KEN BUGUL Click here for English translation |
Mariètou Mbaye Biléoma Ken Bugul est un pseudonyme qui signife en wolof : « personne n'en veut »
est née en 1947 dans le Ndoucoumane, au Sénégal. Après quelques années d'école primaire dans son village, Mariètou Mbaye entreprend des études secondaires au lycée Malick Sy de Thiès, puis passe une année à l'Université de Dakar où elle obtient une bourse d'études qui lui permet de se rendre en Belgique.
De 1986 à 1993 elle est Fonctionnaire internationale, successivement basée à Nairobi (Kenya), Brazzaville (Congo), Lomé (Togo) comme Chargée de Programmes dans la région Afrique d'une organisation non gouvernementale internationale s'occupant de programmes et projets de planification familiale (International Planned Parenthood Federation IPPF Africa Region). Depuis 1994, elle se consacre principalement à ses activités d'écrivain et son ouvrage Riwan et le chemin de sable a été couronné du prestigieux "Grand Prix littéraire de l'Afrique noire" en 1999. La même année, elle affirmait lors d'une interview organisée à l'occasion de la sortie de son troisième roman: "... j'écris et je m'occupe d'une PME qui fait la promotion et la vente d'objets d'art, d'oeuvres culturelles et d'artisanat. J'y inclus la gastronomie africaine. Je suis la veuve d'un médecin béninois. C'est dans son ancien cabinet que j'ai aménagé une galerie d'art, à Porto-Novo, au Bénin."
Tout en continuant ses activités d'écrivaine, Ken Bugul est aussi animatrice d'Ateliers d'écriture en milieu formel (académique),
informel (groupes sociaux) et en milieu défavorisé
(réhabilitation, valorisation, estime de soi, intégration).
Elle travaille également à la promotion d'uvres culturelles, d'objets d'art et d'artisanat. (2008).
Pour plus de renseignements consulter le Curriculum Vitae de l'auteur [pdf file] [2008].
Ecrire aujourd'hui: questions, enjeux, défis : Réflexion sur l'écriture (Notre Librairie 142, 2000)
Ouvrages publiés
Le Baobab fou. Dakar: Les Nouvelles Editions Africaines, 1982 (183p.). ISBN 2 7236 0838 7. Roman.
Fodé Ndao avait réussi à décrocher le fruit tant convoité. En le voyant basculer du haut de l'arbre dans son velours moutarde, couleur de ventre de lionceau, couleur de la savanne, le jeune Fodé hurla de joie. Le fruit, hésitant dans l'air, tomba en spirale sur le sol jonché de racines. Fodé le ramassa avec précaution, le palpa pour vérifier s'il n'avait pas éclaté dans la chute. Il était intact. - Viens vite, dit-il à sa soeur, regarde-le, comme il est long et ce velours qui l'enveloppe donne à penser qu'il est mûr et bon. Il ne faut pas cueillir le fruit du baobab avant qu'il n'ait cette couleur fonçée. Le vent de la savane, le soleil l'ont épanoui et mûri. Viens, nous allons nous régaler. Je vais le casser, Ils rentrèrent dans la cour de la concession familiale et trouvèrent dans un grenier vide l'endroit idéal. |
Incapable de comprendre pourquoi elle a été arrachée à sa mère, Ken Bugul se persuade que «personne ne veut d'elle». Le sentiment d'être rejetée, qui domine toute son enfance, est exacerbé par les rencontres qu'elle fait au cours de son adolescence. Lors de son arrivée en Belgique, elle découvre que l'Europe n'est pas à l'image du monde ouvert et accueillant qu'elle avait imaginé. Privée d'idéal et de points de repères, Ken Bugul se laisse alors glisser sur la pente de la déchéance... Un chef-d'oeuvre qui relate un destin violent, poignant et hors du commun. |
Cendres et braises. Paris: L'Harmattan, 1994 (192p.). ISBN 2 7384 2137 7. Roman.
Le cheval s'arrêta devant la concession. Il ne tenait pas en place, battait des sabots comme dans une exécution de danse, reniflant bruyamment: il attendait que nous descendions de la calèche pour retrouver le destin que l'homme avait deviné en lui en le domestiquant. C'était le début de l'après-midi. Le soleil dans sa générosité enveloppait tout, partout. Furtivement je suivis du regard le grand chemin de sable qui, au loin, se perdait dans un horizon de ciel, d'arbres, de buissons et d'infini. Baye Modou, un vieux compagnon de la famille, se leva de la chaise pliante en bois de "dim" et dans un sourire de tout son visage vint à ma rencontre de sa démarche lente. |
Cendres et Braises est le roman grave et léger de la dérive et de la liberté. Une quête pour se réconcilier avec soi-même au sein des Harmonies Eternelles.(Quatrième de couverture) |
Riwan ou le chemin de
sable. Paris: Présence Africaine, 1999. ISBN 2-7087-0691-8. Roman.
