DU DOSSIER 5. Trait de culture, fait religieux 7. Politique des états africains
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Die Würde des Menschen ist unantastbar
La situation en Allemagne A l'époque de la colonisation anthropologues, administrateurs, et missionnaires s'entendaient pour observer de loin des coutumes qu'ils considéraient surtout comme des bizarreries qui ne les concernaient pas. Un demi-siècle plus tard, l'attitude des pays du Nord face à l'excision est légèrement différente mais la compréhension des conditions économiques, religieuses et socio-historiques qui permettent de situer le problème dans son contexte et d'en attaquer les causes fait encore cruellement défaut. Pour l'Europe, l'excision reste une coutume barbare à observer de loin et à maintenir au-delà du rideau de fer qui a été dressé tout autour de l'Europe au cours de ses dernières années. Dès lors, les questions sont mal posées, les difficultés et les échecs sont surmédiatisés. Par exemple en Allemagne, le débat sur l'excision tourne trop autour du plaisir, et de la jouissance sexuelle. De là cette impression qu'en Allemagne, le "voyeurisme" est plus à l'honneur qu'un véritable travail de sensibilisation. Cette impression est malheureusement renforcée par campagne actuelle, ce qui fait dire à un jeune métis allemand, étudiant en droit et joueur de handball
La protagoniste du roman n'appartient ni au monde de la mode, ni à celui de sport et encore moins à celui du show-business.
Le service de la Statistique de Wiesbaden estime que 20 000 femmes excisées vivent en Allemagne et que de nombreuses petites filles risquent de l'être. Jusqu'à ce jour il n'existe pas de véritables statistiques. En Allemagne, la lutte contre les MGF a été dans les années 70 surtout l'oeuvre d'activistes qui ont tenté de sensibiliser l'opinion publique en publiant des brochures ou en organisant des débats sur ce sujet (Braun, Levin, und Schwarzbauer(eds.) Materialien zur Unterstützung von Aktionsgruppen gegen Klitoribeschneidung. Munich: Frauenoffensive, 1979, pp.55-65) En 1981 deux NGOs "Amnesty for Women" et "Terre des Femmes" (1981) ont vu le jour. Elles donnaient la priorité aux MGF. Les changements au niveau du comité exécutif de "Terre des femmes" a abouti à rayer l'excision du champ des recherches de cette organisation durant un certain temps. A la suite du film présenté par CNN, lors de la conférence mondiale sur la population au Caire et qui révélait que 90% des Egyptiennes étaient excisées (1994), et de la Conférence Mondiale sur les Femmes à Beijing (1995) les MGF ont provoqué un regain d'intérêt de la part des médias et "Terre des Femmes" a repris sa campagne contre l'excision tout en déplorant la "culture du silence" qui prévaut sur ce sujet en Allemagne.
En 1995, une journaliste a publié dans le magazine des jeunes Bravo un article à sensations qui s'adressait aux teenagers. "Awa, 17 Jahre ich wurde beschnitten" (Awa, 17 ans, j'ai été excisée) (P. Göttinger. "Awa, 17: 'Ich wurde beschnitten'" Bravo!Girl 15, 10. 7. 1996, pp. 10-11. La revue tire à 3 millions d'exemplaires par semaine).
