LEONORA MIANO Click here for English translation |
Léonora Miano est née en 1973, à Douala, au Cameroun. C'est dans cette ville qu'elle passe son enfance et son adolescence, avant de s'envoler en 1991 pour la France où elle réside depuis. Elle étudie les Lettres Anglo-Américaines, d'abord à Valenciennes, puis à Nanterre.
C'est à l'âge de huit ans qu'elle écrit ses premières poésies, et le roman vient à l'adolescence. Miano attendra longtemps, avant de proposer ses textes à des éditeurs. Le temps d'avoir le sentiment de posséder une écriture personnelle, qui contienne son tempérament et qui restitue sa musique intérieure. Alors qu'elle a écrit en moyenne un roman par an depuis ses seize ans, ce n'est qu'à trente ans qu'elle commence à songer à se faire publier, s'estimant enfin prête.
Son premier roman, L'intérieur de la nuit, a été salué par la critique et plébiscité par les lecteurs. Plusieurs prix lui ont été attribués depuis
Les lauriers verts de la forêt des livres, Révélation 2005; Le Prix Louis Guilloux 2006; Le Prix Montalembert du premier roman de femme 2006; Le Prix Réné Fallet 2006; Le Prix Bernard Palissy 2006. Classé meilleur premier roman français pour l'année 2005 par le magazine Lire, L'intérieur de la nuit fait aussi partie des finalistes de l'édition 2006 du Prix des Cinq Continents de la Francophonie.
Contours du jour qui vient a obtenu le Prix Goncourt des Lycéens en 2006 et La Saison de l'ombre le Prix Fémina en 2013.
Ouvrages publiés
L'intérieur de la nuit. Paris: Plon, 2005. (210p.). ISBN 2-259-20149-0. Roman.
Nul ne pouvait quitter le village. La semaine passée, on était venu le leur dire. Qu'il ne fallait pas bouger. Qu'on leur ferait signe. Que vraiment, on ne leur conseillait pas d'avoir le moindre besoin, d'être frappé par la plus petite nécessité qui fût de nature à susciter des déplacements. Tant pis, si certaines denrées venaient à manquer. Ils n'auraient qu'à faire comme leurs ancêtres : avec ce que leur fournissait la nature. Et puis, on avait ri. Depuis un temps qu'ils ne mesuraient pas vraiment, le pays alentour était occupé. Ils ne savaient pas bien d'où venaient les occupants, encore moins ce qu'ils voulaient réellement. Mais la rumeur qui voyage dans le vent leur était parvenue. Elle disait un tumulte, dont il ne faisait aucun doute qu'il guettait le moment de fondre sur eux. |
« Ayané est venue étudier en France. Quand elle retourne à Eku, le village qui l'a vue naître au cœur de l'Afrique, elle trouve un lieu désolé, déserté par les hommes qui travaillent au loin, où femmes, enfants et vieillards vivent en marge du monde, dans la misère et l'ennui. La guerre civile ravage le pays. Un soir, les miliciens envahissent le village : ils veulent des garçons pour grossir leur armée, et des filles pour la troupe. » (Quatrième de couverture) |
Contours du jour qui vient. Paris: Plon, 2006. (280p.). ISBN: 2 259 20396 5. Roman.
Il n'est que des ombres alentour, c'est à toi que je pense. Non pas qu'il fasse nuit, et que les vivants aient soudain épousé les couleurs du moment. Il aurait pu en être ainsi, si le temps prenait encore la peine de se fractionner en intervalles réguliers : secondes, minutes, heures, jours, semaines... Mais le temps lui-même s'est lassé de ce découpage. Le temps a bien vu comme nous toutes, comme moi, que pareil décompte ne faisait pas sens. Pas ici où nous sommes. |
« Après la guerre qui aravagé le Mboasu, cet état imaginaire et ô combien réel d'Afrique, le pays est exsangue. Les patents, incapables de prendre soin de leurs enfants, les chassent loin de chez eux, les accusant d'être la cause de leurs malheurs. Décidée à retrouver sa mère, la jeune Musango traverse un pays frappé de folie... » (Quatrième de couverture) |
Tels des astres éteints. Paris: Plon, 2008. (410p.). ISBN: 978-2-259-20628-0. Roman.