Grand Prix littéraire de l'Afrique noire, 1999.
Un lundi. Jour de marché À Dianké. Il était arrivé une chose extraordinaire dans la vie si réglée, si tranquille, si paisible, de la concession du Serigne de Daroulère. Le Serigne de Daroulère avait une grande concession dans cette bourgade, assez grosse Pour avoir un maire élu. Cette bourgade qui portait donc le nom de Dianké, se trouvait à une vingtaine de kilomètres des terres domptées par le Serigne, à Daroulère. Il était impossible de savoir d'où avait surgi la parole: - On dit que... - On a dit que... Et encore, seuls les téméraires osaient se risquer à parler ainsi. Que s'était-il passé? Ceux qui savaient détournaient la tête et poursuivaient leur chemin. Que s'était-il donc passé? |
Un récit bouleversant et puisé aux sources d'un vécu authentique, ce livre raconte des destins croisés de femmes africaines [...] Dans ce Chemin de sable dont l'auteur nous invite à suivre la trace, il y a une réflection paradoxale et courageuse sur les traditions africaines, sur la polygamie, sur la monogamie, l'aliénation, la séduction, la vie et la mort.(Quatrième de couverture) |
La Folie et la mort. Paris: Présence Africaine, 2000. Roman. ISBN 2-7087-0717-5. Roman.
Il fait nuit. Une nuit noire. Une nuit terriblement noire. Dans ce pays sans nom, sans identité, enfin un pays fantôme, absurde, ridicule et maudit comme il y en avait un bon nombre sur ce Continent, la décision était prise : - Il faut les tuer. Et la radio se mit en marche : - Mesdames et Messieurs, chers compatriotes, bonsoir. Nous commençons les programmes de la soirée par quelques nouvelles avant le grand journal de vingt heures. La nouvelle guerre civile et fratricide qui sévit à côté de nous a déjà fait dix mille morts et cent mille personnes sont sur les routes en direction de L, M, N, 0, P, Q, les pays limitrophes, dont nous faisons partie. Ce qui va encore grossir le nombre, déjà le plus important du monde, de personnes déplacées sur le Continent. |
La Folie et la Mort est une allégorie : c'est l'agonie, plus
précisément le destin d'un Continent en proie aux démons
de la guerre civile, de la pauvreté, de l'endettement, avec son
cortège de malheurs et d'abominations sur fond d'excommunications, de
dictatures, de gesticulations idéologiques meurtrières et de
grande misère, d'errance, de crise existentielle :
l'Afrique. La Folie et la Mort est un récit âpre, véhément, sur fond de violence d'amour, de haine.(Quatrième de couverture) |
De l'autre côté du regard. Paris: Le Serpent à Plumes, 2003. (284p.). Roman. ISBN: 2-84261-390-2
Ce matin j'ai reçu une lettre de mon frère. J'ai tenu l'enveloppe entre mes mains, et je l'ai serrée très fort. J'ai su tout de suite, au premier contact, que cette lettre venait de mon frère. De mon frère Bacar Ndaw! Bacar Kobar! Bacar Kobar Ndaw! Kobar Ndaw ! Mbaye Ndaw! Notre mère l'appelait par tous ses noms. Elle s'ingéniait à y mettre toute l'affection qu'elle avait pour son fils. Elle s'ingéniait à y mettre tout l'amour qu'elle avait pour son fils préféré. Elle y mettait toute l'admiration qu'elle avait pour celui dont son fils portait le nom. Bacar Kobar Ndaw. Bacar Kobar Ndaw de Fass Mame Bacar. Notre mère disait que cet homme était un waIiyyu, un saint homme. Je sais aussi que cette lettre vient de mon frère à cause de l'écriture. Je peux reconnaître son écriture entre toutes les écritures du monde. Je peux reconnaiître l'écriture de mon frère parce que j'aime mon frère. Et je l'aime aujourd'hui plus que jamais parce que j'ai peur. J'ai peur d'apprendre à chaque instant sa mort. |
« La douleur n'est pas indicible, et c'est toute la force de ce roman et de son auteur que de faire apparaître, d'évocations en souvenirs, la dureté de cette sensation. De phrases en phrases, la narratrice laisse s'épancher sa douleur, l'inexplicable fait de n'avoir pas été aimée par sa mère, qui lui préféra Sanana, sa nièce, et ne répondit jamais à son amour, jusqu'à sa mort. L'écriture extrêmement subtile de Ken Bugul, bâtie comme un souffle, comme une parole de scène, compose ici un livre unique et inoubliable. » (Quatrième de couverture) |
Rue Félix-Faure. Paris: Editions Hoëbeke, 2005. (274p.). Roman. [Collection Etonnants voyageurs]. ISBN: 2842302222.
