions revue noire, 1994, pp.95-96. ISBN: 2-909571-11-4.
Dolorosa. Revue Noire. no 19 (décembre 1995).
Elle lui a dit un jour... Amina. no 325 (mai 1997), p.93. (Nouvelle sur le thème du Sida).
Bozy, andevo-vavy. Les Chaînes de l'esclavage. Paris: Florent-Massot, 1998, pp.319-323. ISBN: 2-908382-95-4.
TheBallad of a Shipwreck. In King, Adèle, (ed.). From Africa - New francophone stories. Lincoln : University of Nebraska Press, 2004, pp.85-92.
Pour en savoir plus
Michèle Rakotoson sur le site « île en île », Lehman College and the Graduate Center, CUNY. (Consulté le 1 mars 2010).
Mendy, Renée. «Michèle Rakotoson: "Nous avons une tradition de scolarisation des femmes qui date du XIXe siècle..."», Amina 321 (1997), p.54. Interview.
Jean-Marie Volet. Juillet au pays. Décembre 2009. Compte rendu.
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Editor ([email protected])
The University of Western Australia/French
Created: 2 May 1997
Modified: 22 October 2012
Archived: 28 November 2013
https://aflit.arts.uwa.edu.au/RakotosonMichele.html