Une tache de toi sur l'écran, avant que je ne sorte prendre mon quart de noirceur dans les couloirs du passage aveugle. Là, une tache de toi sur une affiche. On vient à peine de te coller sur les carreaux sales d'un mur immense. Le papier glacé s'étire sans fin. Des lettres rouges appellent à se souvenir de tes spasmes lointains. Toi, la terre qui n'existe pas. Toi, le creux dans lequel tous projettent leur néant. Ils te rêvent de loin, se créent en toi un espace à dominer, à sublimer, à façonner, à mépriser, à révérer, à sauver. Aucun ne saisit véritablement ton épaisseur, ta densité. Pas même tes enfants. Ils ne savent plus que tu vis. Que tu as tes propres désirs, tes rêves à toi aussi, inlassablement effacés derrière la figure qu'ils t'ont construite. |
« Dans l'intra muros d'une grande ville d'Europe, vivent Amok, Shrapnel et Amandla. Alors qu'Amok et Shrapnel sont nés en Afrique, Amandla a grandi dans un territoire d'Outre mer. Trois parcours différents, une même couleur de peau, parfois embarrassante, lorsque l'Afrique, la Terre Mère, a des allures de continent déchu. Une couleur qui emprisonne et influence leur rapport au monde. Tandis qu'Amandla, l'icône rasta, s'enflamme pour une histoire glorieuse ou le peuple noir descend des pharaons d'Egypte, Amok, l'écorché vif, étouffe sous cette couleur si lourde de sens. Quant à Shrapnel, le prince des villes qui rêve d'un peuple noir uni de l'Afrique aux Amériques, il a du mal à savoir où il en est depuis qu'il est tombé amoureux d'une blonde au yeux bleus... Entre révolte, fierté et mal de vivre, est-il possible de surmonter une identité si envahissante pour se révéler à soi-même ? » (Quatrième de couverture). |
Afropean Soul et autres nouvelles. Paris: Flammarion, 2008. (122p.). ISBN: 978-2-0812-0959-6. Nouvelles.
Je n'ose pas rentrer. Même si ici, tout est sombre depuis la première heure du premier jour. Je ne peux pas rentrer. Laisser la honte s'abattre sur moi. Les railleries et le mépris des autres m'engloutir. Autant mourir ici. Comme une bactérie neutralisée...
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Cet ouvrage comprend cinq nouvelles et une présentation détaillée de Léonora Miano.
PRESENTATION
Léonora Miano, une auteur remarquée NOUVELLES
Depuis la première heure DOSSIER
Parcours de lecture |
Soulfood équatoriale. Paris: NiL éditions, 2009. (110p.). ISBN: 978-2-84111-380-4.
Pierre à écraser Il est des jours comme celui-ci, où une fringale de rivage me prend. En un rien de temps, je l'aperçois. Le voici. Là, sous mes mains qui cherchent, dans le placard de la cuisine, le gros galet plat et sa petite pierre ronde. Une pierre dense et solide. Elle sert à écraser, une fois posés sur le galet, les ingrédients de la sauce qui me ramènera chez moi. |
"Soulfood, nom d'une gargotte qui fut l'âme de Douala, donne son titre à cet "Exquis" d'une grande densité, où Léonora Miano se livre à une réjouissante chasse aux trésors du langage gourmand sur les rivages du Cameroun". (Quatrième de couverture)
"Soulfood équatoriale est une promenade sur la côte du Cameroun, entre légendes, scènes de rue et souvenirs d'enfance. Les chapitres renvoient généralement à des plats bien connus dans cette région du pays : le ndolé, la sauce gombo, la morue salée, le jazz (nom local d'une sauce aux haricots rouges), le pèpè soup..." (Site web de l'auteure, consulté le 30 juillet 2009) |
Les aubes écarlates « Sankofa cry ». Paris: Plon, 2009. (280p.). ISBN: : 2-259-21067-8. Roman.
La femme ouvrit les yeux. Le sommeil n'avait duré que quelques minutes, imprimant en elle un malaise. Il lui avait semblé entendre des voix, rauques d'avoir trop gémi. Pourtant, il lui était impossible de se rappeler ce qu'elles avaient dit. Il ne lui restait en mémoire que des plaintes étouffées, un bruit de chaînes traînées sur un sol en bois. Des sons hâchés qu'elle ne parvenait pas à assembler pour en tirer un sens : San... San Ko... Ko... Elle ne s'expliquait ni cela, ni cette odeur marine qui flottait dans l'air, comme si toute la vase de la Tubé avait été remuée, transportée dans la pièce. Sans doute n'était-ce que le résultat de la fatigue. Elle dormait si peu... |
"Epa a été enrôlé de force dans les troupes d'Isilo, un mégalomane qui rêve de rendre sa grandeur à toute une région de l'Afrique équatoriale. Emmené au cœur d'une zone isolée, il découvre qu'il est entouré de présences mystérieuses : plusieurs fois, il aperçoit des ombres enchaînées demander réparation pour les crimes du passé. Sur tout le continent, les esprits des disparus de la traite négrière distillent l'amertume et la folie en attendant que justice leur soit rendue..." (Site Plon, consulté le 9 juillet 2009) |
Blues pour Elise. Séquences afropéennes. Saison 1. Paris: Plon, 2010. (210p.). ISBN: 978-2-259-21286-1. Roman.