C'était le matin, rue Félix-Faure. Le salon de coiffure, Chez Tonio, était encore fermé, mais une musique persistante de violon en suintait comme un fluide, à travers les persiennes de ses fenêtres. Sur le trottoir en face du salon de coiffure, Chez Tonio, il y avait deux gros policiers debout, les jambes écartées, devant une masse répandue par terre. En ce matin, quelques personnes étaient déjà autour des deux gros policiers. Parmi ces quelques personnes autour des deux gros policiers, il y avait quelques habitants de la rue rue Félix-Faure. Parmi ces quelques personnes autour des deux gros policiers, il y avait des gens qui reveneient du travail. Parmi ces quelques personnes autour des deux gros policiers, il y avait des gens qui avaient dormi dans la rue rue Félix-Faure. |
« La rue Félix-Faure, c'est la rue de la vie, des bars clandestins, des tripots où coulent à flots le vin Kiravi Valpierre et la bière Gazelle Coumba. Dans la rue Félix-Faure se côtoient des éclats de rire de jeunes femmes aux dos nus, se mêlent dans un énorme tohu-bohu des gens venus de tous les horizons, miséreux à la poursuite de leurs rêves, immigrés cap-verdiens... « La rue Félix-Faure est la rue de Dieu » résume le philosophe de la rue - bien loin de ces sectes qui prolifèrent à l'extérieur, et de ces moquadems qui humilient les femmes, au nom de leur prétendu Dieu. Mais voilà qu'une masse sombre envahit la rue, réveille des douleurs tues d'où vient Mu&ntild;, la fille silencieuse; quelles histoires se disent derrière les blues de Drianké, les mornas de Tonio ? Un matin quatre femmes recouvertes de voiles s'éloignent du corps d'un lépreux découpé en morceaux, jeté sur le trottoir. Et la clé du mystère est peut-être dans un tapuscrit ramassé un matin dans une courette... Une enquête policière écrite comme un poème, un hymne à la vie, plus forte que les porteurs de mort, et une quête philosophique menée au son du violon, du blues, et des rires des filles au teint couleur caramel. » (Quatrième de couverture) |
La pièce d'or. Paris: UBU Editions [https://www.ubu-editions.com], 2006. (320p.). ISBN: 2-35197-000-4. Roman.
Un matin, un homme s'était levé très tôt comme d'habitude, diraient ceux qui le connaissaient et était sorti de chez lui. Pour ceux-là, cet homme s'était levé plus tôt encore, ce matin-là. Il n'avait pas fait de bruit comme d'habitude. Il ne voulait peut-être pas réveiller sa femme endormie sur un lit, dont le vieux drap en patchwork de tissus imprimés était froissé et mettait à nu un matelas en mousse usé. L'homme avait traversé une autre pièce où, sur un lit dont le sommier en fer touchait le sol, était allongé, en travers du matelas, un jeune homme qui devait avoir quatorze ans. Sa bouche était ouverte et il ronflait doucement. Dehors, il faisait frais, dans cette région réputée pourtant pour sa chaleur. Mais les matins pouvaient y être frais, surtout à cette période de l'année, et cette fraîcheur s'infiltrait dans les articulations de l'homme. L'homme avait la quarantaine passée, depuis quelques années. Il se dirigeait dans le sens opposé du centre-ville de Birlane. Dans la rue, il n'avait rencontré personne. |
« Ba'Moïse doit partir... Il se le doit pour trouver un monde
meilleur pour les siens. Pourtant, en prenant l'Horaire, le bus qui doit le
conduire vers la grande ville, Ba'Moïse va atterrir dans un tas
d'immondices. C'est tout ce qu'il aura à offrir à sa famille.
Mais Moïse, son aîné, préférera affronter son
père et aller contre le peuple plutôt que d'accepter le destin.