La réaction a dépassé toute commune mesure. Elle s'est manifestée par un courrier abondant des lecteurs qui était non seulement riche de propos racistes mais surtout d'appels à la délation publique. Les jeunes ont condamné d'une façon virulente les parents d'Awa en les traitant de criminels qu'il fallait passer tout de suite par les armes:
Cette impression de "voyeurisme" à relent raciste est accentuée par la campagne de presse qu'a entrepris INTACT. Il faut regretter que, durant une semaine, les médias, et même certaines émissions pourtant sérieuses, se sont permises de montrer des images plutôt osées et qui n'ont eu pour effet que de corroborer auprès des téléspectateurs une image de l'Afrique inappropriée. Cette campagne pour l'abolition des MGF est perçue par les Africaines vivant en Allemagne comme une atteinte à la dignité de la femme noire. Et elle ne s'accorde pas avec l'article 1 de la Constitution allemande: "Die Würde des Menschen ist unantastbar" (La dignité de l'être humain est invulnérable). INTACT a entrepris une véritable croisade contre une coutume qualifiée de "barbare". Il convient donc d'ériger à nouveau le rideau de fer, en orchestrant une publicité à outrance dans la presse de boulevard, mais aussi dans le journal TAZ publié à Berlin pourtant réputé pour son libéralisme et son ouverture aux pays du Tiers-Monde. Les mouvements féminins africains ne peuvent pas s'identifier à ces images choc qui envahissent actuellement la presse allemande. En outre, nombreuses sont les Africaines qui craignent d'être la cible de maniaques, d'obsédés sexuels et autres mutilés psychiques qui chercheraient à satisfaire une curiosité malsaine (cf. Remarque: Depuis l'effondrement du mur de Berlin, les agressions physiques contre les minorités "visibles" se sont développées à une allure vertigineuse. L'auteur de ces lignes a été agressée en plein jour dans un grand magasin par un chômeur, un jeune homme de 17 ans qui usait d'un langage émaillé de propos xénophobes. Condamné par le tribunal de première instance de la ville d'Erlangen, le juge a reconnu comme circonstance atténuante qu'il était en état d'ébriété à 5h. de l'après-midi). Déjà lors de la conférence de Copenhague, le professeur Filomena Steady, membre fondatrice de l'AFARD/AAWORD, avait reproché aux féministes occidentales de faire de l'excision leur cheval de bataille et de ne pas s'élever contre la violence dont les femmes noires sont victimes en Europe ou en Amérique (Filomena Steady. "Women: The Gender Factor in the African Social Situation". The African Social Situation: Crucial Factors of Development and Transformation. ACARTSOD: London, 1990, p.192) Les groupements de Femmes Africaines, AFARD/AAWORD/AGISRA/MAISHA/FORWARD ou bien le groupe de Berlin/Les femmes Somaliennes d'Erlangen-Nuremberg effectuent un travail dans l'ombre, loin d'une publicité tapageuse. Depuis 1996 Agisra a un statut officiel de centre de santé. A l'intérieur d'Agisra, le comité des Femmes Africaines MAISHA effectue un travail de sensibilisation auprès des femmes vivant surtout dans la région de Francfort et conseille les Africaines qui sont confrontées aux problèmes des MGF. MAISHA par exemple a entrepris une enquête auprès des gynécologues de la Hesse, région de Francfort afin de savoir s'ils accepteraient d'opérer dans leur cabinet des fillettes. Tous ont répondu négativement. AGISRA a pour but d'évaluer les besoins des Africains résidant en Allemagne et, point important, de "favoriser le dialogue entre Allemands et les divers groupes nationaux", d'entretenir des contacts avec les femmes allemandes afin de développer un esprit de tolérance réciproque et combattre le racisme. AGISRA-MAISHA essaie d'obtenir le droit d'asile pour 8 femmes (1 du Sénégal, 2 de Somalie, 3 du Kenya, 1 du Burkina-Faso, 1 du Nigeria). Toutes ces femmes sont menacées d'excision si elles retournent au pays. Tout comme AFARD/AGISRA/FORWARD, MAISHA a pris part à des émissions de télévisions sur les MGF afin de donner une vision plus réaliste de cette coutume. Le 18 octobre 1998, MAISHA était l'hôte officielle de Waris Dirie lorsqu'elle devait être reçue par la ville de Francfort. Le groupe MAISHA a soutenu par la voix de sa présidente, Virginia Wangare Greiner, les efforts pour créer FORWARD International qui donne la priorité aux MGF. Depuis décembre 1998 un groupe mixte d'hommes et de femmes, d'Allemands et étrangers venus de tous les horizons est né officiellement à Francfort sous le nom de "FORWARD" affilié à FORWARD-International sis en Angleterre. Ce groupe a entrepris une véritable campagne de sensibilisation dans le respect de la différence des cultures, tout en montrant les écueils auxquels se heurtent les familles Africaines qui pratiquent l'excision sur leurs filles. FORWARD prévoit d'organiser une exposition itinérante en accord avec FORWARD-Nigéria. Les artistes nigérians ont immortalisé le problème de l'excision sur leurs toiles. Cet exposition de peinture a débuté le 8 mars 2000 à Sarrebruck et tournera dans toutes les villes d'Allemagne. FORWARD prévoit également une campagne auprès des jeunes filles qui pourraient être menacées par l'excision, soit ici en Allemagne, soit en se rendant en vacances dans leur pays d'origine.