Sable sister Akasha s'était levée du bon pied: le plus résolu. Elle avait allumé son ordinateur, ouvert la liste de lecture compilant les plus belles chansons de Millie Jackson. C'était sa soul therapy. Une musique chaude. Sensuelle. Tout allait changer. C'était décidé. Déjà elle fourbissait ses armes, s'attelait à transformer son destin, à réinventer son existence ... |
Qu'est-ce qui fait courir les personnages de Blues pour Élise ? C'est l'amour ! Celui qu'on désespère de trouver, comme Akasha qui ne se remet pas d'une peine de cœur. Celui qu'on croit avoir perdu, comme Amahoro, dont le compagnon a pris ses distances. Celui qu'on n'attendait pas, comme Shale, follement éprise d'un homme peu avenant. Celui dont on doute soudain, comme Malaïka, paniquée à la veille de son mariage. À travers le parcours de ces quatre femmes et de leurs proches, Blues pour Élise dresse le portrait coloré, urbain et charnel de la France noire. Celle qui, loin des clichés misérabilistes, adopte le mode de vie bobo, se nourrit de graines germées, se déplace en Vélib', recourt au speed dating pour rompre la solitude. Roman de société, Blues pour Élise parle avant tout d'amour. Celui de soi, celui de l'autre. (Quatrième de couverture). |
Ces âmes chagrines. Paris: Editions Plon, 2011. (288p.). ISBN: 2-259-21287-5. Roman.
Les femmes venaient de descendre. Il les voyait depuis le balcon de la terrasse donnant sur le jardin privatif, avec ses arbustes élégamment taillés, ses toboggans et balançoires destinés aux enfants des résidents. Philomène, apercevant de loin les voitures du funiculaire qui glissaient le long du cable, avait demandé quel était cet engin. Amalia lui avait donc proposé de la conduire sur les remparts, afin qu'elle le contemple de plus près. Elles y monteraient peut-être, pour regarder le monde de haut... |
Né dans l'Hexagone, Antoine Kingué, dit Snow, n'arrive pas à surmonter la rancoeur qu'il nourrit envers sa mère, coupable de ne l'avoir pas assez aimé. Elle l'a laissé en pension alors qu'il n'avait que sept ans et envoyé passer les grandes vacances seul au Mboasu, ce pays subsaharien où il ne s'est jamais senti à sa place. Par ailleurs, il est persuadé que son frère Maxime a reçu plus d'affection que lui. Pour se venger de cette enfance malheureuse, Snow fait payer ceux qui l'ont fait souffrir, rêve de devenir une vedette adulée, une star dont la vie serait enfin brillante et facile. Quand son frère lui annonce son retour au pays avec leur mère, Snow voit son univers s'effondrer. Sans plus personne sur qui passer sa rage, il se retrouve face à lui-même... (Quatrième de couverture). |
La Saison de l'ombre. Paris: Grasset, 2013. (240p.). ISBN: 9782246801139. Roman. Prix Fémina 2013.
« La saison de l'ombre ambitionne de saisir l'instant d'un basculement. La composition de ce roman s'est glissée dans un interstice, entre la disparition du monde connu et l'avènement d'un univers nouveau, dont nul ne sait encore rien. [...] La saison de l'ombre épouse la vision de ses personnages: des Subsahariens vivant dans une Afrique précoloniale, et ne connaissant du monde qu'eux-mêmes et leurs voisins immédiats. Le texte prend soin d'éviter les anachronismes, pour rester au plus près d'une perception subsaharienne non encore influencée par la rencontre avec l'Europe. C'est pour cette raison que l'histoire se déroule à l'intérieur des terres, plutôt que sur la côte. » [Début de la présentation du roman par l'auteur sur son site, consulté le 20 octobre 2013]. |
Pour en savoir plus
NB. "'L'intérieur de la nuit' un roman de Léonora Miano". Amina 427 (Novembre 2005), pp.68-69.
"Léonora Miano : l'Afrique a besoin d'entendre un discours de responsabilité, même si cela déplaît". Grioo.com, 23 mai 2006. Interview. [Consulté le 23 octobre 2006]
Laure Malécot. "Léonora Miano : 'Contour du jour qui vient: l'expérience, d'une génération'". Amina 441 (Janvier 2007), p.XL.
Liss Kihindou. "Livre : 'Tels des astres éteints' de Léonora Miano". Grioo.com, 7 juillet 2008. Interview. [Consulté le 8 juillet 2008]
Wandat Nicot. "Léonora Miano. "Tels des astres éteints" ou les désastres éteints". Amina 459 (Juillet 2008), pp.56 et 58.
Jean-Marie Volet. Tels des astres éteints. Novembre 2008. Compte rendu.
Wandat Nicot. "Léonora Miano. "Léonora Miano: 'Les Aubes écarlates'". Amina 479 (Mars 2010), p.Europe 58.
Firmin Luemba. "Léonora Miano invite les Afropéens à la rigueur et à l'honnêteté". Amina 490 (février 2011), pp. 67-68.
Editor ([email protected])
The University of Western Australia/French
Created: 12 October 2005
Modified: 07 November 2013
Archived: 28 November 2013
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