Tant que la pièce d'or existera, l'espoir perdurera. Dans ce roman sensible, Ken Bugul pose un regard critique sur une Afrique contemporaine, où chacun cherche sa voie. Les élites corrompues s'efforcent de conserver leur place et leur pouvoir dans une démocratie bancale, les petites gens s'exilent pour trouver un peu de biens pour survivre, tandis que les désespérés guettent de nouveaux prophètes. Dans une écriture en perpétuelle création, la quête de la pièce d'or, le mythique codorong, traduit le but que chacun pourrait poursuivre toute sa vie, dans une Afrique sans repères. » [Résumé proposé par les éditions UBU]. |
Mes hommes à moi. Paris: Présence Africaine, 2008. (256p.). ISBN: 978-2-7087-0788-7. Roman.
Ce matin-là, j'étais installée sur un canapé en cuir, savourant le calme des premières heures en écoutant du tango en sourdine. Le canapé en cuir me stabilisait par son confort et me revigorait de sa chaleur diffuse. J'ai toujours eu une attirance pour le cuir. J'étais, comme on dit, une fétichiste du cuir. Pourquoi n'ai-je jamais essayé un attirail en cuir pour résoudre, peut-être, le problème de ma sexualité ? « Rien à voir », me dis-je. Le problème de ma sexualité était ailleurs et je n'osais pas ou ne voulais pas me l'avouer. |
« ... Une femme qui s'imagine des vies derrière les visages... Les gestes des uns, les bribes de conversations des autres font resurgir les souvenirs et dessinent les contours d'une vie qui se construit entre révolte et aliénation, avec et contre les hommes... Avec Mes hommes à moi, Ken Bugul offre une parole forte, une introspection profonde d'une grande lucidité et d'une incroyable franchise. Un texte bouleversant sur l'intime et la construction de soi. Une histoire en forme de confession que l'on voudrait entendre chuchotée à son oreille, une parole libre dont on a aussi envie de crier les moments de révolte. » (Quatrième de couverture). |
Cacophonie. Paris: Présence Africaine, 2014. (204p.). ISBN: 978-2-7087-0863-1. Roman.
« Récit aux allures de monologue intérieur, Cacophonie plonge le lecteur au coeur de la détresse et des pensées d'une femme en butte à la solitude mais aussi aux prisons qu'elle se construit. Y reviennent, lancinantes, la douleur de l'abandon maternel et la difficulté de la quête de soi. Un texte âpre mais lucide et nécessaire sur le monde contemporain, l'Afrique et la construction de soi. Un texte dont les pages vibrent de la violence du cri longtemps contenu mais qui, cependant, n'abandonne pas l'espoir qu'a chacun de trouver, un jour, sa place dans le monde, le "canari où se reposer". Nathalie Carré » (Quatrième de couverture) |
Nouvelles
"Les Maîtres de la parole", Nouvelles du Sénégal. Paris: Magellan & cie Editions, 2010. pp. 109-126. ISBN: 978-2-7087-0805-1.
"Ports d'Afrique, Portes d'Afrique!", Ports d'Afrique, Portes d'Afrique. Paris: Ministère des Affaires étrangères, 2002, pp.17-24. [Inclus une traduction en anglais]
Pour en savoir plus
Interview de Ken Bugul : Partager l'humain. Propos recueillis par Victoria Kaiser et Marie-Colombe Afota pour Evene.fr - Mars 2006. [Consulté le 19 juin 2006]
Extrait du roman La pièce d'or. Paris, UBU éditions, 2006. [Consulté le 17 mars 2006]
Gnimdéwa Atakpama. « "Rue Félix Faure" de Ken Bugul », Amina 422 (Juin 2005), pp.86-87. Interview. [Consulté le 20 juillet 2005]
Renée Mendy-Ongoundou «Ken Bugul : Quand 'La Folie te la Mort' nous guettent», Amina 377 (Septembre 2001), p.42. Interview. [Consulté le 3 septembre 2001]
Ecrire aujourd'hui: questions, enjeux, défis par Ken Bugul (Notre Librairie 142, 2000, pp.6-11). [Consulté le 15 mars 2001]
Renée Mendy-Ongoundou. « Ken Bugul revient avec "Riwan" », Amina 349 (Mai 1999), pp.67-68. Interview. [Consulté le 3 juin 1999]
Ada Uzoamaka Azodo and Jeanne-Sarah de Larquier (eds.). Emerging Perspectives on Ken Bugul : From Alternative Choices to Oppositional Practices. Trenton/Asmara: Africa World Press, 2009, (372p). ISBN: 1-59221-672-2. [Quatorze articles de différents auteurs et une interview de Ken Bugul].
Editor ([email protected])
The University of Western Australia/French
Created: 23 December 1995
Last modified: 28 November 2014
Archived: 28 November 2014
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