Aminata SOW FALL Click here for English translation |
Aminata Sow Fall est née à Saint-Louis en 1941. Elle est originaire d'une vieille famille saint-louisienne. Après quelques années passées au Lycée Faidherbe, elle finit le cycle secondaire au lycée Van Vo de Dakar. Elle se rend ensuite en France où elle prépare une licence de lettres modernes. Elle se marie en 1963 puis elle rentre au Sénégal où elle devient enseignante. Elle travaille ensuite dans le cadre de la Commission Nationale de Réforme de l'Enseignement du Français. Elle fut de 1979 à 1988 directrice des Lettres et de la Propriété intellectuelle au ministère de la Culture et directrice du Centre d'Etudes et de Civilisations. Aminata Sow Fall est aussi la fondatrice de la maison d'édition Khoudia, du Centre Africain d'Animation et d'Echanges Culturels (CAEC), du Bureau Africain pour la Défense des Libertés de l'Ecrivain (BADLE) à Dakar, et du Centre International d'Etudes, de Recherches et de Réactivation sur la Littérature, les Arts et la Culture (CIRLAC) à Saint-Louis. Elle est Docteur Honoris Causa du Mount Holyoke College, South Hadley, Massachusetts ainsi que d'autres établissements universitaires.
Ouvrages publiés
Le Revenant. Dakar: Les Nouvelles Editions Africaines, 1976 (125p.). ISBN 2 7236 0109 9. Roman.
C'est le matin, ce jour où chacun est censé pouvoir se reposer un peu plus que d'habitude, même ceux qui, toute la semaine, sont noyés dans l'ennui des jours sans occupation. Car c'est dimanche, et déjà dans les rues de la Gueule-Tapée, les enfants crient, courent, conduisent des voitures imaginaires et pilotent des avions fictifs. Les femmes, par groupes, sur le chemin du marché, racontent tour à tour les potins de la veille avec de retentissants éclats de rire. Déjà, dans la cour des maisons, de braves jeunes filles assises devant de grandes bassines d'eau lavent les assiettes et récurent les marmites dans un concert discordant. Et chez tante Ngoné, Bakar s'étire sans cesse dans son lit et redécouvre que vraiment rien ne change, même pas le dimanche. - Impossible de dormir ici, grommela-t-il, en même temps qu'il posait les pieds par terre. La chambre était bien claire malgré l'heure - il n'était que sept heures du matin - et lorsqu'il ouvrit la fenêtre pour humer l'air, il sentit qu'il ferait encore chaud ce jour-là. |
Honnête employé des postes, Bakar ne tarde pas à dépenser plus d'argent qu'il n'en gagne afin de subvenir aux besoins extravagants de son entourage. Il se met à puiser dans la caisse de son employeur et se retrouve en prison pour détournements de fonds. Du coup, il est rejeté de tous, surtout de ceux qui avaient largement profité de sa prodigalité. Dès lors Bakar est bien décidé à rendre la monnaie de leur pièce à ceux qui l'ont abandonné. |
La Grève des bàttu. Dakar: Les Nouvelles Editions Africaines, 1979. (131p.). ISBN 2 7236 0437 3. Roman.
Ce matin encore le journal en a parlé: ces mendiants, ces talibés, ces lépreux, ces diminués physiques, ces loques, constituent des encombrements humains. Il faut débarrasser la ville de ces hommes - ombres d'hommes plutôt - déchets humains, qui vous assaillent et vous agressent partout et n'importe quand. Aux carrefours, c'est à souhaiter que les feux ne soient jamais rouges! Mais une fois que l'on a franchi l'obstacle du feu, on doit vaincre une nouvelle barrière pour se rendre à l'hôpital, forcer un barrage pour pouvoir aller travailler dans son bureau, se débattre afin de sortir de la banque, faire mille et un détours pour les éviter dans les marchés, enfin payer une rançon pour pénétrer dans la maison de Dieu. Ah! ces hommes, ces ombres d'hommes, ils sont tenaces et ils sont partout! La Ville demande à être nettoyée de ces éléments. Kéba Dabo en est d'autant plus convaincu qu'une fois de plus il a eu du mal à avaler sa salive; il a eu la malchance de se trouver ce vendredi dans le magasin d'un commerç:ant libanais; or tout le monde sait que le vendredi est jour d'embouteillages pour les mendiants. Un aveugle a blessé un jeune homme avec sa canne, juste au moment où le jeune homme sortait du magasin alors que le mendiant tâtait le lieu pour y pénétrer. |
Mour Ndiaye n'hésite pas à prendre des mesures draconiennes à l'endroit des mendiants qui encombrent les rues de Dakar, cela afin d'obtenir les faveurs du Président. Chassés hors de la ville, les mendiants se regroupent et s'organisent. Du coup, il devient de plus en plus difficile pour les habitants de la capitale de respecter les consignes du Prophète et de faire l'aumône aux pauvres, ce qui entraîne indirectement la fin de la carrière politique de Mour Ndiaye. ADAPTE AU CINEMA PAR CHEICKH OUMAR CISSOKO. |
L'Appel des arènes. Dakar: Les Nouvelles Editions Africaines, 1982 (144p.). ISBN 2 7236 0837 9. Roman.