"Nous devons sensibiliser nos filles qui grandissent ici à ce problème, mais nous devons aussi informer leurs mères qui demeurent attachées à cette coutume" (Ma traduction) a déclaré la vice-présidente de FORWARD, Dr. Asili Barre-Dirie le 9. 4. 1999 lors de la réunion du comité exécutif à Francfort. En Allemagne, un travail de sensibilisation est nécessaire, car ici mutilations se confond avec racisme et sexisme. En outre, "la culture du silence" qui prévaut encore parmi les groupes les plus concernés nécessite un changement des attitudes. La solution du problème ne se situe pas au niveau d'une dénonciation auprès des barreaux ni, comme le préconisent certaines féministes allemandes, à celui de l'établissement de listes des patientes excisées par les gynécologues. Ces procédés inacceptables se rapprochent trop de la délation publique qui causa jadis tant de souffrances et détruisit des familles entières. Il s'agit davantage d'instituer un dialogue et de trouver une solution durable. Certes, l'Allemagne n'en n'est pas au même stade que la France, qui a une forte population d'émigrés africains et qui a donné la priorité aux mesures légales draconiennes, L'un des défis auquel l'Allemagne doit faire face est de favoriser la collaboration avec les organisations des femmes africaines existantes dans le pays afin qu'elles oeuvrent ensemble à l'abolition des MGF. Car, la participation des Africaines s'avérerait fructueuse pour effectuer un travail psychologique auprès des autres femmes vivant en Allemagne afin de les persuader de renoncer à faire exciser leurs filles.
Succès parlementaires Le 17 juin 1998 le parlement ou Bundestag a présenté pour la première fois une motion qui avait pour titre "Genitalverstümmelung ächten und Frauen schützen" (Proscrire les mutilations génitales féminines et protéger les femmes". Die Tageszeitung, 18.6.98). Cette motion de censure a été possible grâce au travail qu'avaient entrepris les Verts déjà un an auparavant en organisant un "hearing" co-financé par la fondation Heinrich Böll. Le député des Verts Dr. Angelika Köster-Lossack, membre du Bundestag et membre du comité des Affaires étrangères posait une question cruciale: "Que peut faire l'Allemagne pour éviter que des enfants nés sur le sol germanique ne subissent une opération de MGF ?" (Antrag der Abgeordneten Irmingard Schewe-Gierigk, Anke Diertert-Scheuer, Dr. Angelika Köster- Lossack. Deutscher Bundestag, 13. Wahlperiode. 21.11.97. Drucksache 13/9335).
Le député Mme Irmgard Schewe-Gierigk a souligné que "les femmes du sud exigent un acte de solidarité concret et demandent qu'on les supporte dans leur lutte". Il va donc de soit que l'Allemagne prenne des mesures en ce qui concerne les mutilations sexuelIes. Le député, Mme Anke Diertet-Scheur, a relaté le cas d'une jeune Ivoirienne résidant à Hamburg qui a obtenu le droit d'asile, car elle craignait que sa fille âgée d'un an ne soit excisée si elle retourne en Côte d'Ivoire. L'été dernier, la journaliste Kersten Kilanowski aurait découvert que 4 fillettes, originaires de la Gambie, avaient été envoyées dans leur patrie durant les vacances afin d'être excisées. "Terre des Femmes", s'est saisie de cette affaire. Lors de la réunion du 11-13 septembre 1998, elle a soulevé la question de savoir s'il fallait intenter une action en justice contre les parents. En s'appuyant sur le code pénal, et surtout sur les articles (SS224 SS226 StGB) qui garantissent l'intégrité corporelle "Die körperliche Unversehrtheit". Théoriquement les mutilations pourraient être passibles de condamnation. "Terre des femmes" préconise la délation publique afin d'établir un précédent. Lors de la rencontre en septembre 98, la majorité des participantes allemandes se sont prononcées pour une action en justice. Tobe Levin rapporte une séquence du débat:
Le 23 mars 1999, la première chaîne de télévision a présenté dans son émission "Report" le premier cas de délation publique. Un couple allemand, originaire de la Rhénanie-Palatinat du nord, non loin de Essen, a porté plainte contre une Africaine qui avait fait exciser sa fille de six ans. L'enquête est en cours. Toujours selon le journaliste de "Report" à Karlsruhe, la police a eu vent d'un cas similaire. Une famille Africaine aurait fait exciser leur fille. Ici aussi l'enquête est en cours. Pour la première fois, la police allemande se sent impuissante à agir, car les personnes appréhendées se réfèrent à la liberté d'excercer leur religion garantie par la Constitution allemande. Les tribunaux allemands sont confrontés à un fait de culture qui les dépasse. En effet, les personnes interpellées par la police donnent comme argument que l'excision est, un commandement religieux auquel elles doivent soumettre leurs filles. A Berlin, un médecin d'origine arabe a déclaré sous le feu des caméras qu'il pratique sous anesthésie totale l'excision et perçoit des honoraires d'environ 1200 DM par patiente (environ 350 000 FCFA, 3 500FF). Le ministre de la justice, Mme Herta Däubler-Gmelin, s'est donc adressée aux autorités judiciaires, du parquet allemand "der Bundesgerichtshof" pour qu'il vérifie si les lois existantes sont en mesure d'être appliquées afin de pouvoir punir les parents ou toute personne qui pratiquerait des MGF. Interviewée au cours de cette émission, la ministre a déclaré en substance:
Depuis des années, les mouvements féminins africains en Allemagne réclament que les mutilations génitales féminines soient reconnues comme motif pour obtenir l'asile comme c'est le cas au Canada et aux Etats-Unis. (P. Herzberger-Fofana. "Die Nacht des Baobab. Zur Situation der ausländischen Frau am Beispiel von Afrikanerinnen in Deutschland". Festvortrag zum internationalen Frauentag 8. März 1992, p. 22. München: Veranstaltung der Landeshauptstadt /Frauenbeauftragte Büro München am 9.3.92)
Il faudrait avant de punir, sensibiliser, informer les diverses communautés concernées. Dans l'ensemble, les Africaines sont contre la délation publique, car elle pourrait aboutir à des abus.
Parmi les organismes qui militent pour l'abolition des MGF, soulignons "Terre des Femmes",MAISHA, AGISRA, AFARD, FORWARD. Cependant des divergences nettes apparaissent entre la plupart des organisations dans leur méthode de travail. En effet, "Terre des Femmes" souhaiterait faire appel à la justice. Agisra, Maisha , Afard, Forward composé d'une forte majorité d'Africaines font confiance au travail d'information et de persuasion auprès des mères qui veulent exciser leurs filles. Un travail d'information se développe lentement au niveau des institutions. En décembre 1996 "Arbeitsgemeinschaft Frauengesundheit in der Entwicklungszusammenarbeit. Tropengynäkologie (FIDE Le groupe de travail sur les problèmes affectant la santé des femmes issues des pays en développement a organisé un workshop à Heidelberg ayant pour thème: weibliche Beschneidung (Mutilations génitales féminines). A l'issue de ce séminaire, les participants ont consacré dans leur revue "Der Frauenarzt (Le gynécologue) un numéro spécial aux problèmes des mutilations. Les auteurs de cette publication, tous des gens de terrain, ont élaboré un catalogue de propositions qui comprend: des projets de recherches, des études empiriques, de la documentation aux recommandations au parlement, ces propositions incluent aussi bien les femmes excisées en Allemagne que celles qui vivent à l'étranger (Z. Abdallah, G. Bastet und C. Dehne. "Stellungnahme zum Problem der Beschneidung der Frau". Der Frauenarzt 37-10. Sonderdruck Der Frauenarzt, 1996, pp.1460- 1464). Les médecins préconisent l'utilisation de moyens techniques appropriés afin d'ouvrir la cicatrice d'infibulation sous anesthésie. Les médecins concluent leur rapport de la façon suivante:
Les autres pays européens: la France et l'Angleterre En France, la lutte contre l'excision relève de plusieurs facteurs: tout d'abord une forte population d'immigrés venus d'Afrique a apporté ses traditions et pratiques dans le but de conserver un lien avec le pays natal. Comme le dit Max Frisch, écrivain de langue allemande, parlant des immigrés turcs en Allemagne:
Cette citation est valable pour les pays d'Europe qui abritent une forte immigration africaine. Ces coutumes cependant ne s'accordent pas toujours avec le pays-hôte et sont en porte-à-faux avec les lois et mentalités occidentales. En France et en Angleterre, l'excision est interdite et passible de condamnation. Bien que la Grande-Bretagne ait voté en 1982 des lois pour punir l'excision et se soit donnée 10 ans pour les mettre en vigueur, à ce jour, aucun cas n'a été porté devant les tribunaux. En France l'excision ou mutilation féminine génitale est qualifiée de crime et elle est passible d'emprisonnement depuis 1983. En 1993, la France a condamnée pour