Le professeur de Nalla est très heureux cet après-midi car la leçon sur le complément d'objet direct semble être parfaitement sue. - Nalla, donne-moi un exemple de complément d'objet direct. - Le chasseur a abattu un lion. - Et quel est le complément d'objet dans cette phrase? - "Lion" est le complément d'objet direct du verbe "a abattu". - Très bien, très bien. Un autre exemple. - J'apprends ma leçon de grammaire. - Où est le complément d'objet? - "Ma leçon de grammaire". - Parfait, parfait, Nalla. Maintenant, trouve-moi un exemple où le complément n'est pas un nom ou un groupe de noms, mais un pronom. - Un pronom... - Un pronom personnel par exemple. Tiens, je prends tes cahiers. Remplace le complément d'objet par un pronom personnel... - Je les prends...! "Les" est le complément d'objet direct de "prends". - Excellent, Nalla. Tu vois bien que ce n'est pas difficile. |
Fascinés par les valeurs occidentales Ndiogou et Diattou se trouvent totalement coupés de leurs racines familiales et sociales lors de leur retour au Sénégal. Cette attitude entraîne Diattou à élever son fils Nalla en marge de son milieu, de ses parents et de ses camarades. Malheureux et rongé par cette décision arbitraire, Nalla dépérit mais retrouve une raison de vivre lorsqu'il découvre petit à petit le monde d'où ses parents ont tenté de l'exclure. |
Ex-Père de la nation. Paris: L'Harmattan, 1987. (189p.). ISBN 2 85802 875 3. Roman.
En ce jour de l'hivernage de l'année 196... où je décide d'écrire mes souvenirs, rien ne me lie plus aux contingences de la vie. Ni les reflets ondoyants de ce bout de mer, morceau d'empire que la fenêtre de mon réduit me donne tout le loisir d'embrasser. Ni l'oeil empourpré qui, là-bas à l'horizon, s'ouvre sur l'écran vaporeux des matins paresseux. L'astre royal avance imperceptiblement. La vaste plaine liquide semble lui préparer un tapis d'honneur aux nuances de taffetas pour refléter sa sortie miraculeuse. Bientôt la brume opaque battra en retraite devant sa percée inexorable. Petit à petit, il bousculera les flocons intimidés et paraîtra majestueusement avec une large écharpe blanche qui, en se déployant, répandra l'espoir en des milliers de brassées de bulles scintillantes. Un vent frais balaiera les énigmes de la nuit. Les poumons se rempliront d'un bol revigorant et les membres engourdis se délieront. La terre, encore une fois, se réveillera et le ballet reprendra. |
Un dictateur déchu, réfléchit aux raisons qui ont fait de son règne une décennie d'oppression et de misère. Elu à une écrasante majorité à la présidence de la République, Madiama est persuadé qu'il va être en mesure de conduire le pays sur la voie de la prospérité. Il en va cependant tout différemment et son règne s'achève dans le sang. |
Le Jujubier du Patriarche. Dakar: Editions Khoudia, 1993. (146p.). ISBN 2 87895 006 2. Roman.
Un monde hétéroclite est arrivé à Babyselli, venant des quatre coins de la planète. Au grand bonheur des quelques habitants, la localité vivra des heures fastes. Des repas pantagruéliques seront servis, un air de fête planera, une merveilleuse veillée fera rêver et même pleurer les coeurs sensibles. Au petit matin, les pèlerins plieront nattes et bagages, et Babyselli se retrouvera avec sa solitude, ses cases éparpillées, ses palissades en ruines, ses dunes de sable et ses épineux bien têtus. Et aussi -heureusement- des centaines de têtes de bétail que la fête aura épargnées et des tonnes de vivres qui prendront le chemin des greniers. Vénéré comme un génie tutélaire, le long canal continuera à exposer aux ravages du soleil l'argile craquelée de son fond. Il s'étire au loin, ce canal. Il va, va, va...se perd dans le désert comme pour entretenir le mystère et la permanence des rêves qu'il suscite. Pour ceux de Babyselli, il est censé avoir jadis été le berceau du fleuve Natangué qui a été le témoin-souvent actif-des pages les plus belles, les plus émouvantes et aussi les plus sombres de leur histoire. |
L'auteur crée dans ce roman une fiction qui représente le phénomène des castes mêlées, au sommet de la société, dans ses rapports avec l'Histoire. [...] Le couple Yelli et Tacko sert de prétexte à cette révélation. Ces aristocrates des temps anciens dont les conceptions n'ont pas épousé à temps les réalités de la société moderne vivent l'épreuve de la pauvreté due au sens communautaire et à toutes les conduites liées à la fierté des origines"(P.IV de couverture) |
Douceurs du bercail. Dakar/Abidjan: Editions Khoudia/NEI, 1998. (224p.). ISBN 2 911725 46 8. Roman.
LAVION a atterri sous une pluie battante. Asta répond à peine aux souhaits de lhôtesse de lair et emprunte le couloir. Malgré ses bras lourdement chargés et ses pieds qui lui font terriblement mal dans les escarpins, elle presse le pas, entraînée par la vague de voyageurs. Elle est fatiguée et elle a sommeil. Bien que coutumière des vols de nuit, elle na jamais pu dormir à son aise dans lavion. Il lui faut le confort dun lit et la complicité dun oreiller bien douillet. Elle sait quAnne lattend à la sortie des passagers. Elle sait aussi que ses filles - Maram et Sira - la rejoindront en début de soirée chez Anne, après quelle aura pris un bain chaud et profité dun sommeil réparateur. Dans quelques minutes, pense-t-elle, Anne sempressera de lui arracher le chariot à bagages en se moquant de sa propension à séchiner à chaque voyage sous le poids des colis. Puis toutes deux, après la joie des retrouvailles, se plaindront encore une fois de la Compagnie. |
Une jeune femme envoyée en mission en Europe est arrêtée à la fontière, humiliée et retenue arbitrairement pendant plusieurs jours en attendant d'être déportée avec un grand nombre d'autres africains traités d'indésirables. Victime du nouveau mouvement d'apartheid qui gangrène l'Europe d'aujourd'hui et qui rejaillit sous forme de mille injustices et de mille désespoirs, Asta perd son calme, mais très vite elle se reprend en se rendant compte que l'avenir n'est pas dans un ailleurs robotisé et dé:shumanisé. Il est dans la dignité retrouvée et partagée, au seuil de sa demeure. Dès lors, dit-elle:
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Sur le flanc gauche du Belem. Arles: Actes Sud, 2002. (40p.). ISBN: 2 7427 4044 9. Nouvelle.
Ramata pousse la lourde porte en verre teinté et salue le concierge d'un Na nga def aussitôt perdu dans les vibrations matinales de ce théâtre où elle travaille depuis de nombreuses années... |
Alors qu'une troupe théâtre de Dakar est une fois de plus victime de l'incurie des fonctionnaires qui paralysent le monde des arts, Ramata pense déjà à son prochain projet: l'histoire d'Amari, parti jeune à la découverte du monde... |
Un grain de vie et d'espérance. Paris: Françoise Truffaut Editions, 2002. (144p.). ISBN 2-951661-45-2.
Réflexion sur l'art de manger et la nourriture au Sénégal, suivi d'une vingtaine de recettes proposées par Margo Harley.
L'acte de manger
Par où commencer ? Peut-être en cherchant le sens, le sens de ce
fait commun, tellement commun que la question peut paraître risible, une
question que personne ne se pose: l'acte de manger, c'est quoi ? |
33 questions à propos du manger... sous le ciel d'une
Sénégalaise.