la première fois une mère de famille à un an et demie de prison. La cour de cassation a décrété dans un arrêt du 20 août 1983: l'ablation du clitoris est une mutilation au sens de l'article 312 du code pénal (cité dans Le Monde diplomatique d'octobre 1998 p.10). L'opinion publique avait été alertée en 1983 par le décès de Bobo, un bébé malien de 3 mois décédée des suites d'une excision. Le jugement et la condamnation des parents à Paris pour homicide involontaire, envoyaient un message des plus clairs: il n'est pas acceptable que des enfants meurent au nom d'une tradition. Si l'on peut se féliciter que l'opinion publique ait réagi, il ne faut pas non plus se leurrer, ce n'est pas elle qui mettra un terme à l'excision mais bien plutôt des familles d'immigrées qu'il s'agit de persuader du danger que comporte une telle opération. Il ne s'agit pas de jeter la pierre à qui que ce soit, mais de montrer à des parents s'accrochant désespérément à la tradition qu'aujourd'hui l'avenir des filles ne dépend pas de mutilations traditionnelles. Il faut parvenir à persuader les familles- sans heurter leur sensibilité- du danger que comporte une telle opération et à les convaincre qu'à l'aube de l'an 2 000, les femmes sont capables de maîtriser leur propre sexualité sans tomber dans la luxure; d'autres rites de passage sont à même de les conduire à devenir de bonnes musulmanes et des Africaines respectueuses de la tradition.
Dans le numéro du 18 janvier 1999 de Libération on peut lire qu'une exciseuse Malienne vient d'être condamnée à 8 ans de prison ferme pour avoir excisée plusieurs fillettes à Paris. Hawa Greou a été dénoncé par une jeune fille de 24 ans qu'elle avait excisée. Les parents de la jeune fille et l'exciseuse ont été condamnés. C'était une première. Le 23 mars 1999, une autre jeune femme Malienne a été condamnée à Bobigny pour avoir excisé des fillettes. Les autorités françaises sont décidées à mettre fin à cette pratique sur son sol par voie de justice. Cependant les propos d'Hawa Greou, condamnée à huit ans de prison pour avoir excisée plusieurs fillettes, soulignent que les raisons pour lesquelles elle est condamnée lui échappent tout à fait:
La Suède De par sa politique libérale des années 70, la Suède a ouvert ses portes à bon nombre d'immigrants, 120 nationalités se côtoient dans ce pays, une personne sur cinq est étrangère. Les MGF affectent surtout les résidents originaires de l'Ethiopie, de la Somalie et de l'Erythrée. Selon le Service d'Emigration de Göteborg, la Suède compte actuellement 17 000 femmes victimes de l'infibulation. Le ministère de la santé en collaboration avec les autorités chargées de l'émigration a initié de 1993 à 1996 un projet "Santé et enfant - Les mutilations génitales." La coordinatrice du projet est Jamila Said Musee. Bien que la Suède ait adopté en 1982 des mesures législatives interdisant l'excision, jusqu'à ce jour il n'y pas eu de poursuites judiciaires contre les personnes qui pratiquent les MGF.
La Suisse Dans son ouvrage Löwinnen sind sie. Gespräche mit somalischen Frauen und Männern über Frauenbeschneidung (Bern: eFef Verlag, 1996), l'auteur Charlotte Beck-Karrer a interviewé des Somaliens vivant en Suisse. Le résultat de cette enquête semble suggérer qu'un certain nombre de Somaliennes sont fières de pratiquer "gudniin" (l'infibulation) et dans l'ensemble sont bien décidées à faire subir cette épreuve à leurs filles. Bien que les lois helvétiques prévoient depuis 1983 une condamnation au cas où la santé d'une personne est mise en danger par des MGF. Pourtant parmi les femmes excisées, des voix se prononcent timidement contre cette pratique pour leur fille qui grandissent en Suisse. Dans quelle mesure la pression sociale joue encore un rôle important - compte tenu de la forte minorité somalienne vivant en Suisse- ne ressort pas clairement de ces entretiens.
Les filles Africaines vivant dans les pays de la Diaspora ont droit à l'intégrité physique de leur personne. Elles ont le droit d'être protégées. Elles ne doivent pas être sacrifiées au nom de la vénérable tradition, de coutumes désuètes, d'un passé nostalgique. Tout comme le tatouage des lèvres, les scarifications faciales ont disparu, les efforts conjugués de tous peuvent faire disparaître en moins d'une génération toutes formes de mutilations sexuelles.
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