L'acte de manger - L'art culinaire - Le temps de préparation - Le temps de consommation - Rêve de la Matière - Le plat préféré de l'imaginaire - Le goût, le partage - La terre d'origine, le froid et le chaud - Un certain paysage - Les liquides - Les usages, les normes chromatiques - Les saveurs cachées - Construction d'un rêve - La recette de cuisine - « Lintermangeur », le couple - Les repas de convention - La sobriété, la grande bouffe - La frugalité, la confection - Le temps du repas comme modèle social - Les sens dans tous leurs états - La gueule et le sexe - Le plaisir immédiat sans préambue - La passion dévorante - Le langage culinaire comme code universel - La situation politique - Le plat divin - Les plaisirs enfantins - La mode et au-delà de la mode - La fantaisie, la nouveauté et la tradition - La gestualité La convivialité des repas - Les paroles de la table - L'animal mangé et l'homme mangeur - La question qui vous démange (pp.9-96) Suivi d'une vingtaine de recettes « aux noms qui dansent: yassa, maffé, bissap, bassi salté, tieb ... » de Margo Harley, jeune Chèfe sénégalaise. (pp.101-142)
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Festins de la détresse. Lausanne: Editions d'en bas, 2005. (160p.). [Coll. Terre d'écritures]. ISBN 2-8290-0318-7. Roman.
Contre toutes les misères du monde, l'euphorie du petit matin. Maar y croit. Il en parle avec la passion du poète essayant parfois de remonter à l'époque où, tout enfant encore, il livrait des pots de lait à quelques clients de sa mère éparpillés aux quatre coins de la ville. Il connaissait par cœur les rumeurs, les frissons, les secousses, les bruits et les couleurs de l'aurore car, à ses premières lueurs, il avait déjà fini sa corvée, ouvert l'enclos pour libérer les bêtes et noué quelques mailles des filets de son père si ce dernier n'était pas en mer. Il pouvait alors prendre le petit déjeuner copieux qui l'attendait dans un coin de la véranda puis s'en aller à l'école. |
Comme dans son ouvrage précédent, l'auteure souligne avec beaucoup de sensibilité et de bon sens que son pays doit rompre avec le
cercle vicieux des pseudo projets "d'aide au développement" et du magouillage encouragés par l'Occident, ceci afin de trouver - comme le font les personnages de
son roman - la meilleure manière de résoudre les problèmes
actuels en faisant appel aux ressources disponibles sur place. « Chroniques d'une famille et d'une cour, Festins de détresse nous plongent au cœur de vies en proie aux absurdités que provoquent les changements économiques et sociaux, trop rapides pour le temps d'une vie humaine. ... Aminata Sow Fall veut "changer la croyance selon laquelle la nourriture et les bien matériels sont seuls nécessaires à la survie, et mettre en évidence l'importance de la créativité et des besoins spirituels. Ils sont même plus importants que les biens matériels, qui ne suffisent pas à fonder la dignité d'un être humain" ». (Quatrième de couverture). |
Nouvelle
"La fête gâchée" in Nouvelles du Sénégal. Paris: Magellan & cie Editions, 2010. pp. 128-140. ISBN: 978-2-7087-0805-1.
Pour en savoir plus
Simon Kiba. «Aminata Sow Fall: son second roman est présélectionné pour le Goncourt;"», Amina 83 (oct 1979), pp.16-17. Interview.
«Les confidences de Aminata Sow Fall.», Amina 120 (nov 1982), pp.64-65. Interview.
Simon Kiba «Le 5ème livre d'Aminata Sow Fall: Le Jujubier du Patriarche», Amina 276 (avril 1993), p. 22. Interview.
"Entretien avec Aminata Sow Fall", in Gaasch, James. La Nouvelle sénégalaise - Texte et Contexte. Saint-Louis du Sénégal: Editions Xamal, 2000 (pp.80-83). ISBN 2 84402-021-6. [Consulté le 23 juillet 2005].
Médoune Guèye "L'Appel des arènes: A Postcolonial Development of the Buildungsroman". The Coastal Review 1, Georgia Southern University, March 2007. [https://class.georgiasouthern.edu/fl/thecoastalreview/gueye1.html. Consulté le 15 août 2007].
Jean-Marie Volet. Festin de la détresse. Avril 2009. Compte rendu.
Editor ([email protected])
The University of Western Australia/French
Created: 25 December 1995
Last modified: 01 July 2010
Archived: 11 May 2013
https://aflit.arts.uwa.edu.au/SowFallAminata.html